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Tocqueville, le despotisme démocratique

Commentaire d'oeuvre : Tocqueville, le despotisme démocratique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  5 516 Mots (23 Pages)  •  964 Vues

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Tocqueville, Le despotisme démocratique (extrait de De la démocratie en Amérique, quatrième partie , chapitres 1 à 8).

        L'essai de Tocqueville couvre de manière générale le sort, ou plus particulièrement, l'avenir des sociétés démocratiques. Ce dernier se base sur l'idée principale selon laquelle le critère distinctif des démocaties est celui de l'égalité, et voit en la tendance à l'égalisation des conditions un risque pour la liberté. Nommée la “nouvelle forme de despotisme”, elle serait une servitude douce, et serait le résultat d'un effet domino qui débuterait par l'égalité des conditions, entraînant un phénomène d'atomisation du corps social (et par conséquent le repli sur soi de chaque individu car gagné par le bien-être) à la suite duquel suivrait une tendance à la moyennisation, pour s'achever sur cette notion de conformisme. Cet éloignement des structures politiques serait dû à la recherche de l'épanouissement personnel, la majorité finissant donc par s'en remettre à l'Etat, lui donnant pour responsabilité d'étendre l'égalité dans un premier temps, mais surtout de veiller à la paix, garante de la sécurité et propriété individuelle, dans un second temps. Pour déjouer cette dérive, Alexis de Tocqueville suggère la création et maintien de corps intermédiaires, garde-fous de la dérive despotique, qui défendraient les libertés comme celle de la presse, ou assureraient encore l'indépendance du pouvoir judiciaire, dans le but plus général de redynamiser la politique.

I- L'égalité donne aux hommes le goût des institutions libres.

        La première remarque avancée par Alexis de Tocqueville est l'articulation logique qui se produit dès la naissance de l'égalité: les hommes acquièrent une indépendance individuelle, et procèdent donc à l'élévation de leur propre volonté, manifestée à travers le désir de liberté politique. La marche vers les institutions libres possède d'autant plus de légitimité qu'elles sont choisies par tout individu, il contrôle donc leurs actes et les élit. L'auteur suggère ensuite 2 tendances qui se développent suite à l'égalité: tout d'abord, l'attachement des hommes à une indépendance telle qu'elle leur vaudrait de sombrer dans l'anarchie (phénomène auquel ils résistent aisément); mais surtout la lente marche des hommes vers leur servitude, phénomène plus lent et complexe, et vers lequel ils sont entraînés sans discernement.

II- Les peuples démocratiques sont naturellement favorables à la concentration du pouvoir.        

        La deuxième caractéristique des sociétés démocratiques est la présence d'un pouvoir central et d'une légisation uniforme, car l'égalité éradiquant tous les privilèges, chaque homme est sujet à la même loi et au même respect de ses obligations sans statut différent). A travers ce procédé, l'individu se perd car il en devient semblable à tous ses confrères, pour laisser place à la notion de peuple. A cela succède l'inscription dans l'imaginaire collectif que le pouvoir qui représente la société possède davantage de sagesses qu'un seul homme. C'est la naissance de "l'idée du droit tout-puissant et pour ainsi dire unique de la société" (p.16), et donc la volonté que le pouvoir social rassemble des caractéristiques telles que "l'unité, l'ubiquité, l'omnipotence (...) l'uniformité de ses règles(...)" (p16).

III-Idée de concentrer le pouvoir en accord avec les sentiments du peuple démocratique. 

        L'isolement individuel est crée par l'absence de statuts dans la société (inférieurs, supérieurs), les hommes se repliant par conséquent sur eux-mêmes. L'individualisme entraîne une tendance, celle de l'abandon des affaires politiques au représentant visible et permanent des intérêts collectifs, autrement dit le gouvernement ou l'Etat. Cette tendance s'explique par l'absence de temps ou d'envie, car la vie privée et les loisirs ne laissent plus aucune énergie pour la vie politique). Ceci provoque la diminution et disparition de toute passion politique de la part des hommes, sauf celle, bien entendu de la tranquilité publique, garante du bien-être et de la propriété. Non seulement le citoyen s'éloigne de son pouvoir politique, mais en plus il accorde constamment de nouveaux droits au pouvoir central.

        De plus, le fait que chaque homme se révèle indépendant et faible le place dans une tension double : il est rempli d'orgueil et de confiance au milieu de ses égaux, tout en ayant besoin d'un secours extérieur qu'aucun, cependant, ne peut lui offrir car tous font face à la même impuissance. C'est cette dualité-là qui crée un mouvement vers le gouvernement, car son soutien devient nécessaire, le citoyen en devient tributaire.

        La haine des hommes pour les privilèges est d'autant plus forte lorsque ceux-ci sont rares et minimes: "les passions démocratiques s'enflamment davantage dans le temps même où elles se trouvent le moins d'aliments." (p.22). Cette citation démontre que les hommes ont complètement assimilé et intégré la notion de démocratie et que leur révolte est due à la rupture qu'ils constatent entre l'idéal démocratique et la réalité. Se développent donc en parallèle l'égalité et l'amour de l'égalité, la première nourrissant la seconde. Dans le même moment, cette haine des privilèges entraîne certes davantage d'égalité, exacerbée par le fait que tout gouvernement central prône l'unifromité (car il ne s'embarasse pas de détails qui relèveraient d'exceptions), mais elle permet et favorise en plus la concentration graduelle des droits politiques entre les mains d'un seul et même représentant de l'Etat. Se crée donc une double dynamique: l'égalité mène à la pensée d'un gouvernement unique, unifrome et fort, et dans le même temps elle en donne le goût, qui se développe sans cesse insatiablement.

IV-Causes qui mènent le peuple démocratique à centraliser le pouvoir.

        Aux affirmations précédentes, le philosophe politique présente certaines nuances, l'instinct pousse les peuples démocratiques vers la centralisation des pouvoirs, mais ce de manière inégale, car elle dépend des circonstances, et de la valeur qui a bercé le peuple avant l'autre:

        les hommes ayant été libres avant d'être égaux se retrouvent à combattre l'égalité au profit de la liberté,

        tandis que les hommes n'ayant pas été libres auparavant qui devient égaux sont naturellement amenés à être attirés par les habitudes et doctrines de l'Etat social

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