Théâtre et spectacle

INTRODUCTION Traditionnellement, et étymologiquement, le théâtre est associé au spectacle. Mais penser le théâtre

comme un lieu de divertissement strict relève cependant du contresens historique et littéraire ; de tous temps, le

théâtre a abordé des thèmes polémiques ou proposé une réflexion, implicite ou explicite sur la société.

C’est pourquoi, il est légitime de se demander si le théâtre est une bonne tribune pour défendre ses

idées. Il s’agira d’étudier en quoi la spécificité du genre théâtral permet au dramaturge de s’engager et d’être

entendu.

Nous verrons dans un premier temps que le théâtre offre indiscutablement un dispositif propice à

l’engagement. Puis nous nous demanderons jusqu’où il se révèle efficace ; enfin nous montrerons que faire du

théâtre un espace politique est réducteur.

FICHE METHODE LA DISSERTATIONPREMIERE PARTIE Le théâtre contrairement au stéréotype qui voudrait que ce ne soit qu’un lieu de masques et jeux de scène,

se révèle souvent une tribune subtile et marquante qui permet à l’auteur de faire entendre sa voix voire d’alimenter la

polémique.

En effet, le théâtre est un phénomène social, un art public et collectif qui se prête au débat d’idées et permet

de rassembler un auditoire important.. Les constructions de l’Antiquité étaient des espaces très vastes permettant

d’accueillir des milliers de spectateurs d’origines sociales différentes. Et toute la cité se pressait aux représentations des

tragédies de Sophocle ou des comédies d’Aristophane. que les dramaturges créaient dans le cadre de concours. Même

les espaces plus restreints des théâtres à l’italienne ou les scènes contemporaines favorisent l’écoute en créant par le

décor, la lumière ou les costumes, un espace magique au grand pouvoir de persuasion.

De plus, la double énonciation permet au dramaturge de s’adresser au spectateur par l’intermédiaire du

dialogue que prononcent les comédiens. Car les personnages s’adressent autant, sinon davantage, au public qu’aux

autres protagonistes. Ce phénomène est particulièrement net lors des monologues. Phèdre ayant appris qu’ Hippolyte

aimait Aricie, se décompose devant le public qui est pris à parti et sommé de juger le comportement de l’héroïne

racinienne. Il en va de même pour le célèbre monologue d’Harpagon ,de la scène 7 de l’acte V de l’Avare, à travers

lequel Molière interpelle ses contemporains. Et le spectateur réagit par le rire ou la pitié, ressorts d’une persuasion

réussie.

Mais le théâtre, fondé sur le dialogue, permet surtout le débat. Le dialogue est, en effet, lié à

l’argumentation, à la confrontation d’idées. Nombreuses sont les scènes argumentatives dans les comédies de

Marivaux. Comme la scène 13 de la Colonie où Madame Sorbin et Arthénice discutent et argumentent, devant le

public, sur la condition des femmes. Ces échanges vifs et polémiques invitent le spectateur à réfléchir. On peut

d’ailleurs, noter que de nombreuses pièces sont fondées sur le conflit : les comédies de Molière présentent souvent des

jeunes gens en désaccord avec un père tyrannique. On voit par exemple Agnès dans l’Ecole des femmes argumenter

face à Arnolphe, tuteur qui abuse de son autorité. Il est évident que Molière défend ici le droit des jeunes gens à

disposer d’eux-mêmes dans une société où tel n’est pas le cas. Le conflit entre le maître et le valet est aussi un motif

dramatique récurrent . Victor Hugo fonde toute l’action de Ruy Blas sur l’opposition entre le héros éponyme et Don

Salluste , conflit qui atteint son paroxysme dans la scène 4 de l’acte V où le valet tue son maître. Ces différents

exemples montrent bien que le dialogue, au théâtre, est un prétexte et un moyen, pour l’auteur de défendre des causes

et de faire réagir le public.

Et le théâtre peut même devenir une tribune assumée, revendiquée par un auteur engagé et polémique.

Ainsi dans le théâtre contemporain, les dramaturges européens utilisent-ils le théâtre comme lieu d’expression

politique, comme Bertholt Brecht en Allemagne dont le théâtre même lorsqu’il réécrit des mythes grecs, est à lire

comme un coup de poing politique et idéologique. Lire l’Antigone de Brecht, ou son Irrésistible ascension de Arturo

Ui, c’est évidemment lire l’appel à la résistance anti-nazie, et prendre avec les mots, les armes. Bertold Brecht est

connu pour être une des consciences de l’Allemagne des années 50 et pour ses prises de position tranchées. Son

moyen d’expression favori est sans conteste, le théâtre qui semble un terrain privilégié pour le débat et les combats

d’idées.

TRANSITION Par son dispositif et par la particularité de son énonciation, le théâtre offre donc indiscutablement au dramaturge une bonne

tribune pour se faire entendre. Mais ce qui fait la richesse du théâtre en fait aussi sa limite.

DEUXIEME PARTIE Le théâtre n'est pas toujours un support idéal pour exposer ses idées.

En effet, l’essence même du théâtre est d’être un spectacle

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