Sujet D'invention Marivaux

Sujet : Rédigez un dialogue théâtral en utilisant le principe de la pièce-cadre et de la pièce enchâssée. Dans la pièce-cadre, deux comédiens se disputent sur la façon de jouer les personnages qu’ils interprètent dans la pièce enchâssée qui sera un court extrait d’une œuvre de votre choix.

Texte : Marivaux, « L'île des esclaves » (1725)

Une partie de la première scène est l'extrait choisi pour le sujet.

Ici Mario joue le rôle d'Iphicrate tandis que Thomassin est dans le rôle d'Arlequin. En bleu se présente la scène initiale, et en noir les deux comédiens qui se disputent à propos de leurs interprétations.

IPHICRATE : « Eh ! ne perdons point notre temps; suis-moi : ne négligeons rien pour nous tirer d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes seuls dans l'île des Esclaves.

ARLEQUIN : « Oh ! oh ! qu'est-ce que c'est que cette race-là ?

MARIO : Vous manquez de curiosité et de spontanéité ici mon cher, je ne savais point que vous étiez débutant dans le métier de comédien !

THOMASSIN : Arrêter vos plaisanterie, je connais mon personnage et mon interprétation s'y prête parfaitement !

MARIO : Seriez contrarié ? Ce n'est qu'une taquinerie..mais ma foi vous apprendrez avec le temps qu'il faut savoir accepter la critique dans ce métier !

THOMASSIN : Balivernes !

MARIO : Allons dont, ne nous fâchons point pour si peu et reprenons..

IPHICRATE : « Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.

ARLEQUIN : « Eh ! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne heure; je l'ai entendu dire aussi; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.

MARIO : Votre interprétation n'est pas en phase avec votre personnage.. Mettez plus de conviction à vos paroles !

THOMASSIN : Et vous cessez de m'importuner pour quelques erreurs que je ne commets pas !

MARIO : Est-ce de ma faute si vous ne mettez pas assez le ton ?

THOMASSIN : Peut-être vous croyez-vous en rivalité avec moi ? Seriez-vous jaloux ?

MARIO : Il n'y a pas de raison de nous quereller pour si peu mon cher.. Nous perdons du temps.. Sachez seulement qu'il n'y a pas de place pour les susceptibles dans la comédie, et qu'un jour vous me remercie sûrement pour mes précieux conseils. À présent, reprenons..

IPHICRATE : « Cela est vrai.

ARLEQUIN : « Eh ! encore vit-on.

IPHICRATE : « Mais je suis en danger de perdre la liberté et peut-être la vie : Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ?

THOMASSIN : Pour vous plaindre il faudrait que vous soyez un temps soit peu plus convaincant !

MARIO : Dites-vous cela pour me punir de ce que je vous ai précédemment reproché ?

THOMASSIN : Absolument pas, ce n'est pas de ma faute si vous ne dégagez aucunes émotions !

MARIO : Ne serait-ce pas par jalousie que vous me dites cela ?

THOMASSIN : Ce n'est qu'un conseil avant la représentation finale, je vous fais seulement remarquer que le public doit être attendrit et vous plaindre !

ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire : « Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.

IPHICRATE : « Suis-moi donc ?

ARLEQUIN, siffle. : « Hu ! hu ! Hu !

MARIO : Sifflez de manière plus provocante !

THOMASSIN : C'est déjà ce que je fais !

MARIO : Le problème ne vient pas seulement de votre réplique je pense, vous devriez essayer de changer votre exécution de la scène pour donner plus de réalité à votre personnage.

THOMASSIN : Cessez dont de toujours vous en prendre à moi.

IPHICRATE : « Comment donc ! que veux-tu dire ?

ARLEQUIN, distrait,

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