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Science Et La Litterature

Note de Recherches : Science Et La Litterature. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mai 2014  •  576 Mots (3 Pages)  •  1 032 Vues

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Il semble aujourd’hui établi que Science et Littérature constituent deux champs culturels

distincts. Formation littéraire et formation scientifique se constituent en filières étanches. On

est scientifique ou bien on est littéraire. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas absolument certain que Science et Littérature constituent deux champs culturels

aussi distincts que cela. Il me semble, au contraire, que ces deux « cultures » tissent en

permanence, dans l’histoire, des liens complexes : elles s’épient, se surveillent, s’imitent,

s’empruntent des images, s’échangent des questions, font glisser leurs métaphores réciproques

d’un champ dans un autre, dévoient, déforment, rattrapent chacune au vol, pour les utiliser de

manière imprévue, des concepts forgés par l’autre. Tout se passe comme si leur différence

n’était entretenue que pour mieux faciliter une sorte de fécondation réciproque. Mais, en

contrebande, si l’on me permet cette expression. Officiellement, elles témoignent chacune

pour l’autre d’un respect distant, s’observent comme des personnages de cour, se congratulent

en d’académiques discours officiels : « Je vous en prie... Je ne suis pas digne.... Moi qui ne

suis pas un scientifique... Moi qui n’ai pas la finesse d’un littéraire... Bla...bla...

bla... ». En

réalité, elles se pincent sous la table, s’arrachent subrepticement une boucle de cheveu dont

elles font un porte-bonheur, s’échangent des clins d’œil coquins avant de reprendre la pause...

Et reviennent chacune, le lendemain, en ayant modifié, dans leur langage, dans leur

comportement, un « je-ne-sais-quoi », comme disait Vladimir Jankélévitch, qui change tout.

La difficulté est que, dans l’environnement intellectuel qui est le nôtre, il faut quand même,

pour jouer à ce jeu, que ces deux cultures puissent régulièrement s’assurer de leur identité.

Pour pouvoir emprunter, il leur faut disposer d’un « système intégrateur » assez stabilisé afin

de ne pas être menacé par l’autre. D’où la débauche épistémologique de la modernité qui n’en

finit pas de chercher des frontières, de tracer des contours, de délimiter des territoires. D’où,

aussi, la religiosité, les églises et les dogmes, les « monsignori » et les féodalités de toutes

sortes, les querelles de clochers et les systèmes d’allégeance : histoire de se réassurer, d’être

inscrit quelque part, situé, identifiable, reconnu. Ne pas être

...

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