Ronsard

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

Le sonnet de Ronsard intitulé « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle » est composé de deux quatrains et de deux tercets. Le poète s’adresse à Hélène, sa bien-aimée. Il tend à lui faire prendre conscience du temps qui passe et qui conduit à la vieillesse en lui soufflant des avertissements sur le futur tout au long du texte. Puis, celui-ci l’invite à profiter de son amour pendant qu’il est encore temps. Ronsard évoque les principaux thèmes de la poésie élégiaque soit l’amour, la mort et la fuite du temps. Bien qu’il ne soit pas énonciateur d’un avenir glorieux, le temps constitue un élément fort important puisque tout tourne autour de celui-ci. Le thème principal qui est de profiter au maximum du moment présent provient de l’expression « carpe diem haras ». Dans ce poème, l’auteur fait d’abord une projection dans un futur sinistre puis évoque la solitude pour ensuite s’attaquer aux conséquences du refus de sa bien-aimée.

Dans le premier quatrain du poème, Ronsard allègue un portrait plutôt sombre de la dame. Au premier vers, il y a projection dans le futur « Quand vous serez bien vieille » et l’adverbe « bien » démontre que le poète insiste sur l’idée de vieillesse. De plus, celui- ci tend à mettre la beauté d’Hélène au passé. Il ne cherche pas à la célébrer puisqu’il renvoie une image peu flatteuse d’elle-même. Sa beauté n’apparaît qu’à l’imparfait : «Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ». Dans les vers un et deux, une description du temps, du moment et des actions est émise : « bien vieille », « au soir à la chandelle », « assise auprès du feu, dévidant et filant ». Ronsard d’écrit précisément le futur de sa bien-aimée et en peint un tableau vivant. En vain, la manière dont le poète s’y prend pour évoquer la vieillesse peut être vue de façon cruelle et la projection qu’il émet dans le futur semble plutôt sinistre.

Dans le deuxième quatrain, Ronsard s’adresse à la dame en lui faisant prendre conscience de la triste solitude qui l’attend : « Lors, vous n’aurez servante ayant telle nouvelle ». À l’inverse, il y a glorification du poète dans cette partie du poème. Ronsard se site à nouveau dans le septième vers : « mon nom ». De plus, dans ce même vers, le réveil est synonyme de reconnaissance donc de gloire et d’immortalité : « sommeillant », « réveillant ». Le retour à la vie se fait par le poète et son art. Il sous-entend qu’il est immortel puisque dès que son nom est prononcé, les servantes se réveillent. À la fin du quatrain, ce dernier fait éloge d’Hélène mais dans un futur et ce, à travers le poème. Or, Ronsard veut faire réaliser à sa bien-aimée que lorsqu’elle sera vieille, personne ne se souciera d’elle tandis que lui, même lorsqu’il sera mort, il continuera d’exister dans les mémoires grâce à son art.

Dans le premier sizain, le poète évoque les conséquences du refus d’Hélène puis invite le lecteur à profiter de l’instant présent. D’abord, dans le premier tercet et le premier vers du second tercet, il y a opposition entre la mort du poète et la vieillesse de la dame qui regrettera de ne pas l’avoir aimé : « sous la terre », « fantôme sans os », « regrettant mon amour ».

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