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Rhétorique dans l'Antiquité grecque

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Par   •  24 Juin 2013  •  Analyse sectorielle  •  2 094 Mots (9 Pages)  •  856 Vues

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Rhétorique dans l'Antiquité grecque[modifier]

Article détaillé : rhétorique grecque.

Polymnie, la muse de la rhétorique[modifier]

Représentation de la muse Polymnie[37].

Polymnie, Πολυμνία, ou Polymnía, « celle qui dit de nombreux hymnes » étymologiquement, est la muse des chants nuptiaux, du deuil, et de la pantomime. Elle personnifie la rhétorique mais aussi la musique. Le rapport à la musique n'est cependant pas totalement incongru. Nombre d'auteurs voient dans l'architecture musicale une transposition savante des principes rhétoriques. Ainsi le professeur de musique canadien Michael Purves-Smith étudie les prologues composés, au XVIIe siècle, par Philippe Quinault et Jean-Baptiste Lully dans leurs tragédies lyriques comme autant d’ouvertures ou d’exordes rhétoriques. Purves-Smith note également les métaphores constantes des musiciens qui comparent ces prologues d'opéra à des vestibules ou à l’entrée d’un édifice[note 7]. Polymnie est aussi connue sous le nom d'« Eloquentia » mais elle est peu représentée en littérature ou en iconographie. Elle apparaît cependant comme personnage du conte de Charles Perrault, Fées ainsi que dans certains tableaux d'inspiration antique. Elle est couronnée de fleurs, quelquefois de perles et de pierreries, avec des guirlandes autour d'elle, et est toujours habillée de blanc. Sa main droite est en action comme pour haranguer, et elle tient de la main gauche tantôt un sceptre, tantôt un rouleau sur lequel est écrit le mot latin « suadere », signifiant « persuader » ainsi que les noms des deux grands orateurs, Démosthène et Cicéron[38]. De façon générale, le rhétorique est toujours personnifiée par des femmes[39]

Un art politique[modifier]

La rhétorique est le premier des « sept arts » à maîtriser dans le cursus scolaire du monde gréco-romain avec la grammaire, la dialectique, la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et la musique.

Dans l'Antiquité la rhétorique s'intéressait à la persuasion dans des contextes publics et politiques, comme les assemblées et les tribunaux[40]. À ce titre, elle s'est développée dans les sociétés ouvertes et démocratiques avec des droits de libre expression, de libre réunion, et des droits politiques pour une partie de la population, c'est-à-dire dans les sociétés tenant de la démocratie athénienne. Les théoriciens de la rhétorique (Anaximène, Aristote, Démétrios, Cicéron, Quintilien, Hermagoras de Temnos, Hermogène, d'autres encore), grecs et latins, ont formalisé la discipline, tant sur le plan pratique que sur le plan théorique et principalement au sein de la sphère politique ou judiciaire.

Dès les origines, la rhétorique a un versant pratique et un versant théorique et philosophique. D’un côté, elle s'est constituée en ensemble de « recettes » se mettant à la disposition de l'orateur ou de l'écrivain, au sein des débats judiciaires ou politiques, ludiques également[note 8] Mais, très tôt, elle a mobilisé des questions théoriques de première importance. En effet, elle situe son action dans le monde du « possible » et du « vraisemblable » : « Elle se prononce sur l'opinion, non sur l'être ; elle a sa source dans une théorie de la connaissance qui se fonde sur le vraisemblable (eikos), le plausible et le probable, non sur le vrai (alethes) et la certitude logique. » explique Philippe Roussin[41]. En s'occupant du vaste domaine des sentiments, des opinions, la rhétorique pose des questions comme la crédibilité, le lieu commun ou l'évidence, que la sociologie ou les sciences du discours assumeront par la suite.

La rhétorique en tant que discipline autonome naît vers 465 av. J.-C. en Grèce antique lorsque deux tyrans siciliens, Gelon et Hiéron, exproprient et déportent les populations de l'île de Syracuse, pour le peuple de mercenaires à leur solde[42]. Les natifs de Syracuse se soulevèrent démocratiquement et voulurent revenir à l'état antérieur des choses, ce qui aboutit à d'innombrables procès de propriété. Ces procès mobilisèrent de grands jurys devant lesquels il fallait être éloquent. Cette éloquence devint rapidement l'objet d'un enseignement dispensé par Empédocle d'Agrigente, Corax et Tisias (à qui est attribué le premier manuel), enseignement qui se transmit ensuite en Attique par les commerçants qui plaidaient conjointement à Syracuse et à Athènes.

Les sophistes[modifier]

La rhétorique fut ensuite rendue populaire au Ve siècle av. J.‑C. par des professeurs itinérants connus sous le nom de sophistes, rhéteurs itinérants qui donnaient des cours de rhétorique. L'objet central de leur préoccupation était le logos ou de manière générale tout ce qui avait à voir avec le discours. La réputation de manipulateurs, qui date des actes des sophistes, a été propagée par Platon, à tel point que l'historien Jacob Burckhardt a qualifié de « monstrueuse aberration » la rhétorique de l'Antiquité[43].

Ils définissent les parties du discours, analysent la poésie, distinguent les synonymes, inventent des stratégies d'argumentation. Leur but est en effet avant tout pratique : permettre de comprendre les types de discours et les modes d'expression les plus à mêmes de convaincre leur auditoire et d'accéder aux plus hautes places dans la cité. « Les Sophistes s'adressent à quiconque veut acquérir la supériorité requise pour triompher dans l'arène politique » explique Henri-Irénée Marrou, dans Histoire de l'éducation dans l'Antiquité[44]. Les sophistes sont en effet des enseignants réputés qui ont été les premiers à répandre l'art rhétorique.

Les sophistes les plus célèbres furent Protagoras, Gorgias, qui, auprès de Socrate, disait pouvoir soutenir n'importe quelle thèse[note 9], Prodicos de Céos, l'un des premiers à étudier le langage et la grammaire, et Hippias d'Élis, qui prétendait tout savoir. Protagoras est considéré comme le père de l'éristique, l'art de la controverse. Son enseignement repose sur l'idée que sur n'importe quelle question, l'orateur peut soutenir deux thèses contraires, le vrai et le faux étant inutiles pour convaincre. Gorgias était surtout connu pour le travail du style de ses textes épidictiques. Il développe une véritable prose d'art pour remplacer la métrique et la musicalité du vers[45]. Il inaugure quant à lui le genre

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