Rapport sur Hernani de Victor Hugo

18 avril 1831

Monsieur Brifaut,

Voici votre rapport sur la pièce Hernani de Victor Hugo la première représentation ayant eu lieu le 25 février 1830 à la Comédie Française :

« L'analyse ne peut donner qu'une idée imparfaite de la bizarrerie de celte conception et des vices de son exécution. Elle m'a semblé un tissu d'extravagances, auxquelles l'auteur s'efforce vainement de donner un caractère d'élévation, et qui ne sont que triviales et souvent grossières. Cette pièce abonde en inconvenances de toute nature. Le roi s'exprime souvent comme un bandit ; le bandit traite le roi comme un brigand. La fille d'un grand d'Espagne n'est qu'une dévergondée sans dignité ni pudeur, etc. Toutefois, malgré tant de vices capitaux, je suis d'avis qu'il n'y a aucun inconvénient à autoriser la représentation de celte pièce, mais qu'il est d'une bonne politique de n'en pas retrancher un mot. Il est bon que le public voie jusqu'à quel point d'égarement peut aller l'esprit humain, affranchi de toute règle et de toute bienséance. »

Je souhaiterais d’une part vous remercier de votre gracieux geste envers cette pièce qui sans vous n’aurait pu connaître sa renommée. D’autre part je voudrais également vous corriger sur certains points de votre rapport qui me semble être hâtif et péremptoire.

Vous dîtes dans votre rapport que la pièce est la preuve de “jusqu'à quel point d'égarement peut aller l'esprit humain, affranchi de toute règle et de toute bienséance” mais avez-vous même envisagé de considérer les choses d’une manière différente et d’essayer de comprendre comment Monsieur Hugo a abordé son travail (même si je ne prétends pas être celle qui le comprends le mieux). Vous aurez peut-être remarqué que même si l’unité de temps n’est pas respecté une sorte d’unité règne néanmoins tout le long de la pièce comme le fait que chaque acte se déroule en fin de journée ou encore que la plupart se déroulent en Espagne mis à part l’acte IV mais je reviendrais après là-dessus. Mais on voit aussi que dans la pièce tous les actes se déroulent en 1519, ce qui instaure une unité de temps d’une certaine manière. Mais on reste pas qu’en Espagne on se retrouve pour l’acte IV en Saint-Empire Germanique pour les résultats des élections on peut quand même rattacher cet acte au reste des actes malgré sa localisation différente car cela rajoute à la dimension historique de la pièce en plus du personnage de Don Carlos futur Charles Quint.

Victor Hugo s’approprie les règles classiques et les modifie afin de rendre plus vivante la pièce, on reproche souvent aux pièces classiques d’être trop rigides. Victor Hugo néanmoins s’inspire des codes la tragédie classique comme on le voit avec l’utilisation de l’alexandrin ou encore

Les romantiques veulent se libérer de la forme et refusent la règle des trois unités car elle étouffe le génie. Refus de la règle de bienséance : par souci de réalisme, les romantiques veulent montrer sur scène ce qui existe (meurtres, suicides, duels). Le mélange des genres, la diversité : les romantiques prétendent

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