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Quels sont les principaux outils qui permettent d’analyser les effets pragmatiques d’un discours ?


Dissertation : Quels sont les principaux outils qui permettent d’analyser les effets pragmatiques d’un discours ?
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Par   •  26 Février 2022  •  Dissertation  •  5 002 Mots (21 Pages)  •  233 Vues

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Aujourd'hui omniprésent, c’est par l’usage du discours que nous communiquons et faisons passer nos avis et nos intentions. L’Homme est toujours communiquant. Le discours que nous mobilisons représente donc toute notre identité, notre habitus. Dès lors qu’un individu énonce un discours, il établit des stratégies (parfois inconscientes) pour parvenir à toucher son public, à l’émouvoir. En bref, à le faire agir, réagir et à inter-agir avec lui. Ainsi, le discours est toujours établi dans des contraintes sociales, des règles à prendre en compte et dans lesquelles il faut étayer notre langage, qu’il soit verbal, non verbal ou para-verbal. Il parait que les normes sociales et les institutions qui nous entourent au quotidien soient neutres mais ce n’est qu’une illusion dans laquelle nous sommes bercés. Elles exercent en réalité tout un rapport de ‘’domination’’ conditionné et inconsciemment accepté dans lequel nous faisons évoluer notre discours. Nous faisons évoluer notre discours en fonction du contexte environnant, de notre vécu, de notre mémoire et de souvenirs mais surtout du public et du message que l’on souhaite faire transmettre. Alors chaque discours nécessite en réalité toute une réflexion qui a été mise en place par le locuteur dans le but de parvenir à ses objectifs initiaux.

Nous pouvons alors nous demander par quels moyens il est possible d’analyser toute la portée d’un discours ? Afin d’y répondre, nous nous pencherons sur la théorie systémique de l’école de Palo-Alto, puis sur la ponctuation des échanges et enfin, nous étudierons toute l’importance de l’épistémologie et de la réflexivité.

L’école de Palo-Alto est connue notamment pour sa théorie systémique élaborée et mise au point par de nombreux psychiatres et spécialistes. Parmi eux, nous pouvons notamment compter Watzlavick, Batesson ou encore Donald Jackson. Tous s’accordent sur le fait que, bien que les discours et l’usage du langage aient toujours été présents chez l’Homme, ils n’ont pas toujours eu qu’une valeur économique. L’école de Palo-Alto part du principe qu’il est essentiel de rompre avec la logique libérale ou du moins, la prolonger. C’est pourquoi il y a une rupture avec le théorie cybernétique de Shannon et Weaver qui comparaient les Hommes et le discours à des ordinateurs: émetteur, signal, récepteur, adaptation et ainsi de suite. En élaborant cette théorie, ils ne prenaient pas en compte l’importance de la relation entre le locuteur et le récepteur alors qu’un émetteur fait toujours des anticipations et des contre-anticipations avant de parler: la communication est circulaire et non pas linéaire. Pour analyser un discours, il faut bannir les postulats de la linguistique passée et ne pas se limiter à la langue « en soi », telle qu’elle est écrite ou dite, mais la prendre dans son contexte, en tenant compte du para-verbal et du non-verbal. La langue construit une représentation: ironie, sarcasme... C’est car A va dire tel discours et l’énoncer de telle manière que B va répondre et ainsi de suite. Si A dit « ah bah bravo ! » à B alors que ce dernier à raté un test, c’est de l’ironie et la portée est bien différente par rapport à si B l’avait réussi.

De fait, lorsque nous parlons nous prévoyons toujours ce que l’autre va dire pour désamorcer au plus vite les malentendus notamment par des euphémismes par exemple ou des opérations de recadrages: « non ce n’est pas ce que je voulais dire... ». Nous faisons constamment des prolepses et des analepses pour adapter notre discours: « en fait » « à vrai dire... »

L’Homme ne peut être rationnel tel un ordinateur puisqu’il est le produit de sa société et est donc sujet aux moeurs, coutumes et traditions de cette dernière. Il y a donc une opposition très importante: tandis que l’ordinateur a un langage binaire, le langage humain est lui, polysémique. Les échanges symboliques sont notamment basés sur la théorie du Don et du Contre-Don. Lorsqu’un discours est émis, il peut certes avoir une destinée économique, mais il peut aussi avoir une finalité symbolique. Un don est avant tout un contrat social: lorsque nous disons « bonjour » à notre voisin, nous attendons de sa part qu’il nous rende la pareille. Nous attendons un retour de parole. Lorsque l’on pose une question, on attend une réponse. Lorsque l’on donne un ordre, on s’attend à ce qu’il soit exécuté. Nous faisons un don du langage dans l’espoir de recevoir un contre-don et ainsi, de se sentir considéré et entendu par autrui. Il est à prendre en

compte que, énoncer un discours c’est toujours vouloir agir sur autrui. Il y a constamment un objectif performatif, peu importe qu’il soit économique ou symbolique.

Notons que la reconnaissance est un besoin essentiel chez l’Homme comme le démontre la pyramide de Maslow. À cela, nous reconnaissons bien la théorie de Palo-Alto. L’échange symbolique ne met pas en avant ce qui est réellement dit mais plutôt la relation et son importance. C’est cette dernière qui va englober et déterminer l’information transmise. Elle englobe à la fois communication et interprétation. Dans un même discours, deux inconnus peuvent simplement y voir une signification A, tandis que deux meilleurs amis peuvent y voir une signification B de par leurs souvenirs vécus ensembles et tous les implicites qui en découlent. Tout comme le discours d’un chef d’entreprise n’aura pas le même intérêt pour son employé que pour un autre individu qui ne travaille pas dans la dite entreprise.

C’est au prisme de la relation qu’entretiennent deux individus que les discours peuvent réellement être interprétés. Le discours d’un politicien n’aurait par exemple pas le même impact sur son public s’il n’avait pas ce poste qui le définit et lui apporte une telle légitimité dans son discours. Le don et le contre-don sont donc une forme de reconnaissance sociale qui donne lieu à un contrat pour appartenir à la société: si un voisin ne rend pas le « bonjour », son silence sera déjà considéré comme une parole, comme un refus de communiquer et donc comme une exclusion sociale. Les dons et les contre-dons intègrent l’Homme à la société mais peuvent aussi amener à des conflits en cas ne non retour: « Refuser de donner, équivaut à déclarer la guerre. C’est refuser l’alliance et la communion » dit Mauss. Nous n’avons pas tous la même grille de lecture du monde. Il n’existe pas une seule réalité mais des réalités multiples. Un individu est toujours englobé dans un milieu social, politique, économique et culturel dont les actes de langage qui en découlent sont le résultat.

Pour l’école de Palo-Alto, nous sommes toujours le produit d’une société,

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