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Quelles sont les références aux animaux à Electre ?

Analyse sectorielle : Quelles sont les références aux animaux à Electre ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 840 Mots (8 Pages)  •  2 167 Vues

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Problématique : Quelles sont les références animales dans Electre ?

La première moitié du XXème siècle a été marqué par le retour de l’antiquité gréco-latine dans le théâtre, donnant lieu à de nombreuses réécritures de mythes. Ainsi, Jean Giraudoux, l’un des plus grands dramaturges de la scène française, a entreprit en 1937 une relecture des pièces écrites par Sophocle et Euripide, écrivains grecs du Vème siècle avant JC, intitulée Electre. La tragédie d’Electre est le récit d’une vengeance qui s’accomplit au nom de la vérité. Oreste revient à Argos pour venger la morte de son père Agamemnon. Avec sa sœur Electre, il causeront la mort de leur mère Clytemnestre. On retrouve dans cette œuvre beaucoup de références animales. On peut par exemple repérer une comparaison des Euménides avec des mouches ou de Electre avec une louve. Nous allons donc voir au cours de cet exposé quel est l’intérêt et le rôle de toutes ces références animales.

I)Différents rapprochements avec des animaux.

A) Des animaux qui nous rapportent à des faits.

Comme vous l’avez remarqué, les références animales sont utilisées en grand nombre dans Electre de Giraudoux. Ceux-ci sont assimilés aussi bien à des faits, des actions qu’a des personnages tout entiers. Nous allons voir dans cette première partie ces animaux assimilés à des faits.

Tout d’abord, le personnage du mendiant utilise de nombreux symboles comme les hérissons qui représentent la fragilité de la condition humaine. Nous vous communiquerons plus de détails sur cette allusion dans la seconde partie. Par la suite nous pouvons voir une métaphore de l'araignée qui représente la figure de Clytemnestre obéissant à la peur et aux présages funestes. Nous remarquons aussi une allusion à des chiennes griffonnes qui tiennent leurs petits comme Clytemnestre tient Electre. En parlant de sa haine, Electre dit : “Elle te lèche comme le chien la main qui va le décupler. Je sens que tu m’as donné l’odorat de la haine”. Giraudoux fait référence à un chien qui dès qu’il renifle d’odeur de quelque chose ne la perds pas et n’abandonnera pas sa quête avant de l’avoir retrouvé. Nous avons aperçu en relevant les différents animaux cités que ceux-ci sont de petites tailles : « lièvre, canard, hérisson, mouette, fauvette, chardonnerets, bouvreuils, sarcelle, goujon, abeille ». Ils nous rappellent l’innocence ainsi que la fragilité que nous avons énoncée précédemment. Ensuite, le vautour qui plane au dessus de la tête d’Egisthe est un oiseau de malheur qui n’hésitera pas à attaquer sa proie. Puis, Clytemnestre, dès son mariage avec Agamemnon, avait ressenti « une méfiance qui gagnait jusqu'aux objets, jusqu'aux animaux, jusqu'aux plantes ». Dans la catégorie des animaux, énoncée par Clytemnestre, la nature, jusqu'ici simplement prémonitoire commence à se distinguer et intervient parfois même dans l'histoire. Enfin, nous retrouvons aussi une référence à des tigres, qui représentent la peur et le mal, lorsqu’ Oreste n’était pas sage, il était placé dans un « losange de tigres ». Ces animaux sont opposés à la douceur des fleurs dans lesquelles Oreste était placé lorsqu'il était sage.

B) Des animaux qui nous rapportent à des personnages dans leur globalité.

Après avoir étudié les animaux qui nous rapportent à des faits, nous allons nous penchés, dans une seconde partie, sur les animaux qui nous rapportent à des personnages dans leur globalité.

Dans « Electre », Giraudoux met en relation les différents personnages énoncés avec des animaux. Par exemple, nous voyons un rapprochement entre Egisthe et le « pigeon », en effet Egisthe est le tenant du singulier et du détail, ce qui correspond au pigeon, qui est en opposition à Electre qui elle est tenante du pluriel avec « les yeux » par exemple. Electre, quant à elle, est assimilée à beaucoup d'animaux à la fois, au jeune hérisson sacrifié, au petit canard, et a la louve de Narsès, mais nous nous attarderons plus particulièrement sur ce dernier animal : « la louve ». Par définition c'est l'animal qui a brutalement agressé ses maîtres, Narsès et sa femme. Le mendiant nous raconte l'histoire de cette louve. Il explique que Narsès ainsi que sa femme ont été agressés par leur « petite louve chérie » de manière imprévisible. Giraudoux s'est inspiré de l'histoire du lionceau que conte Eschyle dans Agamemnon, qui est la première pièce de sa trilogie l'Orestie. A travers les propos du mendiant, Giraudoux nous expose l'idée d'un monde où chaque personnage devient réellement ce qu'il est virtuellement. Ceci nous reporte à la philosophie d'Aristote qui faisait la différence entre une personne « en puissance » dans le virtuel, et une personne « en acte » qui est accompli. On en comprend donc mieux le futur de certains personnages comme Electre qui était au début seulement « en puissance » qui n'était donc pas pleinement ce qu'elle devait être. Et qui au cours de la pièce devient « la louve » qu'elle doit être, c'est à dire qu'elle fasse éclater la vérité qui lui est encore inconnu et qu’elle en tire justice, comme nous le voyons à l'acte II scène VI dans laquelle, elle dévoile en même temps qu'elle découvre que sa mère a un amant. La fable du canard nous est aussi racontée, elle nous rapporte à l’innocence d’Electre sur le meurtre d’Oreste. Nous nous attarderons sur cette fable dans la seconde partie.

II) Liens avec d’autres auteurs

On a pu remarquer dans la pièce des liens avec d’autres écrivains, notamment Jean de Fontaine et Jean Paul Sartre, par le biais de métaphore avec des animaux.

A) Jean de la Fontaine comparé à Electre

Tout d’abord, nous avons vu dans la première partie que de nombreuses références animales sont présentes dans cette œuvre et cela ne peut que nous faire penser à La Fontaine. En effet, ce poète français de grande renommée du XVIIème siècle, était célèbre notamment pour ses fables où les personnages étaient des animaux pour éviter la censure. En 1938, Giraudoux avait d’ailleurs écrit LES CINQ TENTATIONS DE LA FONTAINE où il dresse un portrait sympathique et ironique du poète. En comparant cette œuvre avec la pièce d’Electre et les fables de La Fontaine nous remarquons une étonnante correspondance littéraire entre Electre et La Fontaine. Par exemple Giraudoux dans son portrait sur La Fontaine dit que « Toute cette science inconsciente avec eux tout à coup se révèlent » or nous savons que le mot clé d’Electre est de se révéler, de se déclarer. De plus, Electre est une pêcheuse de vérité et la raison des fables est de « donner à ces forces pures et intègres (c’est-à-dire les animaux), un jeu, une boule à rouler, qui est l’homme ». En outre, tout comme Electre, La Fontaine et les bêtes se font signe mais ce n’est pas la nature animale qui est mise en valeur mais le côté symbolique de l’animal. Giraudoux les utilisent sous une forme allégorique. Par exemple il fait une métaphore morale lorsqu’il compare Electre à une louve en raison de sa haine et à un rossignol pour son envie de découvrir la vérité.

B/ Allusions à La Fontaine

Le mendiant, dans deux tirades du texte, utilise les animaux comme allégorie et en fait une métaphore filée notamment avec les hérissons et les canards.

Tout d’abord, le mendiant fait une tirade de 26 lignes sur les hérissons en interrompant la discussion entre Egisthe et le président. Il utilise cette métaphore pour illustrer sa réflexion sur la condition humaine et la valeur des sacrifices. Il écrit que les hérissons se font écraser parce qu’ils éprouvent une poussée intérieure irrépressible vers l’autre côté de la route, vers « l’amour des hérissons » dans lequel on reconnait la passion d’Electre. Les hérissons écrasés représentent tout d’abord les Atrides victimes du meurtre d’Atrée puis dans une seconde partie, ils semblent désigner à la fois Electre et son père Agamemnon. En effet dans la théorie du sacrifice que fait le mendiant, on peut lire une allusion à Electre qui est prête à se détacher du sort commun des hommes et à mourir pour cela. Ce passage nous renvoie également au sacrifice d’Antigone, ce qui est un clin d’œil à Jean Anouilh. Ce conte apparait comme une menace prophétique, c’est une mise en garde contre le meurtre d’Electre. Pour finir, le mendiant clos sa tirade en disant quelle vaut « pour les autres espèces ». Le président approuve donc il n’a pas compris mais Egisthe a compris que c’est également valable pour les hommes. Cette tirade prend donc la forme détournée d’une fable ce qui nous renvoie à La Fontaine. Le choix du hérisson provient du fait qu’Electre est un sujet grec mêlé de comédie, c’est une manière de montrer que le destin unit sans distinction les hommes et les bêtes dans une même fatalité.

Ensuite, la parabole sur les canards traduit parfaitement la parenté avec La Fontaine. A la 13ème scène du premier acte, on peut lire « les animaux ne connaissent que l’amour… les chats, les perruches… ; ils n’ont de fraternité que leur pelage. Pour trouver des frères, ils sont obligés d’aimer les hommes » puis il ajoute « je n’ai plus qu’à leur tordre le cou, parce qu’ils s’approchaient avec leur fraternité, parce qu’ils essayaient de comprendre ce que je faisais, moi leur frère ». Dans ce passage, le mendiant propose une explication à ce qui s’est passé mais il n’est pas cohérent. En effet, il commence par se livrer à une reconstitution fantaisiste de l’accident puis il enchaîne sur le conte des canards et enfin il conclut qu’Electre est innocente. Mais on comprend dès le début qu’Electre est à ses yeux innocente.

C/Sartre

Les Euménides sont comparées à des mouches, des « affreuses petites bêtes ». Elles tournent autour de personnes qu’elles veulent ennuyer, ne se lassent jamais, taquinent, font du bruit et de temps en temps elles piquent. Nous comprenons ici que ces petites filles qui au début avaient la grâce et l’innocence se sont rapidement révélées en tant que monstres redoutables. Jean Paul Sartre reprendra cette image en 1943 dans sa pièce intitulée Les Mouches où l’on retrouvera les personnages d’Electre, d’Egisthe, de Clytemnestre et d’Oreste. Sartre prend racine à l'intérieur du mythe grec antique des Atrides pour développer une conception philosophique de la tragédie mettant fin aux sanglants combats des fils d'Atrée.

Dans Electre de Giraudoux, nous avons décelé de nombreuses références animales. Les plus importantes restent la comparaison d'Electre à une louve, qui va se révéler tout au long de la pièce en exprimant sa vengeance de façon imprévisible. Cette métaphore de la louve nous renvoie à La Fontaine. Nous retrouvons aussi une métaphore des hérissons afin de permettre à Giraudoux d'illustrer sa réflexion sur la condition humaine. Enfin les petites Euménides sont assimilées à des mouches, qui sont là pour taquiner, titre que Jean Paul Sartre reprendra pour sa pièce. Ces animaux sont les plus importants mais cependant bien d'autres espèces ont pu être reconnus comme le vautour ou les canards. Giraudoux a donc prêter une certaine attention à mettre en œuvre ces références animales afin que nous puissions mieux nous approprier le caractère des personnages.

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