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Que représente le mot : Apocalypse ?

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Par   •  30 Mars 2013  •  Dissertation  •  3 333 Mots (14 Pages)  •  859 Vues

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Le mot « apocalypse » est un terme qui s'est chargé au fil des siècles d'une série de connotations et de travestissements qui l'ont éloigné de son sens d'origine pour souvent évoquer une catastrophe massive et violente4, et « devenu populaire pour de mauvaises raisons »2. Cette perception est notamment liée à la difficulté d'appréhender un genre littéraire déroutant7 qui ne trouve pas de comparaison dans la littérature contemporaine8.

La littérature apocalyptique constitue un genre littéraire ancien qui apparaît probablement à l'époque de l'exil à Babylone — au VIe siècle av. J.-C. — avec les textes d'Ézéchiel, de Joël et de Zacharie avant de s'épanouir avec Daniel (vers 165 av. J.-C.) qui sert de modèle à l’Apocalypse de Jean mais aussi aux apocalypses apocryphes juives et chrétiennes ou encore aux textes apocalyptiques de Paul de Tarse9.

Dans les littératures juives et chrétiennes, le genre de ces écrits se définit par certaines relations entre leur forme, leur contenu et leur fonction sans qu'il appartiennent pour autant à un mouvement ou un milieu particuliers. Ils ne témoignent d'aucun courant théologique spécifique et peuvent véhiculer des idéologies très éloignées, voire opposées4.

On peut cependant déceler comme terreau commun à ce genre prophétique une ossature narrative qui a pour fondement une vision-révélation divine transmise à un homme1, généralement par l'entremise d'un être surnaturel10, dans une représentation du monde caractérisée par la présentation de deux ordres de la réalité : celui de l'expérience humaine sensible et celui d'une réalité spirituelle invisible et inaccessible à l'expérience courante mais déterminant pour le destin humain4. La révélation elle-même procède d'une réalité transcendante qui propose à la fois une dimension temporelle, dans la mesure où elle propose un salut eschatologique, et spatiale, dans celle où elle annonce l'imminence d'un monde nouveau1. Trois traits apparaissent également caractéristiques de ce genre de littérature : premièrement, le voyant de l'apocalypse est un écrivain qui, à la différence d'un prophète, consigne ses visons dans un écrit ; deuxièmement, celui-ci est souvent pseudépigraphique ; enfin, l'auteur fait usage de chiffres, d'objet et de personnages symboliques, sans s'attacher à rendre cohérent ce symbolisme11.

Textes apocalyptiques

Plusieurs écrits pseudépigraphes sont également des apocalypses : Apocalypse grecque de Baruch, Apocalypse syriaque de Baruch, Apocalypse d'Abraham, Apocalypse de Moïse, Apocalypse d'Élie12, Apocalypse de Noé13 ou encore l'Apocalypse d'Esdras14.

De nombreux apocryphes se réclament du genre ou en portent le nom : Apocalypse de Pierre, Apocalypse de Jacques, Apocalypse de Paul, Apocalypse d'Étienne… Si l’Apocalypse de Jean est, d'une façon formelle, la seule apocalypse reconnue dans le Nouveau Testament, des passages entiers de celui-ci, relèvent du même genre : le discours eschatologique de Jésus, dans Matthieu (24-25), dans Marc (13) et dans Luc (21,5-36), certains passages des épîtres de Paul de Tarse (2 Th 1,6-12 ; 2,3-12) ou de saint Pierre (2 P 3,10).

Auteur et datation

Le quatrième Ange sonne de la trompette (Apocalypse VIII), enluminure sur parchemin, vers 950-955.

Auteur

L'auteur de l'Apocalypse est inconnu. À quatre reprises dans le texte, le voyant s'attribue le nom de « Jean », qui est un prénom très fréquent dans les écrits néotestamentaires15. Celui-ci se décrit comme exilé forcé sur l'île de Patmos « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus »16, dans ce qui pourrait s'apparenter à l'idée contemporaine de « délit d'opinion »17.

Attributions traditionnelles

Vers le milieu du IIe siècle, Justin de Naplouse18 est le premier à identifier l'auteur à Jean fils de Zébédée, l'un des apôtres de Jésus de Nazareth, suivi un peu plus tard par Irénée de Lyon qui attribue également l'évangile et les lettres johanniques à l'apôtre19. Papias d'Hiérapolis attribue quant à lui ce livre à Jean le Presbytre (ou Jean l'Ancien), qui serait un disciple de Jean l'apôtre, devenu responsable de la communauté d'Éphèse à la fin du Ier siècle. Mais déjà au IIIe siècle, Denys d'Alexandrie procède à une analyse textuelle qui lui fait conclure que l'Apocalypse n'a pas été rédigée par l’auteur de l'évangile johannique ou des trois premières épîtres qu'il attribue à l'apôtre Jean. Il attribue le texte apocalyptique, suivant Papias, à Jean le Presbytre qui distingue ce dernier de Jean, l'un des Douze15. Au IVe siècle, en se fondant sur Papias, Polycarpe de Smyrne et Denys, Eusèbe de Césarée attribue à son tour le texte à Jean le Presbytre5.

L’attribution traditionnelle apostolique, la plus partagée parmi les auteurs ecclésiastiques du monde antique20, contribue à l'acceptation de canonicité du texte. Mais cette canonicité s'est faite difficilement, notamment en Orient où l'utilisation du texte par des groupes sectaires comme les adeptes du montanisme l'a rendu suspect.

Ainsi, la confusion règne dans la tradition car la tradition johannique d’Éphèse — cœur anatolien de celle-ci — a vu se télescoper les deux « Jean » — l'apôtre et l'auteur de l'Apocalypse21.

Recherche contemporaine

L'analyse exégétique contemporaine s'oppose à la tradition22 car rien ne permet d'identifier Jean de Patmos à l'apôtre ; avant tout, l'auteur ne revendique jamais ce titre et exprime que pour lui le groupe des apôtres appartient au passé23. De la même manière, il n'utilise pas davantage le titre d'« Ancien » (Presbytre)1.

L'auteur a vraisemblablement été un personnage important des communautés judéo-chrétiennes d'Asie Mineure aux sept Églises24 desquelles il s'adresse et dont le texte peut laisser penser qu'il était un prophète itinérant19.

En se fondant sur l'analyse exégétique et textuelle, il est vraisemblable que sa langue soit l'araméen voire l'hébreu, ce qui rend possible la thèse des chercheurs qui en font un prophète apocalyptique judéo-chrétien qui aurait fui la Palestine à la suite de

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