Que Représentent Pour Vous Les héros ?

"Que représentent pour vous les héros ? Vous vous demanderez ce que signifie ce besoin d'admirer des êtres réels ou de fiction, de les aimer ou de les imiter, et vous appuierez votre réflexion sur des exemples pris dans vos lectures et dans votre expérience personnelle"

Les Hommes ne peuvent se construire seuls. Ils ont besoin d'un guide, d'un modèle. D'abord mené par l'entourage social, le rôle d’exemple s'enrichit peu à peu de consommations culturelles : que ce soient la littérature, le cinéma, ou encore les médias, les héros sont partout, et prodiguent chacun un exemple différent et influant. Mais qu'est-ce qu'un héros ? Trop souvent aujourd'hui amalgamé avec le concept récent de « super-héros », le terme « héros » désigne en réalité l’ensemble des personnes tenant le rôle principal dans une histoire, quelle soit fictive ou réelle ; et par extension quelqu'un de brave, particulièrement courageuse se distinguant par ses actions, ou la droiture de ses valeurs morales. Cette idée est donc très vaste, et recouvre tous les types de modèles, du plus épique au plus simple. Nous verrons ainsi la signification de ce besoin d'admirer des êtres réels ou de fiction, de les aimer ou de les imiter, d'abord en montrant que le héros est un modèle façonneur, puis nous exposerons ses limites, et enfin les effets de cet exemple.

De tous temps, mes hommes se sont forgés des modèles héroïques, qui peuvent être divisés en deux catégories : les héros que les Hommes veulent suivre, et ceux à qui ils veulent ressembler.

Les premiers sont les héros par naissance, qui ont un statut héroïque prédestiné, et inaccessible au commun des mortels. Souvent d'origine divine ou du sommet de l'élite sociale, ce type de héros était très répandu dans l'antiquité, dont les exemples sont nombreux. Le très célèbre Hercule, fils de Zeus, illustre bien cette catégorie. Né d'un parent divin, Hercule est placé en marge de la société, destiné à de grandes choses. Il a ce « Statut héroïque » dès la naissance, ce que ce qu'aucun Homme ordinaire n'aura jamais. Devenir Hercule devient donc impossible, mais non pas suivre ses valeurs morales par admiration ; admiration due aux exploits surhumains dont il a fait preuve. C'est de cela dont il est question : imposer un modèle moral par l’élaboration d'un idéal physique inatteignable. Cette notion se retrouve jusque dans le théâtre classique, mais sous une forme différente. Ici, le modèle moral est induit non pas par un idéal physique, mais par une sublimation surréelle des passions humaines, souvent exaltés par des périls politiques dus au haut rang social des protagonistes. En effet, cette situation se retrouve par exemple dans Le Cid de Corneille, où Rodrigue, est déchiré entre la ferveur de ses sentiments et ses principes moraux imperturbable. Ici, l'observateur extérieur, saisi par l'envie d'un passion si pure, adhérera à ces principes, tout en sachant qu'il ne pourra pas jouir de ces sentiments, car il ne possède pas ce « statut héroïque ».

Les seconds sont les héros, qui le sont devenus par leurs actes. Ils étaient braves, courageux, droits, mais ils étaient des Hommes normaux, simples, sans « Statut héroïque » ; ils sont devenus héros modèles par leurs exploits. Dans la littérature et la mythologie médiévale, c'est bien sur le Roi Arthur qui incarne cette réussite. Sortant l'épée (Excalibur selon certaine version) de l'enclume, il devient roi d'Angleterre, puis conforte son héroïsme en fondant la confrérie des Chevaliers de la Table Ronde, quêtant sans relâche le fameux Saint Graal. Marquant l'histoire par ses folles épopées racontées et transmises dans la tradition orale de l'époque, Arthur est un modèle de bravoure, de force et d'honneur. Et c'est par identification que le témoin adhérera à ces principes, car si Arthur l'a fait, pourquoi pas lui ? Cette élévation au rang de héros est d'autant plus persuasive, qu'elle prenne ses racines d'un niveau social inférieur à celui du lecteur. Les Misérables de Victor Hugo en est la parfaite illustration : Jean Valjean, piteux bagnard , arrive, par la force de ses convictions morales à se sortir de sa condition de malfrat, pour atteindre un état héroïque à la limite de la sainteté. Elles prennent alors une importance capitale, un modèle de survie.

Ce besoin d'identification croissant au fil des siècle, est apparu un nouveau genre de héros : l'antihéros. L'antihéros est un personnage qui ressemble pas à un héros conventionnel. C'est-à-dire qu'il ne présente pas les caractéristiques dites « ordinaires » du héros. Il n'est pas plus fort que glorieux, ni même courageux ou particulièrement fort. Le roman moderne L'Homme sans qualité (Der Mann ohne Eigenschaften) , de l'autrichien Robert Musil, illustre cette nouvelle catégorie de héros. Il raconte l'histoire de Ulrich, un an avant le début de de la Première Guerre Mondiale. Au travers le récit de son existence simple, on retrouve une vision commune de la vie contemporaine, loin de toute fantaisies. Ainsi, le lecteur se reconnaît facilement, et acquiert un point de vu nouveau sur ses propres conditions de vie, un nouveau modèle. Ce dernier change en fonction des époques, et est un véritable indicateur moral et social des mœurs. Les souffrances du jeune Werther, qui a fait la renommé de Goethe, par exemple, fut un tel succès d'empathie, où les personnages principaux, Werther et Charlotte, correspondaient si bien à la mentalité de ses lecteurs contemporains, qu'ils se reconnaissaient parfaitement en eux. A tel point que, suivant leur modèle, une large vague de suicide frappa les jeunesses européennes. Un modèle n'est pas toujours bon à suivre.

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