Quatrain : une allégorie des paroles poétiques

Introduction

I) Les quatrains : une allégorie du lyrisme poétique

A. Le premier quatrain : la métaphore filée du lyrisme

B. Le deuxième quatrain : la "contamination" du monde et la peur du poète

II) Les tercets : le spleen et la terreur de la création poétique

A. L'alcool

B. Le sexe

Conclusion

L'eau qui coule, et d'une manière générale les liquides (ici le sang, dont la déplétion délétère représente la souffrance du poète mais aussi un danger pour lui), élément transitoire, fait partie de cette hantise de Baudelaire de ce qui change et passe.

Les deux quatrains sont révélateurs de la tendance expansive du lyrisme. En effet, dans le premier, les marques de la première personne du singulier, qu'elles soient sujet ("Je", vers 3 et 4) ou complément ("me", vers 1 et 4 ; "mon", vers 1), témoignent du lyrisme tandis qu'elles sont absentes du second, indiquant alors que le lyrisme dépasse le poète et "inonde" le monde ()

[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, La Fontaine de sang, LXXXIV. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu’à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d’amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d’être repris avec d’autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]

[...] Enfin, le dernier vers (Fait pour donner à boire à ces cruelles filles mis en valeur par la formulation exclamative, reprend l’image du vers 7 (Désaltérant la soif de chaque créature), établissant ainsi un lien avec la femme muse, inspiratrice et bénéficiaire du poème mais l’adjectif péjoratif cruelles dit clairement l’ingratitude comme récompense. Ainsi, une fois l’engourdissement passé, que peut apporter le vin ou l’amour, la douleur est toujours là, présente. Conclusion La Fontaine de sang rend particulièrement compte de l’échec des deux tentatives de réponse au spleen et d’atteinte de l’idéal que sont l’alcool et le sexe. L’image de la mort est suggérée par l’allégorie de la déplétion sanguine, soulignant la malédiction du spleen qui empêche la création. [...]

[...] L’alcool Le premier tercet est clairement une allégorie du divertissement par l’alcool rendant compte de l’échec et du mensonge des paradis artificiels pour tromper l’angoisse du poète : J’ai demandé souvent à des vins capiteux / D’endormir pour un jour la terreur qui me mine (vers 9-10). On y notera un jeu visuel et sonore jouant sur la paronomase implicite capiteux / captieux : en effet, dans ce cas de figure, les vins ne sont pas tant capiteux que captieux. [...]

[...] On relève ainsi l’anaphore des deux débuts : J’ai demandé souvent à

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