Poésie : la forme et le contenu

La citation d’HITCHCOCK que “la forme, ici, n’enjolive pas

le contenu ; elle le crée” est-elle applicable à la poésie ?

Il est ici question de la poésie, synonyme de création lorsque l’on

regarde son étymologie grecque, premier art que la littérature ait

connu. Toute littérature était poésie. Cet art antique est celui

d’exprimer par le travail du langage tout ce qui inspire l’Homme (ses

émotions, rêves, pensées, visions du monde qui l’entoure etc). Mais

avant toute chose, la poésie est le résultat de la sensibilité et de

l’imagination humaines. La poésie est un art littéraire certes, le premier

sans doute, mais c’est aussi et avant tout un condensé d’émotions.

Nous pourrions dire que la poésie est partout parce que les cadres qui

la délimitent ne sont pas aussi précis que d’autres comme la peinture

ou la musique par exemple, et c’est pour cette raison que de nombreux

débats divisent toujours les communautés littéraire et artistique comme

par exemple : La poésie est-elle synonyme de versification ?

La versificatiion est en effet la forme classique de la poésie. Elle

est, contrairement à ce que nous avons dit précédemment, soumise à

des règles très strictes concernant principalement la mesure des pieds

et des syllabes ainsi que la sonorité. Ces règles sont

vraisemblablement nées en même temps que la poésie et ont

généralement toujours été respectées, jusqu’au milieu du XIX° siècle

où les poètes ont commencé à vouloir s’affranchir de ces règles

strictes en créant leurs propres normes poétiques.

C’est à partir de cette citation que nous allons nous demander si,

en poésie, la forme des poèmes, la versification entre autres, est plus

importante que ce le message qu’ils veulent faire passer. Nous

pourrions également raccourcir cette question en : la forme prime-t-elle

sur le fond ?

Nous tenterons de répondre à cette interrogation à l’aide de trois

parties : tout d’abord en évoquant les cas dans lesquels la forme est

primordiale, puis dans une deuxième partie en tentant de donner les

arguments inverses de cette thèse et enfin en mentionnant l’équilibre

de la poésie et son omniprésence.

La forme peut être considérée comme primordiale sur le

fond parce que quelque part, c’est elle qui définit le poème en premier

lieu.

Prenons six vers du poème “Automne malade” tirés du recueil

Alcools d’APOLLINAIRE pour commencer :

“Les feuilles

Qu’on foule

Un train

Qui roule

La vie

S’écoule”

Ils illustrent l’importance de la vérsification et de l’écriture en général

dans la poésie. A la lecture de ces vers, les personnes sensibles à la

littérature reconnaîtrons la célèbre plume d’APOLLINAIRE et son génie

quant aux sonorités ; et pourtant, si nous lisions cette phrase tout en

gardant exactement le même sens mais en changeant certains mots

pour leurs synonymes (ce qui détruirait la sonorité entre autres), il ne

resterait qu’une phrase dénuée de sens et de beauté. Le rythme ici fait

la beauté du poème. Et il en va de même pour les chansons, issues de

la poésie elles-aussi. Ce sont des poèmes mis en musique, chose

absolument impossible à faire si le texte ne comprenait pas de rythme.

Les rimes sont également responsables d’une majeure partie du

rythme et de la sonorité si identifiables des textes de chanson et de

poésies (dans sa forme versifiée).

En plus du fait qu’elle apporte un rythme très propre à la poésie, la

forme est très souvent un véritable miroir de la société de l’époque de

l’écriture du poème. Les différents courants littéraires, dont leur forme

est très représentative, illustrent les envies et pensées de la population

(du moins de la partie privilégiée de celle-ci car malheureusement

jusqu’au XIX° siècle l’accès à la poésie et à l’art en général n’était

absolument pas réservée à tous mais plutôt aux personnes ayant reçu

une éducation). Ainsi, chaque nouveau courant littéraire fait suite à une

réaction, un ras le bol, et amène de nouvelles carractéristiques

spécifiques qui concernent en premier lieu la forme des poèmes.

Prenons l’exemple du baroque, courant littéraire du XVII° siècle. Il met

en avant l’irrégularité, l’instabilité, voire même le bizarre, à l’aide de

beaucoup d’images, de métaphores, d’anti-thèse,

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