Poésie Et Réalité

Définir la poésie semble compliqué ; souvent, cela nous évoque des sujets particuliers tels que l'amour, les fleurs, ou d'autres, permettant de s'évader dans un monde à part, léger. Pour d'autres, le sens de la poésie réside seulement dans sa forme, sa versification donnée par son auteur. Certains verront dans la poésie une façon différente de voir le monde qui nous entoure, de le redécouvrir. Ainsi, nous pouvons nous demander si la poésie doit permettre de mieux comprendre la réalité, ou si elle doit nous en éloigner en la transfigurant.

Nous répondrons à cette problématique dans un premier temps en avançant que la poésie nous rapproche de la réalité, puis nous montrerons qu'elle peut la transformer.

Le poète est un Homme comme les autres dans la mesure où il vit dans son temps et assiste aux événements de son époque comme ses contemporains. Il nous relate donc les problèmes de la société auxquels il accorde une importance capitale du fait de sa grande sensibilité ; il nous en fait prendre conscience à travers ses poèmes, tel que « Melancholia » de Victor Hugo qui soulève la question du travail des enfants durant le XIXème siècle. Pendant les deux Guerres Mondiales, de nombreux poètes ont exprimé leur souffrance au front comme Guillaume Apollinaire dans ses Poèmes à Lou avec par exemple « Si je mourrai là-bas... » rédigé en 1915. Plus tard, en 1942, Paul Eluard, résistant, redonne de l'espoir et du courage aux combattants avec son célèbre poème « Liberté » parachuté sur les maquis.

Nous avons donc pu observer que les poètes faisaient part d'une vérité brute, réelle, impossible à renier. Cependant il existe une forme de réalité, plus délicate.

Il existe en effet une réalité du quotidien, propre au poète, mais dans laquelle nous pouvons nous identifier. Charles Baudelaire, avec « La Pipe », sonnet paraissant dans Les Fleurs du Mal en 1857, évoque le plaisir qu'éprouve un fumeur, le réconfort apporté grâce à cet objet banal dans ses douleurs, ses moments de fatigue. Pour amener cette impression, le poète personnifie sa pipe, elle s'apparente à une femme et parle donc, en décrivant ce qu'elle procure à l'auteur : « J'enlace et je berce son âme » (vers 9).

Grâce à ce poème, nous avons constaté que nos habitudes les plus banales peuvent être dévoilées par des poètes. Parfois, ils peuvent nous permettre de porter un autre regard sur des objets qui nous paraissent anodins.

L'imagination sans limite des poètes, leur permet de voir le monde d'une autre manière. Francis Ponge, dans son recueil de poésie Le Parti Pris des Choses, comme son nom l'indique, se met à la place d'objets que l'on utilise tous les jours, sans vraiment s'y intéresser. Avec « L'appareil du Téléphone », poème en prose paru dans Pièces, en 1962, l'auteur se penche sur cet objet des plus habituels. Le socle de l'objet est associé à un rocher, sur lequel repose un homard qui « frémit sur son socle » (vers 6), « il a quelque chose à dire » (vers 7).

Avec ce poème, l'auteur nous pousse à regarder autour de nous, et à avoir un regard neuf et critique sur ces objets, trop courants pour qu'ils nous suscitent de l’intérêt.

Dans cette partie, nous avons donc vu que la réalité dans les poèmes nous en rapprochait. Les poètes étant inscrits dans une époque, une société, ils sont des témoins oculaires des faits importants, des habitudes de leur temps et nous en font part dans leurs œuvres. Cependant, comme le disait Victor Hugo dans sa préface de « Les Rayons et Les Ombres »  « L'un des deux yeux du poète est pour l'humanité, l'autre pour la nature. Le premier de ces yeux s'appelle l'observation, le second s'appelle l'imagination. ». Leur talent n'est pas réduit à conter ce à quoi ils assistent, ils vont même jusqu'à transformer le monde avec leurs écrits.

Certains poètes arrivent, à partir de leurs peines personnelles, à concevoir des écrits qui nous touchent

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