Poème Ronsard

Amours de Cassandre - Sonnet 12 «J'espère et crain, je me tais et supplie»

J’espère et crain, je me tais et supplie,

Or’ je suis glace et ores un feu chaud,

J’admire tout et de rien ne me chaut,

Je me delace et mon col je relie.

5 Rien ne me plaist sinon ce qui m’ennuie :

Je suis vaillant et le coeur me défaut,

J’ay l’espoir bas j’ay le courage haut,

Je doute Amour et si je le desfie.

Plus je me picque, et plus je suis retif,

10 J’aime estre libre, et veux estre captif,

Tout je desire, et si n’ay qu’une envie.

Un Promethée en passions je suis.

J’ose, je veux, je m’efforce, et ne puis

Tant d’un fil noir la Parque ourdit ma vie.

Ce poème est bien un sonnet puisqu'il est composé de deux quatrains et de deux tercets. Ses rimes sont embrassées dans les deux premier quatrains et suivies dans les strophes suivantes; le mètre employé est le décasyllabe.

Ce sonnet s'appuie principalement sur l'antithèse, « espère et crain » v.1 ;  « glace/feu » v.2 ; « admire tout/ rien ne me chaut » v.3 ; « espoir bas/courage haut »v.7 ;  « tout je désire/n'est qu'une envie »v.11 ; qui permet à Ronsard d'insister sur ce qu'il ressens, et de nous en donner un côté imagé.

Il utilise également une anaphore « plus je » v.9 qui donne un rythme au poème, mais c'est surtout la répétition de « et » » qui donne ce rythme et cette insistance de la part du poète.

Ce poème est lyrique, il évoque le carpé-diem et la fatalité de la mort.

En effet, le poète aimerait vivre au jour le jour mais on se rend compte lors de la chute du sonnet que malgré ses efforts, « j'ose, je veux, je m'efforce »v.13 et qu'il se compare à un titan « Prométhée en passions » v.12 ; la Parque (qui est la divinité maîtresse de la destiné humaine), prend le dessus sur son désir, c'est elle qui tient le « fil noir » v.14 qui symbolise le cours de sa vie, c'est la Parque qui contrôle sa destiné et il sait qu'il ne peut pas l'en empêcher, d'où les antithèses qui sont à chaque fois négatives.

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