Portrait de Giton - Les caractères - La Bruyère

1) Giton est la caricature du riche, odieux, déplaisant, sûr de lui, auquel la société se soumet. Son portrait est relativement statique (Giton dort souvent, il se promène lentement et est souvent assis). Le personnage apparaît comme un être avec lequel tout le monde agit servilement, d’où les parallélismes : « il s’arrête, et l’on s’arrête, il continue de marcher et l’on marche ». On remarque d’ailleurs l’utilisation du pronom indéfini « on » pour désigner son entourage. Cela montre que les autres ne sont que des faire-valoir sans importance. Ils n'ont pas d'existence propre et se règlent sur le comportement de Giton, si bien qu’apparaît un genre de satire sociale liée à la servilité de l’homme à un de ses semblables. On comprend à partir de cela que La Bruyère donne à son personnage un caractère universel afin de critiquer l’ensemble de la société, en tout temps et en tout lieu. De plus, l’auteur utilise des procédés d’exagération pour insister sur le fait qu’il ne se gêne pour personne, accompagnés d’hyperboles et d’anaphores : « fort loin, fort haut », ou encore « il dort le jour, il dort la nuit ». Cette idée est appuyée par le fait que Giton « ronfle en compagnie » ou « abaisse son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne ». Il apparaît comme unique, pleins d’audace et d’égo. De plus, il agit comme s’il était le centre du monde et l’être le plus important de la société, comme le prouve l’antithèse « on ne l’interrompt pas, on l’écoute ». Il a une estime exagérée de lui-même, aime se faire remarquer mais méprise le regard des autres : « il tient le milieu en se promenant avec ses égaux », « il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre ». On remarque par ailleurs que le portrait de Giton est majoritairement composé de phrases simples (propositions indépendantes juxtaposées) : « il dort la nuit, et profondément; il ronfle ». Le choix de cette syntaxe particulière du portrait de Giton par l’auteur évoque le caractère « indépendant » et direct. Il suggère que son personnage parle à tort et à travers de choses qu'il ne connaît pas : « les nouvelles qu'il débite ». En effet, le recours à l'accumulation des épithètes détachées contribuent à donner au texte une extraordinaire vivacité et à son personnage quelque chose de « mécanique » qui tient presque du comique : « enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère ». Giton est présenté ici comme un imbécile heureux, parfaitement satisfait de son sort. Le terme de « libertin » est utilisé pour montrer son esprit fort, et celui de « politique » pour montrer que c’est un personnage important au courant de certains secrets d’état. L'asyndète finale « Il se croit des talents et de l'esprit. Il est riche. » suggère que la bonne opinion que Giton a de lui-même vient uniquement de sa richesse et ne correspond à aucune qualité réelle.

On comprend donc qu’à travers ce portrait, La Bruyère dénonce l'importance de l'argent en montrant son rôle corrupteur sur le « caractère » des hommes, sur ceux qui en ont trop. Giton est présenté comme un personnage odieux et déplaisant dont la fortune lui tient lieu d'esprit et de talents. L’auteur insiste sur sa confiance excessive en lui-même, son insolence, son aplomb, son manque de discrétion, son égocentrisme et sa vanité. Il est donc bien loin de l'idéal classique de « l'honnête homme ».

Plan en deux parties de ma lecture linéaire :

I. Portrait de Giton

a) Portrait physique

b) Portrait moral

II. Une critique implicite de la société

a) Giton, personnage universel et caricatural de la bourgeoisie

b) Une dénonciation des moeurs

2) Le portrait de Giton est celui de l’homme du riche, odieux, déplaisant et méprisant.

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