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Portrait de David et Julien, Honoré de Balzac

Commentaire de texte : Portrait de David et Julien, Honoré de Balzac. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  3 780 Mots (16 Pages)  •  1 731 Vues

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Honoré de Balzac, Les Illusions perdues, "Les Deux poètes", David et Julien

  1. Honoré de Balzac, Les Illusions perdues, "Les Deux poètes", David et Julien, de « Tous deux s'assirent sous un berceau … » à « vices aussi bien que les vertus. »

Présentation

Les Illusions perdues sont un roman de La Comédie humaine publié entre 1837 et 1843. Inspiré à Balzac par son expérience dans l'imprimerie, Illusions perdues raconte l’échec, les « illusions perdues » de Lucien de Rubempré, jeune provincial épris de gloire littéraire...

L’action se déroule sous la Restauration. Le roman peint les milieux de l'imprimerie et des cercles littéraires. Lucien de Rubempré, jeune provincial cultivé, monte à Paris pour devenir écrivain. Mais devant les difficultés, il se lance dans le journalisme et connaît une certaine fortune. Son revirement monarchiste cause sa ruine. De retour à Angoulême, il essaie d'obtenir l'appui de son ami imprimeur, David. Mais ce dernier, à qui des concurrents avaient volé son invention, est emprisonné, en partie à cause de Lucien. Rubempré veut se suicider, mais il en est empêché par un certain Herrera, prêtre, qui en échange de sa servilité totale, lui donne l'argent pour délivrer son ami.

Les Deux Poètes 

Angoulême, David Séchard, fils d’un imprimeur avare, est ami avec Lucien Chardon, jeune homme beau et lettré. Le père de David revend à son fils son imprimerie à des conditions très défavorables. David est proche de la ruine. Cependant, il parvient à subsister grâce au dévouement de sa femme, Ève, la sœur de Lucien. Il recherche en secret un procédé pour produire du papier à faible coût. Lucien, épris de madame de Bargeton, est introduit dans la bonne société d'Angoulême. Cet amour suscite des commérages. Pour y échapper, les amoureux vont s'installer à Paris, où Lucien espère éditer un roman.

Un grand homme de province à Paris

Lucien, arrivé à Paris, se découvre misérable en comparaison des élégants parisiens. Il se couvre de ridicule à l'Opéra, et perd l'appui de madame de Bargeton. Ses tentatives de publier se soldent par des échecs. Il est introduit au Cénacle, qui partage une vie ascétique au service de l’art ou de la science. Trop impatient, il cède à la tentation du journalisme, un univers corrompu dans lequel il connaît rapidement le succès. Il les signe du nom de jeune fille de sa mère « de Rubempré ». Il s’éprend d’une jeune actrice, Coralie, et mène une vie de luxe en s'endettant. Son ambition le pousse d’un journal libéral à un journal royaliste. Ses anciens amis du Cénacle lui reprochent son manque de conviction. Coralie tombe malade. Il retourne à Angoulême pour solliciter l’aide de David.

Les Souffrances de l’inventeur

David est parvenu à mettre au point son procédé ; mais ses concurrents, s'en emparent et réussissent à le mettre en faillite à cause d’une manigance financière de Lucien. David est mis en prison. Accablé de remords, Lucien décide de se suicider. Un mystérieux abbé espagnol, Carlos Herrera, le convainc de renoncer en lui offrant argent, luxe et vengeance, à condition de lui obéir aveuglément. Lucien accepte ce pacte. Il envoie alors à David la somme pour sortir de prison et part pour Paris avec le prêtre. David parvient alors à un accord avec ses concurrents. Il hérite de son père, et se retire à la campagne, avec Eve, pour y vivre simplement, mais aisément.

Introduction

        Premier portrait des deux héros, ce passage est un moment aussi banal que capital dans le début du roman. Mais il ne marque pas exactement le début du roman : le lecteur a déjà pris connaissance de l’imprimerie Séchard, du conflit entre le père et le fils, de la vente de l’atelier au prix fort, de la négligence de David qui ne fait pas prospérer l’entreprise, enfin de son amour pour Eve, la sœur de Lucien. Pourquoi donc ce portrait retardé de David, alors que l’histoire a déjà commencé ? Balzacf semble avoir attendu que Lucien intervienne dans le récit pour composer un double portait antithétique de ses deux héros.

                

Lecture

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[Tous deux s'assirent sous un berceau d'où leurs yeux pouvaient voir quiconque entrerait dans l'atelier. Les rayons du soleil qui se jouaient dans les pampres de la treille caressèrent les deux poètes en les enveloppant de sa lumière comme d'une auréole. Le contraste produit par l'opposition de ces deux caractères et de ces deux figures fut alors si vigoureusement accusé, qu'il aurait séduit la brosse d'un grand peintre]. [David avait les formes que donne la nature aux êtres destinés à de grandes luttes, éclatantes ou secrètes/. Son large buste était flanqué par de fortes épaules en harmonie avec la plénitude de toutes ses formes. Son visage, brun de ton, coloré, gras, supporté par un gros cou, enveloppé d'une abondante forêt de cheveux noirs, ressemblait au premier abord à celui des chanoines chantés par Boileau/ ; mais un second examen vous révélait dans les sillons des lèvres épaisses, dans la fossette du menton, dans la tournure d'un nez carré, fendu par un méplat tourmenté, dans les yeux surtout ! le feu continu d'un unique amour, la sagacité du penseur, l'ardente mélancolie d'un esprit qui pouvait embrasser les deux extrémités de l'horizon, en en pénétrant toutes les sinuosités, et qui se dégoûtait facilement des jouissances tout idéales en y portant les clartés de l'analyse. Si l'on devinait dans cette face les éclairs du génie qui s'élance, on voyait aussi les cendres auprès du volcan ; l'espérance s'y éteignait dans un profond sentiment du néant social où la naissance obscure et le défaut de fortune maintiennent tant d'esprits supérieurs(19)./ Auprès du pauvre imprimeur, à qui son état, quoique si voisin de l'intelligence, donnait des nausées, auprès de ce Silène lourdement appuyé sur lui-même qui buvait à longs traits dans la coupe de la science et de la poésie, en s'enivrant afin d'oublier les malheurs de la vie de province], [Lucien se tenait dans la pose gracieuse trouvée par les sculpteurs pour le Bacchus indien. Son visage avait la distinction des lignes de la beauté antique : c'était un front et un nez grecs, la blancheur veloutée des femmes, des yeux noirs tant ils étaient bleus, des yeux pleins d'amour, et dont le blanc le disputait en fraîcheur à celui d'un enfant/. Ces beaux yeux étaient surmontés de sourcils comme tracés par un pinceau chinois et bordés de longs cils châtains. Le long des joues brillait un duvet soyeux dont la couleur s'harmoniait à celle d'une blonde chevelure naturellement bouclée. Une suavité divine respirait dans ses tempes d'un blanc doré. Une incomparable noblesse était empreinte dans son menton court, relevé sans brusquerie. Le sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées par de belles dents. Il avait les mains de l'homme bien né, des mains élégantes, à un signe desquelles les hommes devaient obéir et que les femmes aiment à baiser/. Lucien était mince et de taille moyenne. A voir ses pieds, un homme aurait été d'autant plus tenté de le prendre pour une jeune fille déguisée, que, semblable à la plupart des hommes fins, pour ne pas dire astucieux, il avait les hanches conformées comme celles d'une femme. Cet indice, rarement trompeur, était vrai chez Lucien, que la pente de son esprit remuant amenait souvent, quand il analysait l'état actuel de la société, sur le terrain de la dépravation particulière aux diplomates qui croient que le succès est la justification de tous les moyens, quelque honteux qu'ils soient/. L'un des malheurs auxquels sont soumises les grandes intelligences, c'est de comprendre forcément toutes choses, les vices aussi bien que les vertus.]

        

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