Narcisse et l'amour de soi

“Le narcissisme empêche d’aimer quelqu’un d’autre que son propre reflet”, Hanluo Taihan. C’est, d’ailleurs, pour avoir céder à l’amour de son reflet que Narcisse finit par mourir.

Dès l’antiquité, Ovide propose une version très pathétique du mythe dans les métamorphoses. S’en suivra un tableau de Michelangelo Caravaggio, fidèle à ce mythe

Au contraire, la lithographie de Daumier, Le beau narcisse, issue de la série histoire ancienne, choisit d’ôter l’émotion du mythe en recourant à un ton moralisateur qui sera pour Daumier l’humour. Le géographe, Pausanias le Périégète, revient sur l’origine de ce mythe dans l’ouvrage la description de la grèce. Enfin, l’extrait de “le marketing de l’ego” de Henri Kaufman et Laurence Faguer de 2005 actualise le mythe de narcisse.

Le narcissisme est défini en général par l'amour que l'on on prête à sa propre personne d'une manière excessive et morbide. Dans le langage commun, le narcissisme est le signe d'une contemplation exclusive de soi-même, liée à une auto-satisfaction que rien ne peut mettre en doute.

Comment les différents documents nous renvoient aux afflictions liées à l’amour de soi ?

Pour répondre à cette question nous nous mettrons, dans un premier temps, dans la peau de narcisse puis nous verrons l’importance de l’autre dans la question du narcissisme.

Narcisse souffre de la rumeur qui ferait de lui un insupportable égocentrique aimant faire tourner le monde autour de son nombril. Cet être à la beauté remarquable semble inconscient de qui il est vraiment et à même tendance à l'idéaliser.

Il est évident que ce mythe n’existerait pas sans la beauté inconditionnel de Narcisse. C’est d’ailleurs à travers cette splendeur que le mythe existe. La beauté est le point central dans les métamorphoses d’Ovide. Le tableau de Michelangelo Caravaggio est fidèle au mythe d’Ovide puisque la peinture y représente un jeune homme répondant aux canons de beauté de la Renaissance et se mirant dans l’eau. On y retrouve les évocations de figures mythologiques dans ces “joues imberbes” et ce “marbre de paros”. La mort du héros symbolise ici un amour démesuré mais aussi la recherche vaine de la beauté absolue. Narcisse est incapable d’aimer quelqu’un d’autre que lui. Ce mythe souligne enfin le caractère éphémère de la beauté.

Narcisse est aveuglé par sa beauté a tel point qu’il est difficile de savoir si il est conscient de sa propre personne. C’est ce que Daumier nous prouve avec sa lithographie. Il remet en cause la réelle beauté de narcisse. Son air suffisant, sa posture élancée le féminise et le ridiculise. Cette attitude fière montre à quel point il est imbu de lui-même et nous prouve l'inconscience de sa personne. Cette inconscience se ressent également dans la description de la Grèce. Cette réécriture du mythe nous montre le refus de sa personne. Il pense que le reflet qu’il voit dans l’eau de cette fontaine et celui de sa soeur jumelle mais il s’agit bien réellement de son reflet et il n’a pas conscience qu'il meurt par amour pour lui même.

Narcisse au travers de ses deux documents ne semble pas se connaître. Malgré cette inconscience narcisse semble être un personnage qui s’idéalise. Narcisse est un être sur de soi et qui ne semble avoir besoin de personne. Il est tellement certain de sa beauté qu’il s’en laisse mourir dans le mythe d’Ovide. Il se croit parfait au point de faire tout mieux que les autres. Encore aujourd’hui l’homme s’idéalise et donne à chacun de nous un côté narcissique. On peut notamment le voir avec le Marketing de l’ego, c’est en achetant meilleur que l’autre que l’homme s’imagine

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