Mythologie

LA MYTHOLOGIE ET LA LITTERATURE

La mythologie, en tant que somme de contes mythiques, continue à obséder l'espèce humaine ne serait-ce que parce qu'elle essaie de répondre à des questions obsessionnelles telles que: d'où nous venons?, qui nous sommes?, quel est notre destinée, la destinée des hommes ? Et, même si certaines des mythologies les plus connues (grecque, latine, égyptienne) sont mortes et d'autre agonisantes, elles s'insinuent dans des formes nouvelles de pensée, en défiant le scientisme des époques industrielles et post-industrielles justement à cause de ces obsessions torturantes que l'homme moderne partage également.

L'artiste, conscient de sa force démiurgique, créateur lui-même d'un nouveau monde, s'est laissé séduire par le mirage du mythe et, sans tenir compte de l'époque, il l'a utilisé d'une manière ou d'une autre, pour s'exprimer ou pour exprimer l'Autre. Seuls les moyens diffèrent.

Si la littérature antique baigne dans la mythologie, celle-ci étant sa seconde nature, la littérature moderne tend à devenir elle-même une mythologie - celle de la création. Mais elle-aussi continue à dissimuler des mythes anciens sous de nouvelles formes. La littérature ancienne gréco-latine peut être difficilement séparée de la religion, de ce que l'on appelle actuellement la mythologie gréco-latine parce que, d'une part, l'artiste abandonne, même si pas complètement, les émotions strictement personnelles pour faire place à la voix de la communauté, et, d'autre part, parce que les événements contemporains sont dissimulés dans des récits qui reprennent des mythes.

Les Odes de Pindare, textes obscurs aujourd'hui, peuvent constituer des exemples parfaits pour un autre type de poéïsis. Les sens sont encore plus compliqués dans le cas de la tragédie grecque, espèce générée par des fêtes religieuses, sa représentation comprenant, tout comme celle de la comédie, beaucoup d'éléments qui renvoient au rituel, aux processions, aux masques. Pourtant, les relations avec les faits contemporains ne sont pas oubliées, si l'on pense au Perses d'Eschile.

Même lorsqu'ils sont critiqués, comme dans les comédies d'Aristophane, les dieux sont constamment présents, car les Grecs et, ensuite, les Romains ne croient à l'efficacité de l'action de leurs dieux que si ceux-ci sont extrêmement nombreux. Ainsi, la littérature sauve-t-elle la religion et l'exemple le plus concluant en est le commencement du christianisme. L'Ancien Testament était lu en grec, la philosophie platonicienne et stoïque renforcent le système philosophique de la théologie chrétienne.

L'Antiquité survit au Moyen Age par le cycle des romans antiques. Le Roman de Thèbes, le Roman d'Enéas et le Roman de Troie re-créent une Antiquité fantaisiste. L'érudition et la magie s'entremêlent avec et sont doublées par des récits d'amour: Jason et Médée, Achille et Polyxène, Antigone et Partinogène, Enée et Didon sont les couples qui influenceront cette fois-ci, par la nouvelle formule romanesque l'histoire de la littérature européenne.

C'est toujours la littérature qui fait la première grande récupération de la mythologie gréco-latine. L'idéologie de la Renaissance se développe grâce à la "résurrection" de l'Antiquité, sous l'emprise de la conviction que l'individu peut être modelé par la culture. De cette manière, tout ce qui avait été interdit au Moyen Age (graeca est, non legitur) est remis en discussion.

L'Antiquité se constitue dans un modèle de vie, ainsi que d'art. Burckhardt montre comment l'époque emprunte des dénominations de fonctions, d'institutions et de cérémonies, comment les partis reprennent les anciens noms romains, et comment les érudits adoptent des variantes latines ou grecques de leurs noms (par exemple, Jean Lefèvre d'Etaples devient Jacobus Faber Stapulensis).

Dans un tel contexte, la mythologie gréco-latine est relue, réinterprétée, utilisée dans les écrits de l'époque: Giordano Bruno - Cabala del caballo Pegaso, Spaccio della

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