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Manon lescaut 1er rencontre

Fiche de lecture : Manon lescaut 1er rencontre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2018  •  Fiche de lecture  •  2 086 Mots (9 Pages)  •  1 099 Vues

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        J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. Hélas! que ne le marquais-je un jour plus tôt! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour pendant qu’un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur s’empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport. J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L’amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu’il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi.

        C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir qui s’était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n’affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, qu’elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse, mais que c’était apparemment la volonté du Ciel, puisqu’il ne lui laissait nul moyen de l’éviter.

Passion amoureuse destructrice

Des actes théâtral et romanesque

Manon Lescaut

Des Grieux

-Rencontre de l'ordre du coup de foudre avec l'adverbe et l'emploi du passé simple

-Des Grieux est submergé par la passion amoureuse (champ lexical de l’amour«enflammé », « transport », « maîtresse de mon cœur », « l’amour », « mon cœur », « désirs », « plaisir ».  ) renforcé par le registre lyrique

-amour comparer à la mort

-amour passionel

-souligne le caractère hors du commun de la rencontre

-un parallélisme : il se passe qlqch d'unique en un instant et le sentiment reste

-décrit la naissance de la passion chez es grieux

-champ lexical de l'amour précieux

-passion amoureuse destructrice annonce la suite du roman

-tragédie, passion qui sera fatale, jeu sur les temps montre l’inéluctabilité de cette passion les verbes au plus-que-parfait ponctuent tout le texte : «« J’avais marqué le temps de mon départ », « moi qui n’avais jamais pensé » , «plaisir, qui s’était déjà déclaré» . Or le plus-que-parfait a une valeur d’accompli : il suggère donc que les actions sont scellées d’avance. 

-l’abbé Prévost utilise aussi des expressions traditionnelles dans la tragédie : « Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt » .

-Le texte est donc manifestement ambigu dans la mesure où le narrateur porte un regard émerveillé sur la catastrophe providentielle qui l'a rendu malheureux. 

-Le texte est donc manifestement ambigu dans la mesure où le narrateur porte un regard émerveillé sur la catastrophe providentielle qui l'a rendu malheureux. Le jeune homme qui nous est présenté dans son élan chevaleresque a quelque chose de sublime : nulle prudence, nulle crainte des parents ne l'arrêtent. C'est avec l'admirable noblesse d'un héros qu'il tombe dans le piège. Ainsi le narrateur le narrateur porte un regard positif sur cette rencontre avec la métaphore « L'amour me rendait déjà si éclairé », puis négatif dans la même phrase « coup mortel ».

-Dès le début, l’amour est présenté en opposition avec deux instances fortes: la famille et la religion (celle de Manon qui l’envoie au couvent; celle du chevalier qui destine le jeune homme à l’ordre de Malte).  Je combattis coup mortel champ lexical de la guerre

-situation initiale est la promenade avec Tiberge situation innocente

élément modificateur est l’arrivée du coche d’Arras

mise en œuvre d'une stratégie déceptive le lecteur s'attend à un élément clé

rupture qui arque l'opposition personnage de manon mise en valeur elle se détache de la scène+ caractère exceptionnel de la rencontre

schéma romanesque

            -une situation relativement stable (la situation initiale)

               -équilibre rompu   (élément perturbateur)

             -série de mésaventure ( les péripéties)

             -élément de résolution

             -nouvel équilibre (état final)

Le passage de la situation initiale à l’élément perturbateur se manifeste souvent par un changement de temps verbal. Traditionnellement, le récit commence à l’imparfait et c’est le passé simple qui indique la survenue de l’élément perturbateur

-Le narrateur ponctue son texte d’adverbes de manière ou de locutions adverbiales qui, comme des didascalies théâtrales, précisent les circonstances de l’action : « sans paraître embarrassée », « Elle me répondit ingénument », « d’une manière qui lui fît comprendre mes sentiments

-Cette rencontre est aussi la première étape d'un apprentissage amoureux (semblable au roman picaresque) où la femme séductrice mène le jeu alors que le jeune héros, passif, subit le charme.  

-portrait assez original assez vague

-exagération hyperbolique + mot porteur d'un double sens avec celui de la magie on a l'impression qu'elle jette un sort( charme) (héros passif qui subit le charme de la tentatrice)

-portrait moral de manon négatif.

-Manon= manipulatrice elle joue avec le narrateur 

-rupture qui arque l'opposition personnage de manon mise en valeur elle se détache de la scène+ caractère exceptionnel de la rencontre

-Scène thétralisé Le départ des femmes et la présence d’un seule personnage « il en resta une» ressemble à une transition scénique dans la tragédie grecque où le chœur qui se retire laisse place à l’héroïne seule sur scène.

-Racontée en focalisation interne, par le récit qu’en fait Des Grieux lui-même, cette scène laisse transparaître les sentiments de Manon de manière ambigüe. Elle reçoit les compliments de Des Grieux: « sans paraître embarrassée », « Elle n’affecta ni rigueur ni dédain ». On apprend aussi qu’elle est « malheureuse » puisqu’elle est envoyée dans un couvent pour être religieuse.

-Le nom de « Manon Lescaut » n’est pas cité dans le texte. Elle est décrite comme « fort jeune », « charmante » et « moins âgée » que Des Grieux. Compte-tenu de la chronologie du roman, elle semble être ici âgée de 16 ans, soit plus jeune de deux ans par rapport à Des Grieux. Elle est apparemment « envoyée par ses parents pour être religieuse » car « son penchant au plaisir […] s’était déjà déclaré ». Cette dernière phrase est un euphémisme pour insinuer qu’elle est déjà très mature. D’autres allusions à sa maturité sont présents dans le texte comme : habituée aux compliments masculins, « elle était bien plus expérimentée que moi (en séduction ici ) » 

-On remarque cependant qu’il y a une sorte de manipulation de la part de Manon qui, ayant remarqué que Des Grieux était complètement sous son charme, sait qu’elle ne va pas aller au couvent. Elle lui fait comprendre implicitement qu’il doit faire quelque chose pour elle : « elle me dit […] qu’elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse », « c’était la volonté du Ciel », « il ne lui laissait nul moyen de l’éviter »

-Elle sait aussi utiliser ses charmes pour manipuler Des Grieux. Tout suggère donc une jeune personne déjà habituée à profiter des plaisirs de la vie, quitte à monnayer quelques peu sa personne pour les obtenir.

- héros passif qui subit le charme de la tentatrice

-timidité opposée à l'amour

-rencontre avec Manon brutale, changement profond en des grieux

-la rencontre bouleverse la vie entière de des grieux

-perte de ses certitudes pour des grieux (scène de coup de foudre)

-je m’avançai /vers la maîtres/se de mon cœur » est un alexandrin au rythme ternaire cadencé par une allitération en [m], sonorité douce qui met en évidence l’amour qui s’installe dans l’âme du personnage.

-c'est un amour passionnel. Des Grieux n’est plus maître de lui-même (les tournures de sens passif) : « je me trouvai enflammé », « L’amour me rendait déjà si éclairé ». il n'est plus acteur de son destin : il subit cette flamme soudaine.

-En outre, les sentiments sont sujets de nombreuses phrases :

« L’amour me rendait déjà si éclairé »
« […] son penchant au plaisir qui s’était déjà déclaré »

Ce n’est donc plus Des Grieux qui agit : ses sentiments ont pris le dessus et guident toutes ses actions. La passion amoureuse apparaît dès lors comme une force tragique contre laquelle le personnage ne peut lutter.

-Cette rencontre est aussi la première étape d'un apprentissage amoureux (semblable au roman picaresque) où la femme séductrice mène le jeu alors que le jeune héros, passif, subit le charme. 

-Le jeune homme qui nous est présenté dans son élan chevaleresque a quelque chose de sublime : nulle prudence, nulle crainte des parents ne l'arrêtent. C'est avec l'admirable noblesse d'un héros qu'il tombe dans le piège.. 

-De fait le jeune homme insiste sur la métamorphose qui s’opère en lui, et qu’une seule phrase évoque, ce qui accentue le contraste: trois propositions construites en crescendo insistent sur sa sagesse: « moi, qui n’avait jamais pensé à la différence des sexes , ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue » . Le changement du personnage est exprimé par le terme de « transport » qui peut suggérer la folie, associé à la métaphore du feu, « enflammé » .  On remarque ainsi deux temps dans cette phrase , un avant et un après rencontre avec Manon

-On remarque que l’utilisation de l’hyperbole est très fréquente dans ce texte , ce qui a pour effet d’exagérer les sentiments et les impressions de Des Grieux durant la rencontre : « je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport », « je me suis étonné mille fois», « maîtresse de mon coeur », « je regardai ce dessin comme un coup mortel pour mes désirs », « j’emploierai ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents »,  «la tendresse infinie qu’elle m’inspirait ».

-Vient ensuite la place de Des Grieux dans le texte : il est toujours COD des phrases , et se présente comme passif, victime de la route-puissance de l’amour. Il est donc l’être « pur » qui ne contrôle rien et qui subit tout: « l’amour me rendait déjà si éclairé » . L’amour y est présenté comme une divinité qui impose son pouvoir: « On ne ferait pas une divinité de l’amour, s’il n’opérait souvent des prodiges ». Le terme même de « prodige » confère à la scène une impression de surnaturel, qui dédouane Des Grieux de toute responsabilité. On note cependant ici l’ambivalence du vocabulaire, car si la passion amène la souffrance, « éclairé » ou « prodiges » ont à l’inverse des connotations très positives.

-Quelques phrases trahissent le caractère rétrospectif du récit,  c’est à dire qu’à certain moment c’est le Des Grieux ayant vécu tout cela qui parle : « que ne le marquais-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père tout mon innocence. » , « qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens ». De telles expressions annoncent bien sûr le caractère destructeur de la passion qui conduit les êtres à la déchéance et à la mort, mais elles suggèrent également la fatalité, et là encore il s’agit bien de nier toute responsabilité dans les événements qui ont suivi. Des Grieux est victime de sa passion, et Manon elle même est victime de sa nature (« son penchant au plaisir » ). Ce récit est donc aussi pour le jeune homme l’occasion de se défendre.

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