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Mai Mon Joli Mai

Compte Rendu : Mai Mon Joli Mai. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Janvier 2013  •  994 Mots (4 Pages)  •  786 Vues

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Ce poème en alexandrins réguliers, formé de trois quatrains et d’un quintil aux rimes embrassées, parut d’abord dans “Vers et prose”, tome IV, décembre 1905-février 1906, en même temps que “L’émigrant de Landor road”. Dans “Alcools”, il fait partie d'une dizaine de poèmes groupés sous le titre général de “Rhénanes”, poèmes fortement influencés par le romantisme des paysages rhénans, et il suit immédiatement “Nuit rhénane”. Ainsi, à la vision fantastique fait suite un petit paysage fluvial de nature printanière, des bords du Rhin, à la fois pittoresque et sentimental.

Ces poèmes remontent pour la plupart à la période de 1901-1902 où Guillaume Apollinaire était précepteur en Allemagne, et l'on peut supposer qu'il retrouva dans ce poème le souvenir d'une sortie sur le Rhin en compagnie de son élève, Mlle de Milhau, et de celle qu'il aimait, l’Anglaise Miss Annie Playden. Mais elle ne répondait pas à son amour, dont le «mal-aimé» parle au passé, encore tout endolori par son abandon. Le thème du mai, «schön Mai», est ainsi voilé de la mélancolie secrète qui le tourmentait.

Dans l’évocation de cette promenade en barque s’opère une évolution insensible du ton. Elle pourrait être un enchantement, mais ce mois de mai-là est équivoque, avec ses touches nostalgiques et... automnales. Le paysage, la saison, les choses, les gens s'efforcent d'offrir une diversion à son chagrin. Ils y parviennent par moments. À la fin, on ne sait s'ils y sont vraiment parvenus.

Au premier vers, la tournure répétitive, «le mai le joli mai», légère et joyeuse, l’homophonie d’«en barque» avec «embarque», la forme elliptique, confèrent d’emblée au poème des allures de chanson populaire, voire de comptine. Le poète descend le Rhin au mois de mai que chantent joyeusement les chansons. De jolies dames tout à l'heure regardaient sa barque du haut des rives escarpées. L'exclamation, «Vous êtes si jolies !», qu’il avait eu envie de leur lancer (ou bien l’avait-il murmurée) s’adresse en fait à celle qu’il aime mais qui n’accepte pas d’entendre ces mots. «Mais la barque s'éloigne» marque symboliquement la regrettable perte de l’occasion, l’inexorable fuite du temps. Aussi s’identifie-t-il aux «saules riverains», se demandant pourquoi ils pleurent, sachant, lui, la raison qu’il a de pleurer, le chagrin s'éveillant en son coeur. Le ton n’est donc plus le même que celui du début.

À la deuxième strophe, voici justement qui vient renforcer cette tristesse subite : les vergers qui semblaient tout à l'heure lui faire des signes amicaux paraissent maintenant se figer «en arrière». La vérité, c'est que, vus de près, leurs branches s'agitent ; vus de loin, quand la barque s'éloigne en avant, le voyageur ne discerne plus les détails et les branches paraissent se figer. Les vers 6-8 ont l’apparence d’un compliment précieux, mais des détails les rendent pourtant mélancoliques. L'heureux temps des cerises cache, lui aussi, quelque tristesse. Les cerisiers perdent leurs pétales. Leur couleur blanche et nacrée, au lieu de réjouir la vue, rappelle les ongles de la bien-aimée qui a été perdue. Leur forme flétrie évoque les paupières et les yeux battus de la perfide (?) maîtresse. Dans ‘’Les

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