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Madame de Bovary

Dissertation : Madame de Bovary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Avril 2022  •  Dissertation  •  2 950 Mots (12 Pages)  •  319 Vues

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En 1856, un chef d’œuvre retentissant va marquer l’émergence du réalisme : Madame de Bovary. Flaubert, grand romancier du XIXème siècle, ne revendiquait pas l’appellation de réalisme mais a été considéré comme étant l’une des grandes figures de ce mouvement littéraire. Le réalisme veut représenter ce qu’il voit et uniquement ce qu’il voit, c’est l’observation même de la réalité, dénuée de tous jugements. Madame de Bovary met en scène la fille d’un riche fermier, mal marié à un médecin médiocre. Éduquée dans un couvent par la lecture de roman d’amour, Emma Bovary est déçue lorsqu’elle rencontre la réalité qui ne correspond pas à ce qu’elle s’imaginait. Le terme de « bovarysme » s’imposera alors après l’auteur pour désigner l’inadéquation tragique entre le rêve et la réalité. L’extrait que nous allons étudier ce situe au chapitre douze du livre II, Charles, le mari d’Emma, s’imagine l’avenir de sa famille tandis qu’à côté de lui Madame de Bovary s’endort, essayant d’échapper à la réalité monotone et ennuyeuse de son existence. Cet extrait met en scène la distance entre deux personnes mariées, rêvant de désirs opposés dans un même lit conjugal. On se demandera donc en quoi le récit des rêves dans cet extrait est-il le reflet du bovarysme d’Emma et permet de parodier la littérature romantique ? Pour ce faire nous étudierons dans une première partie le récit des rêves comme marque de distance entre les protagonistes, puis nous nous pencherons ensuite dans une deuxième partie sur le rêve d’Emma comme échappatoire à la réalité ennuyeuse et nous terminerons par parler des sous-entendus implicites de l’auteur dans le texte.

Dans cette première partie intitulée « le récit des rêves comme marque de distance entre les protagonistes » nous aborderons plusieurs points qui appuie sur la distance physique et morale du couple. Cette distance est l’une des conséquences de l’ennuie d’Emma dans sa vie amoureuse et donc de son bovarysme. Tout d’abord, le contexte est directement posé au sein de l’extrait : le complément circonstanciel de temps « au milieu de la nuit » ligne une indique une scène romanesque nocturne, propice au récit de la rêverie. La fragilité du sommeil d’Emma est déjà annoncée grâce à la référence de la « veilleuse de porcelaine » (ligne une) qui vient souligner l’instabilité de son sommeil. Le champ lexical de la lumière avec des termes tels que « veilleuse », (l1) « clarté » (l2), « lumière », (l12) « lampe », (l12) « étoilée », (l29) « soleil » (l31) vient contraster avec celui de l’obscurité qui regroupe des mots comme « nuit », (l1) « ombre » (l3), « rideaux » (l2), « tombée du jour » (l5). On remarque alors déjà dès une première lecture du texte une forte dualité qui s’installe entre le domaine du sommeil et celui de l’éveil. Le sommeil en lui-même marque déjà une distance entre Monsieur et Madame de Bovary. On peut soulever une différence entre les actions d’Emma et ce que pense Charles de ce qu’Emma est en train de faire : selon lui, elle dort déjà (« il ne voulait pas la réveillait » ligne 1) tandis que l’on apprend qu’elle fait « semblant » de dormir à la ligne 15. L’action même de faire « semblant » de dormir montre une réelle distance entre les deux personnages. Cette action amène déjà un premier décalage entre les personnages qui ne dialogue pas et se mentent. Ensuite, on peut souligner qu’Emma est indifférente à son mari et ne lui porte aucune affection. Elle le place même comme personnage secondaire voire inexistant lorsqu’elle se met à rêver. Ce manque d’amour pour lui est exprimé par la présence de la virgule entre leurs deux actions à la ligne 16, ce qui marque la distance qui oppose les deux personnages (« ; et, »). Le narrateur prend bien soin d’écrire qu’Emma se « réveillait en d’autres rêves » : la présence de cet adjectif marque encore ici la distance entre les deux époux qui ne sont pas en accord. De plus, il n’est pas question d’elle et de Charles dans son rêve mais de son amant comme le montre l’omniprésence du pronom personnel de la troisième personne du pluriel « ils » au début de son rêve. Si Emma exclut totalement son mari de son rêve, Charles quant à lui, compare sa fille à sa femme (« comme elle » l11) et valorise sa beauté en la rajeunissant (« on les prendrait de loin pour les deux sœurs » l11). Il utilise également lors de sa rêverie intérieure le pronom tonique de la troisième personne « eux » à la ligne 12 qui inclut le couple en une seule personne. La vision de l’amour qu’il se porte est donc également différente et constitue un deuxième décalage très important dans le texte. On peut poursuivre cette partie sur les rêves comme « marque de distance » en mettant en avant le fait que Charles apparaît comme étant un personnage ancré dans la réalité qui a le sens des priorités et qui témoigne d’une affection particulière pour Berthe, sa fille. On peut voir qu’il se place comme étant le père de famille avec le pronom possessif « son » devant « enfant » à la ligne quatre. De plus, on peut soulever les nombreuses répétitions du pronom personnel « elle » mais aussi du pronom personnel « il » qui viennent exclusivement porter le sujet sur Charles et sa fille lors de son rêve. Ici le récit du rêve intérieur de Charles est permis grâce à la focalisation zéro qui permet au lecteur de plonger dans l’esprit du personnage et de connaître ses pensées, ses désirs et ses espérances. La focalisation omnisciente passe notamment par la connaissance du narrateur sur l’entièreté de la scène avec de nombreux détails : « rideaux fermés », « il rentrait au milieu de la nuit », « il croyait entendre ». Le discours direct libre caractérise la narration de la rêverie de Charles ce qui permet aux lecteurs de voir que c’est un père de famille impliqué et appliqué dans son rôle : « cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait ». Pour terminer sur les rêves comme marque de distance entre les deux personnages, on remarque que d’un point de vue syntaxique, la constitution même du texte en deux paragraphes bien distincts fait également partie de ce premier décalage affirmant la distance et la différence de Madame et Monsieur de Bovary. Les phrases de Charles sont courtes et brèves. Elles sont juxtaposées et suivent une logique temporelle parfaite pour refléter l’avenir qu’il imagine. Il utilise notamment le rythme ternaire qui montre une pensée organisée et s’exprime avec l’aide du conditionnel tel que « elle porterait » ou bien « il en économiserait » qui vient marquer le souhait du personnage. En ce qui concerne Emma, ses phrases sont longues et complexes.

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