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Louis Aragon

Analyse sectorielle : Louis Aragon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Juillet 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 917 Mots (8 Pages)  •  780 Vues

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Louis Aragon est un poète et romancier français. Il est l'un des créateurs du mouvementsurréaliste. Dans Aurélien, roman paru en 1944, il présente un personnage principal éponyme qui souhaite oublier les traumatismes que lui a infligés la première guerre mondiale et qui traverse une histoire d'amour impossible avec une femme nommée Bérénice. Dans cet extrait, l'incipit de l'oeuvre, Aurélien pense à sa première rencontreavec Bérénice et à ce qu'elle lui a évoqué. Nous nous demanderons en quoi cet incipit est déroutant pour le lecteur. Pour cela, nous verrons d'abord qu'Aurélienfait une description surprenante de Bérénice, puis nous aborderons les choix de narration de Louis Aragon et ses conséquences sur l'incipit. Enfin, nous nous questionnerons sur le fait que le personnage d'Aurélien est assez déroutant pour le lecteur.

Tout d'abord, on voit que le héros nous dresse un portrait négatif de Bérénice, celle avec qui il va vivre une histoire d'amour impossible. En effet, Aurélien nous présente une jeune femme très éloignée des normes de beauté et use du champ lexical de la laideur « laide » ; « ses cheveux […] ternes […] mal tenus […] coupés » ; « petite, pâle ». De plus, on voit qu'Aurélien éprouve un sentiment négatif à son égard car il dit qu'il a d'elle une impression« d'ennui et d'irritation », on le remarque par le nombre de tournures négatives qu'il emploie en parlant d'elle « il n'aima pas » ; « il n'aurait pas » ; « Aurélien n'aurait pas » et du fait qu'il l'a « mal regardée », ainsi il nous montre une femme qu'il a trouvée désagréable au premier regard et perturbe le lecteur quant à l'image qu'il doit se faire des deux personnages.

Néanmoins, on peut penser qu'Aurélien éprouve une certaine obsession à son égard. Il dit ne l'avoir que très peu regardée et ne pas savoir « si elle était blonde ou brune » pourtant il la décrit longuement « il la trouva » ; « elle était » ; « celle-ci qui » ; « ses cheveux » ; « si elle était » ; « elle se fût » ; « il la trouva » ; « elle lui déplut » et avec précision puisqu'il porte des jugements sur ses habits « une étoffe qu'il n'aurait pas choisie » son nom « celle-ci qui portait un nom de princesse d'orient » et semble même modérer ses propos « c'était disproportionné ». On perçoit que l'obsession d'Aurélien pour Bérénice semble venir d'un souvenir qui le hante depuis la guerre.

Après avoir vu l'étonnante description de Bérénice, nous allons nous pencher sur le choix de point de vue et ses implications.

On peut remarquer ainsi l'originalité du point de vue du narrateur qui se plonge dans les pensées du jeune homme. Le narrateur a en effet décidé d'un point de vue interne pour raconter son récit et nous plonge dans l'esprit d'Aurélien car on le voit émettre son opinion et porter des jugements de valeur « il la trouva » ; « lui » ; « il n'aima pas » ; « il n'aurait pas » ; « il avait des idées sur » ; « il lui en demeurait » et par moment le texte nous présente même des pensées à la première personne qui jaillissent de l'esprit de l'ancien soldat « je crois » ; « je deviens » et à la fin du texte il semble rire intérieurement « Tite. Sans rire. Tite ».

Autre parti pris découlant de ce choix de narration, nous n'avons qu'une très vague idée de ce qui nous attend dans la suite du roman. Ceci s'explique par le fait que le lecteur est limité aux pensées d'une scène passée et ainsi même si on lui présente le personnage principal et la femme dont il va tomber amoureux, il ne sait pas où se trouvent les personnages, quand ni ce qu'ils font. De plus, même la description de cette rencontre est incomplète puisque l'esprit d'Aurélien trie les informations en ne nous disant pas où et quand elle a eu lieu et semble omettre des détails « Aurélien n'aurait pas su dire » ; « il l'avait mal regardée » ; « il lui en demeurait une impression vague » ; « je crois » ; « impossible de se souvenir ».

Ainsi, après avoir vu que Louis Aragon a privilégié le point de vue interne, nous allons nous intéresser au fait qu'il décide de faire d'Aurélien un personnage déroutant.

Les pensées d'Aurélien suivent un cours qui les mène à un vers de Racine et qui nous plonge de plus en plus loin dans la tête du jeune homme. En effet, alors que le début du texte est quasiment exclusivement à la troisième personne, la moitié du troisième paragraphe semble être un écran reflétant les pensées d'Aurélien. De plus, celui-ci s'éloigne davantage de la situation initiale et échange Bérénice contre son homonyme et la pièce éponyme de Racine. Il se met alors à faire preuve de la même obsession que précédemment, il s'attarde à nouveau sur des détails, nous informant que « Césarée, c'est du côté d'Antioche, de Beyrouth » que c'est un « territoire sous mandat ». Il perd ainsi le lecteur entre sa passion pour le vers et son abondance de détails insignifiants comme une errance de son esprit.

Ensuite , on peut observer que le jeune homme éprouve une étrange attirance pour ce vers. Dans ce texte, il insiste sur la place qu'il prend dans sa tête en insistant avec une répétition des termes « obsédé » et « revenait ». De plus, il semble personnifier la ville de Césarée en la qualifiant d'« assez moricaude » et en la parant de « bracelets », de « chichis » et de « voiles ». Il ajoute aussi que c'est « un beau nom […] pour une femme ». On peut aussi remarquer qu'il semble beaucoup plus attaché à la Bérénice de Racine qu'il qualifie de « la vraie », alors qu'elle n'est qu'un personnage de théâtre. On peut aussi remarquer le fait que la description qu'il fait de l'empereur romain lui correspond, un « grand bougre ravagé, mélancolique, flemmard » qui subit le même amour

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