Lorenzo, le héros romantique

Intro

La qualification de Lorenzo en tant que héros fait question. La pièce porte son nom et l’intrigue est centrée sur son geste et sur son personnage mais si l’on s’intéresse à sa présence scénique et à sa prise de parole, on remarque que Lorenzo est présent dans 15 scènes alors que la pièce en compte en tout 39. Cela peut nous paraître assez peu pour un des personnages les plus importants. En revanche, on se rend compte au fil de l'histoire qu’il est souvent l’objet de discussions d’autres personnages. Il fais parler et suscite de multiples interrogations.

I.    Lorenzo, héros romantique

Lorenzo tient en sa personne les principaux traits des héros romantiques.Il ne vit que pour le meutre du Duc même s'il doute de l'utilité de son geste, il est surnomé de diffrentes manières tout au long de la pièce,

Lorenzo est un personnage avec une identité ordinaire. Changer de nom reviendrait à changer d’identité or Lorenzo change en permanence de nom. Pour sa mère il est « Lorenzino » (acte 2 scène 4) traduit la plupart du temps 'petit Lorenzo',pour les Florentins c'est « Lorencazzio » (diminutif péjoratif), le Duc l’appelle une fois Lorenzo de Médicis ou alors « Lorenzetta » (acte 1 scène 4). Tous ces prénoms utilisés par Musset contribuent à brouiller l'identité de Lorenzo mais ils font aussi du personnage un héros romantique, ayant toujours « du grotesque au revers du sublime » (Victor Hugo).ISi les personnages multiplient les prénoms pour évoquer Lorenzo, c'est aussi que ce dernier semble capable de jouer différents rôles. Son attitude face au duc semble ainsi primordiale pour son destin.

Le destin du héros romantique est quelque chose qu’il ne peut pas influencer, or cela s’oppose fortement à son ambition. Lorenzo voulant améliorer le monde doit remarquer que ses efforts n’auront pas l’effet désiré. L’opposition est donc entre l’ambition et la vanité de ses actions. Il consacre toute sa vie à combattre pour cette seule action qui finalement n’a plus de sens sauf celui d’avoir lieu.

La complexité du personnage de Lorenzo a amener les critiques et les lecteurs à le comparer avec d'autres héros dramatiques. C'est avec Hamlet que le rapprochement s'est imposé. Selon Pierre Gastinel « Tous deux apparaissent comme de jeunes princes vivant dans la familiarité d'un souverain qui s'est emparé du trône par usurpation […] Ils préparent le meurtre dans le secret, et lentement ; tous deux veulent frapper eux-mêmes ».

Lorenzo, le héros créé par Musset n'est donc pas un modèle qui porterait des valeurs capables de susciter l'admiration du lecteur ou du spectateur. Il n'est plus un surhomme mais un homme qui espère et souffre.

II.    Lorenzaccio ou l’antihéros débauché.

A la scène 4 de l'acte I, le Duc dit de lui qu'il est « glissant comme une anguille». Il enchaîne alors avec une description très dégradante de Lorenzo.

Cependant le Duc a totalement confiance en Lorenzo. Il prend du plaisir et du temps à dégrader l'image de Lorenzo aux yeux du Cardinal Cibo et du Sire Maurice en l'insultant

...