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Lorenzaccio

Lettre type : Lorenzaccio. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Décembre 2013  •  Lettre type  •  1 172 Mots (5 Pages)  •  588 Vues

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Cette tirade de Lorenzo est centrale à plusieurs égards. D’abord parce qu’elle se situe précisément au centre de la pièce et du déroulement de l’intrigue. Par ailleurs, la scène 3 estla plus longue de la pièce. Elle est cruciale car elle retrace la germination et l’itinéraire qui ont amené Lorenzo au projet d’assassinat du duc et permet, sur le mode de laconfidence, voire de la confession, de présenter le meurtre comme un acte nécessaire, patriotique et libérateur.

Mais la révélation prend surtout, dans cette tirade, une dimension existentielle. En effet, le tyrannicide devient, à travers Lorenzo, un acte personnel de résistance et de révolte. La modalité de parole de la tirade permet à cet égard d’accéder à la conscience du héros qui tombe le masque et dévoile son conflit intérieur face à Philippe, interlocuteur bienveillant. Le raisonnement de Lorenzo peut d’abord sembler paradoxal. Conscient de l’inutilité de son geste, il exprime pourtant la nécessité de l’accomplir jusqu’au bout et le besoin de s’en justifier. Dans cet extrait, toujours dans la peau du héros tourmenté, il oscille entre constat amer d’une vie qu’il abhorre, désillusions, désir de vengeance et élans d’orgueil.

1. Lorenzo face à lui-même

a. Une démarche personnelle

« J’ai voulu agir seul, sans le secours d’aucun homme. Je travaillais pour l’humanité », déclare Lorenzo peu avant cette tirade. S’il a évoqué le meurtre en tant qu’acte politique (« travaillais pour l’humanité »), ce passage témoigne d’une démarche pleinement personnelle et solitaire. Lorenzo se place lui-même au cœur du projet et lui donne sens. Il l’accomplit pour des motifs personnels et s’approprie cet assassinat. En témoigne les adjectifs possessifs : « mon meurtre », « ma vie est au bout de mon épée », « ma dague ».

Par ailleurs, Lorenzo est omniprésent dans son discours : il emploie les pronoms personnels« je » (en position de sujet) et « me » plus de quarante fois dans la tirade.

Alexandre, à la fois victime et tyran, n’est évoqué que quatre fois, par son nom « Alexandre » et par une périphrase dépréciative et méprisante « ce conducteur de bœufs » qui ne traduit pourtant aucune haine personnelle de la part de Lorenzo. Il envisage d’ailleurs, au mode conditionnel, la possibilité de l’épargner (« je l’épargnerais »). Ce n’est pas la cible qui importe pour Lorenzo, c’est l’acte et les enjeux qu’il contient.

Le meurtre est évoqué de manière concrète et insistante par un vocabulaire parfois violent, parfois imagé : répétition de « je tue », répétition de « ce meurtre », « frapper », la métaphore« le soufflet de mon épée marquée en traits de sang », « la tombe d’Alexandre », etl’euphémisme « j’aurai dit aussi ce que j’ai à dire » qui assimile le meurtre à un moyen d’expression.

b. Une quête identitaire

« Oui, cela est certain, si je pouvais revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s’évanouir, j’épargnerais peut-être ce conducteur de bœufs ». Cette déclaration de Lorenzo est cruciale : elle permet de comprendre que le meurtre se justifie par la recherche d’une vertu perdue, autrement dit, il correspond à une entreprise de purification.

La répétition du verbe « pouvoir » et les propositions hypothétiques « si je… si mon… » traduisent la souffrance et le regret d’une vie qui lui fait à présent horreur. Cette volonté de purification est liée à un constat amer : « Mais j’aime le vin, le jeu et les filles,

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