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Leçon allégorique sur l’amour

Commentaire de texte : Leçon allégorique sur l’amour. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mars 2016  •  Commentaire de texte  •  4 041 Mots (17 Pages)  •  1 302 Vues

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Introduction :

Dans l’épitre dédicatoire du Temple de Cupido on trouve écrit un programme d’instruction au Prince. Marot voulait proposer une sorte de leçon allégorique sur l’amour.

En sa jeunesse ung prince de valeur

Pour eviter ennuy plain de malheur

Le noble estat des armes doibt comprendre

Et le beau train damourettes apprendre

Sans trop aymer venerique chaleur.

Le poète va faire la démonstration des différentes figures de l’art d’aimer y compris de l’amour léger (« beau train d’amourettes » ou « d’amour le train joly », comme dit la chanson 14). Mais ceci n’est pas incompatible avec l’éthique présente dans cet épitre qui résume la leçon du temple de cupido, c’est-à-dire une hiérarchie entre les différents amours : « Trois sortes d’amour. L’une est ferme. L’autre est légère, et la tierce vénérienne ». C’est dans cet espace que doit s’inscrire « le beau train damourettes », « d’amour le train joly ». Le roi doit acquérir « le beau train d’amourettes apprendre sans trop aymer vénérique chaleur », sans trop se perdre dans cet amour de Vénus qui peut être un piège.

Agencement du recueil : l’amour ouvre le recueil est le clos.

Ferme amour et folle amour dans l’œuvre :

D’un côté un discours antérotique contre le Roman de la rose. Ceci s’observe dans le Temple de Cupido, mais aussi dans L’épitre à Maguelonne où il s’agit d’abandonner l’amour léger pour le ferme amour.

Nombreuses évocations du ferme amour : Ballade 6 « D’un amant ferme en son amour quelque rigueur que sa dame lui fasse ».

La dernière chanson qui clos l’ouvrage souligne l’unité de l’œuvre autour de Ferme amour (« de fermeté », « Les amants, qui sont assemblés,/ Si ferme amour ne les rassemble/ Sans fin seront désassemblés).

L’édition de 1532 terminait la section des rondeaux sur la fermeté d’un amant séparé de sa dame (R 58). En 1538 par des ajouts, Marot renforce la condamnation de « folle amour » et de l’amour léger par la création du personnage d’Isabeau l’inconstante et par l’ajout de certains rondeaux comme le 61 qui évoque la devise de Madame de Lorraine : « amour et foi » qui est la devise même du Ferme amour.

Mais plusieurs poèmes contredisent l’idéal de Ferme amour. Marot dans son recueil ne méprise en aucun cas les amours sensuels, voir les amours comportant de la luxure R4 : de celui qui incite une jeune dame à faire amie. Le rentrement : « à mon plaisir », c’est la satisfaction d’un plaisir personnel et une incitation au désir sexuel qui est mis en avant

Les rondeaux forment la section la plus fournie du recueil et c’est la section qui parle le plus d’amour. Dans sa réflexion d’ordre métapoétique avec les ballades et les rondeaux, le T de C il annonçait la place centrale de l’amour dans cette forme.

On peut repérer certaines sections qui fonctionnent ensemble. Les premiers rondeaux sur l’amour dépeignent l’ensemble de la gamme des sentiments comme l’annonçait le Temple de Cupido (la formulation du désir charnel RIV et V, la douleur de l’amour RIX et de l’amant RXI tel qu’il était décrit dans le temple de Cupido « endure »). Rondeaux satiriques avec le thème classique de la « mal mariée (R 8) repris au rondeau 65 mais qui en plus souligne la constance de la femme (« De la mal mariée qui ne veut faire ami »). Temple de Cupido mettait déjà en avant cette ambivalence de l’amour entre plaisir et douleur ainsi que le thème du mariage.

Rondeau qui présentent le ferme amour et d’autres dérogent véritablement à ce principe. S’opposent ainsi ferme amour et amour léger/inconstance (bien illustré) par les rondeaux 65 (« De la mal mariée qui ne veut faire amie ») et 66 (De l’inconstance de Isabeau).

Ensuite une longue séquence amoureuse revient qui peut être divisée en 3 séquences :

- les alliances : R 38 à 40

- les relations épistolaires : 41 à 42

- le cycle amoureux : 44 à 50 qui va raconter la réalisation progressive de jouissance (44 à 46), puis l’alliance celée entre les deux amants (47) puis le départ de s’amie et sa trahison.

Cycle amoureux, comme un petit roman d’amour, cycle dans lequel se situe notre rondeau, dans la réalisation progressive de la jouissance (évocation de son amour avant et réalisation du fantasme de possession après). Notre rondeau en décasyllabe dépeint l’obsession de l’amant pour sa mie, obsession qui est une obsession pour le corps, corps qu’il souhaite obtenir par l’échange avec le cœur.

Dynamique :

- du v1 « toutes les nuits je ne pense qu’en celle » au v5 « autant joyeux qu’eut oncque demoiselle » → présentation des deux protagonistes : celui qui pense et la femme objet de la pensée avec cette idée obsession. Description du corps et du cœur. Pas encore vraiment dans l’amour léger mais indice : déséquilibre description cœur et corps (annonce renversement).

- v6 « Elle a beau teint » au v8 + refrain « toutes les nuits » → précision de la description /ressemble à un blason. Toujours focalisation sur le corps + précisions sensuelles. Justification du poète. Quelque chose qui devient de plus en plus sensuel.

- v9 « touchant son cœur » au v 14 + refrain « toutes les nuits » → apparition du mari -> renversement, on est totalement dans l’amour léger, badin, libertin. On quitte l’ordre de la description avec un rythme beaucoup plus marqué et plus rapide. Mise en place des termes de l’échange.

Evolution -> question / réalisation possible du fantasme.

Plus on avance, plus l’obsession pour le corps est explicite, que c’est cela qui l’intéresse. Ferme amour possible -> impossible /amour léger.

On a donc quelque chose qui entre en contradiction avec l’idéal de ferme amour que défend Marot. Comment ce rondeau rentre en contraction avec cet idéal de ferme-amour tout en s’insérant dans une certaine logique déjà annoncée dans le Temple de Cupido : idée d’un parcours vers Ferme amour ?

Titre : annonce de deux amant de manière impersonnelle  (« celui »/ « s’amie »). Pronom démonstratif mais qui ne renvoie à personne en particulier (il n’est pas anaphorique) maintient le propos dans une certaine universalité. La plupart des textes galants de l’adolescence relève d’un topique galant littéraire (de celui qui..). On est d’avantage sur un jeu sur les codes et une déclinaison des différentes figures/différentes scénettes que sur l’expression d’un poète amoureux.

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