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Les caractères de Jean de la Bruyère

Dissertation : Les caractères de Jean de la Bruyère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2022  •  Dissertation  •  2 233 Mots (9 Pages)  •  6 476 Vues

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Dissertation : littérature d’idée : parcours Comédie Sociale : Les Caractères

En 1688, Jean de la Bruyère s’appuie sur les propos de Théophraste pour écrire Les Caractères. C’est la grande œuvre de La Bruyère, qu'il n'a cessé de compléter, et de rectifier toute sa vie. Après une dizaine d’éditions, les observations de Théophraste laissent entièrement la place à la critique de La Bruyère de ses contemporains. Dans les livres V à X des Caractères, il offre une peinture colorée de la vie en société à la ville et à la cour. Au 17ème siècle, de nombreux écrivains s’inscrivent dans une ère de moralistes, dont William Shakespeare fait partie. Celui-ci écrit alors dans Le Marchand de Venise en 1597 : «  Je tiens ce monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle ». Nous nous demanderons dans quelles mesure peut ont dire que Les Caractères illustrent cette conception du monde que décrit Shakespeare, ou en d’autres termes quels sont les points communs qui lient les œuvres des de ces deux écrivains du XVIIe siècle dans leurs réflexions.

Comment la Bruyère représente le monde du XVIIe siècle comme un théâtre de la société?  Tous d’abords nous verrons que le monde du 17ème siècle s’organise comme un théâtre, ensuite la place occupée par chacun au sein de la société. Enfin nous  chercherons à comprendre de quel type de théâtre peint La Bruyère.

Shakespeare a dit : « Je tiens le monde pour ce qu’il est, un théâtre ».  Pour lui, le monde n’est qu’illusion théâtrale, les hommes se cachent derrière des personnages. Dans les Caractères, La Bruyère décrit la ville et la cour comme un théâtre.

Dans la première remarque du livre XVII, on comprend que toute action d’un Homme est un spectacle, destiné à être vu : « L’on se donne à Paris […] pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres ». Au 17ème, les nobles organisaient des salons dans lequel on abordait la littérature argumentée, les belles paroles. C’était une façon de se faire remarquer et de s’observer. De plus, les plus riches qui se baladent à la Cour ne sont là que pour se montrer. Les Hommes à la Ville s’observent. Mais « les hommes n’aiment point admirer, ils veulent plaire » (De la Société de Conversation). La Bruyère décrit même un « spectateur de profession » qui passe sa vie à fréquenter la Cour et la Ville pour voir et être vu (Remarque 13 du livre VII). Et le plus important est d’être bien vu après le roi, alors « Milles gens à peine connus font la foule au lever pour être vu du prince » (de la cour, remarque 71). A la ville, les hommes sont rattachés les uns et les autres par le regard, qui déclenche la comparaison, la malveillance et la moquerie. Or selon La Bruyère « la moquerie est souvent indigence d’esprit ». Il montre que les hommes cachent leur manque d’intelligence derrière un regard.

La Bruyère, qui a lui-même occupé une place privilégiée auprès des Grands en tant que précepteur puis gentilhomme du Duc de Bourbon, dénonce l’hypocrisie des hommes et la société du paraître. En effet, tous les hommes accordent de l’importance sur l’image qui est renvoyée d’eux. Dans le livre « de la Cour », les remarques 31 à 33 dénoncent l’intérêt des hommes pour les personnes en haut de l’échelle sociale, ils souhaitent être bien vus. Mais tous souhaitent aussi la chute de l’autre, c’est une société hypocrite est malveillante qui est décrite à la Cour. La fausseté des personnes détruisent le naturel et les relations entre les hommes : tout est comédie. Chacun met en scène sa fortune dans une société d’artifice hypocrite. Les vraies relations se font rares, puisqu’on se rapproche des Grands pour être important. En effet « de tous ceux qui s’empressent auprès des Grands et qui leur font la Cour, un petit nombre les honore dans le cœur, un grand nombre les recherche par des vue d’ambition et d’intérêt ».

Même si la Bruyère n’écrit pas du théâtre, il utilise des procédés qui jouent sur la dimension théâtrale lorsqu’il crée des portraits. En effet, il met un personnage en scène en le décrivant, puis le met en situation afin de découvrir son caractère de façon plus frappante. Par exemple Arrias dans le livre X est un personnage dans la démesure. « Arrias à tous lu, a tout vu ». Mais le personnage se retrouve face à un problème, il a la vérité en face de ses yeux. La fin du portrait est réalisée comme une chute qui nous rapproche du théâtre, en particulier d’une saynète de comédie avec un comique de situation. L’écriture de la Bruyère peut se faire théâtrale : certaines remarques adoptent la forme d’un dialogue, comme dans le portrait d’Acis « Que dites-vous ? Comment ? Je n’y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? J’y suis encore moins … » Ces dialogues sont fait pour être entendre, ou pour être joués. De plus la forme des textes peut laisser à penser que chaque changement de livre peut se référer à un changement de décors, comme un changement de lieu et donc de point de vue, et peut faire penser à la séparation entre plusieurs actes d’une pièce de théâtre.

La Bruyère présente la société comme un théâtre du monde, d’un monde hypocrite ou le but unique est de paraitre important, d’être sur le devant de la scène de ce théâtre. Qui sont les acteurs de ce théâtre ?

D’autre part, nous verrons que les hommes sont les personnages du théâtre où, selon Shakespeare, « chacun doit jouer un rôle ». En effet, chaque personne est organisée dans la société comme sont organisés les acteurs d’une pièce de théâtre : le théâtre du monde. La Bruyère décrit la cour comme « un pays ou les joies sont visibles, mais fausses, et les chagrins cachés, mais réels » (remarque 63).

Les hommes et les femmes sont des acteurs qui se cachent derrière des costumes et maquillage, qui font l’effet d’un masque qui cachent leur véritable apparence. Ils ne sont véritablement que des simples personnes que dans leurs foyers, à l’abri des regards. A la cour, sous les lumières des projecteurs, chaque courtisan est acteur « maître de son geste, de ses yeux et de son visage » (remarque 2 du livre VII). Chacun cherche un public. Certains utilisent des accessoires, par exemple, Giton, dans des Biens de Fortune, est exposé de façon à être vu, et utilise son chapeau, signe de richesse et de noblesse. Son entourage le respecte à la simple vue de sa tenue et de sa position. Giton « se croit du talent et de l’esprit » car derrière le riche personnage qu’il incarne se cache un homme qui « dort le jour », qui « dort la nuit ». La Bruyère dénonce la supériorité de l’argent sur la vertu dans de nombreuses remarques.

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