Les caprices de Marianne acte 1 scène 1

Analyse Acte I scène 1 Les Caprices de Marianne

La pièce de théâtre débute alors que Marianne, un des personnages principaux, est apostrophée par Cuita, une vieille femme. Cette première scène de la pièce des Caprices de Marianne, écrite par Alfred de Musset et parue en 1833, présente tour à tour les personnages de Cuita, Marianne, Coelio, Claudio et Tibia. L’histoire commence in media res, alors que Cuita se fait la messagère de Coelio afin d’annoncer à Marianne que le jeune homme est amoureux d’elle. Cette pièce prend l’apparence d’une comédie dès l’ouverture à cause des personnages grotesques et bouffons que sont Claudio et Tibia. La bouffonnerie se mêle au marivaudage et à une tension tragique liée à l’amour malheureux de Coelio pour Marianne. L’œuvre semble donc suivre le mélange des tons et des genres dont a parlé Victor Hugo dans sa préface de Cromwell, faisant des Caprices de Marianne un drame romantique. Cependant, certains éléments rappellent le classicisme, tels que le dépouillement de l’action et son unité, ainsi que le respect d’un même lieu (la pièce se déroulant dans la ville de Naples en Italie). Cette scène d’exposition présente donc aux lecteurs et aux spectateurs l’environnement spatio-temporel, les personnages et leurs relations, et donne les clés de l’intrigue.

[Lecture]

L’amour tragique et le grotesque sont les dynamiques de la pièce. La première scène commence avec Cuita qui demande à parler à Marianne, alors que cette-dernière sort de chez elle afin de se rendre à l’église, dans le but d’annoncer à la jeune fille l’amour que Coelio lui porte. Marianne s’offusque de la révélation que lui fait la vieille femme et la menace de tout révéler à son mari si elle continue de parler. Coelio rencontre alors Cuita une fois Marianne partie, mais celui-ci est déçu puisque son amour n’est pas partagé. La scène continue avec l’apparition de Claudio, le vieil époux de Marianne, et son valet, Tibia. Le vieux juge établit un plan afin de mettre fin aux sérénades des amants de sa femme et projette de les faire assassiner, par jalousie et démesure. La scène d’exposition montre donc les thèmes de la pièce, qui sont l’amour et le grotesque, mais elle révèle également des éléments qui permettent aux lecteurs et spectateurs d’anticiper la fin et d’avoir un horizon d’attente. L’intrigue est donc dévoilée par la mise en scène de l’amour : l’annonce d’un amour à Marianne présente la situation (I), le mal-être amoureux de Coelio révèle son attrait pour la mort et donc l’avenir du personnage (II) et enfin la jalousie amoureuse grotesque de Claudio préfigure le dénouement de la pièce (III).

Partie I : L’annonce d’un amour :

Pour commencer, nous allons voir, dans le dialogue entre Marianne et Ciuta, l’annonce d’un amour. La scène 1 de l’acte I s’ouvre sur un court dialogue entre Marianne et Ciuta. Nous avons aussi des informations sur le lieu où elles se rencontrent et sur leurs activités : « Une rue devant la maison de Claudio. » et on sait que Marianne part pour la messe puisqu’elle tient un livre de messe entre les mains. On peut directement remarquer une opposition entre les deux femmes : d’un côté on a Marianne qui est une jeune fille et de l’autre côté on a Ciuta qui est une vieille femme. D’ailleurs, Ciuta aborde Marianne en disant « Ma belle dame ».

Il y a également une opposition entre la connaissance de Ciuta et l’immaturité de Marianne. D’un côté, on a Ciuta qui est une vieille femme qui a déjà vécu, elle traine dans les rues, elle a l’expérience de l’âge. Elle connait très bien Coelio qui est un jeune homme riche et d’une noble famille. C’est elle qui informe en premier Marianne de l’amour que Coelio a pour elle. Si elle lui en parle c’est parce qu’elle estime Coelio assez bon pour Marianne et inversement. Elle a un côté maternel envers Coelio en lui apportant son aide. De l’autre côté, on a Marianne qui est immature, elle sort d’un couvent, elle n’a que 19 ans et passe son temps à la messe. Il y a un manque d’instruction et de confiance en elle lorsqu’elle dit à Ciuta « J’en instruirai mon mari ». Dans la Préface écrite par Florence Naugrette, il est dit « certains commentateurs interprètent la pruderie de Marianne comme le signe d’une méconnaissance totale des choses de la chair » étant donné que Marianne s’est mariée très jeune avec Claudio, qui est un homme très vieux et qui a certainement déjà connu les expériences de la chair.

Déjà dans ce très court échange, on a déjà une partie importante d’une scène d’exposition qui est une partie de l’intrigue : on sait que Coelio aime Marianne depuis plus d’un mois mais que celle-ci n’est pas intéressée.

Une fois Cuita mise au courant que Marianne ne partage pas l’amour de Coelio, celui-ci rentre en scène et dévoile le devenir de son personnage mélancolique…

Partie II : un mal-être amoureux qui mène à la mort : le personnage de Coelio :

Ensuite, nous allons aborder le thème de l’amour voué à l’échec lors du dialogue entre Coelio et Cuita. Marianne vient juste de quitter la scène et Coelio entre à la suite, afin de connaître la réponse

...