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Lecture Analytique : " le désir De Peindre " De Baudelaire

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Par   •  2 Décembre 2014  •  1 725 Mots (7 Pages)  •  29 103 Vues

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Lecture analytique

«  Le désir de peindre »

Sorcières thessaliennes : Dans la Grèce antique, sorcières qui font descendre la lune lors de rituels.

Intro :

Poème qui reprend le thème de la peinture très présent chez Baudelaire : on songe à la section «  Tableaux Parisiens » des Fleurs du Mal ou certains textes du Spleen de Paris comme le « joujou du pauvre » avec l’allusion à la «  peinture idéale ».

Thème qui s’inscrit dans la filiation de l’œuvre d’Aloysius Bertrand qui voyait ses poèmes en prose comme des bambochades, c’est-à-dire de petits tableaux qui présentent des scènes champêtres ou de la vie quotidienne.

Dans ce texte, Baudelaire évoque la difficulté pour l’artiste de peindre une femme : c’est ce qu’évoque le titre «  Le désir de peindre » ; de manière implicite, c’est un désir non assouvi. Poème de l’échec de la création artistique.

Un procédé au centre du poème : L’EKPHRASIS = description verbale d’un objet artistique, d’un tableau par exemple.

Le poète veut peindre une femme qu’il n’a vu qu’une fois : ce texte est à rapprocher du poème «  A une passante » dans les FDM.

Comment le poète évoque-t-il les difficultés de la création artistique tout en célébrant cette femme ?

I Le portrait de la femme

1°) Une femme insaisissable

La première chose que nous constatons est le caractère fugitif de cette femme :

double intensif « si » l.2 = «  si rarement » et «  si vite » = difficulté de représenter celle qu’il n’a qu’entrevue.

Référence à un passé qui rend difficile toute représentation car le souvenir l’efface = «  Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu ! » «  (l.3). Difficulté mise en valeur par la modalité exclamative de la phrase ainsi que par la structure intensive «  Comme » qui insiste sur l’éloignement temporel de cette entrevue.

Comparaison à «  une belle chose regrettable » ( l.3 ) que le voyageur ne peut percevoir. Comparaison qui exprime toute la fugacité de cette rencontre, son caractère éphémère qui rend toute représentation précise problématique.

Cette dimension insaisissable est complétée par l’indétermination dans l’identité et la désignation de cette femme :

d’abord désignée sous la forme d’une périphrase l.2 «  celle qui m’est apparue »

Reprise pronominale qui émaille tout le poème avec la répétition de «  Elle » sans que la référence de ce pronom soit clairement établie.

Pronom démonstratif «  celle-ci » dans le dernier paragraphe : elle appartient au groupe général des «  femmes » ( hyperonyme et extensité maximale du substantif exprimé par la structure présentative à valeur d’existence «  Il y a »), ce qui renforce la difficulté à la préciser. Cette femme appartient à un groupe, mais il est difficile de la singulariser, de la décrire avec précision.

Cette dimension est également présente dans la thématique de l’obscurité qui est présente dans tout le poème.

2°) Un portrait entre lumière et obscurité

Cette femme est décrite entre deux teintes opposées que sont la lumière et l’obscurité, qui se retrouve réuni dans :

L’antithèse « explosion/ ténébre » l.7 ou l’oxymore «  Soleil noir » de la ligne 8 = référence au poème «  El Desdichado » de Gerard de Nerval dans Les Chimères «  Porte le Soleil Noir de la mélancolie ». Intertexte frappant mais que Baudelaire assimile à quelque chose d’impossible avec la proposition qui le complète «  si l’on pouvait … » l.8 ( l’expression d’une chose impossible est un adynaton ).

L’isotopie de l’obscurité est très présente :

« La nuit »l.3

« le noir abonde » l.5

«  tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond » = structure avec le relative périphrastique «  tout ce que » qui semble réduire cette femme à son obscurité.

«  une nuit orageuse et bousculée par les nuées » = les nuages appuient l’obscurité car ils rendent sa caractérisation difficile.

L’isotopie de la lumière vient contraster celle de l’obscurité :

«  scintille vaguement » l.6 mais l’adverbe «  vaguement » vient modaliser, atténuer cette lueur.

« Son regard illumine comme l’éclair » = forte lueur et comparaison avec l’éclaire qui insiste sur la luminosité mais le mot «  éclair » insiste aussi sur la brièveté de cet éclat lumineux.

L’allusion aux « Sorcières thessaliennes » de la ligne 13 semble en effet être une allotopie ( réunion de deux isotopies contraires, ici la lumière et l’obscurité ) : rapporté par Lucain dans La Pharsale , cet épisode, qui est une mise en scène mythologique de l’éclipse lunaire, narrativise en quelque sorte le contraste entre lumière et obscurité donc le «  soleil noir », lié traditionnellement à la «  hantise de l’obscurcissement du soleil » propose une image synthétique.

3°) La célébration esthétique de cette femme inconnue

Cette femme est célébrée et le poète déploie les ressources du registre épidictique pour en faire l’éloge :

répétition de l’adjectif «  belle » avec la tournure superlative «  plus que belle »

adjectif «  petit » l.15 qui a une valeur esthétique mais aussi hypocoristique ( «  expression de l’affection »)

«  grâce inexprimable » = tournure méliorative

métaphore «  superbe fleur éclose » de la ligne 18 qui est une célébration de sa beauté.

Cette célébration

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