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Lecture Analytique du roman La Peau De Chagrin de Honoré de Balzac; Partie « L'agonie »

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Par   •  14 Juin 2014  •  1 484 Mots (6 Pages)  •  3 616 Vues

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PREMIER AXE : LA THEATRALISATION DE LA RENCONTRE

Balzac s’amuse à imaginer la rencontre amoureuse de Raphaël et de Pauline « à l’ouverture du second acte » d’un spectacle pour marquer que les deux protagonistes peuvent entamer une seconde histoire (la première se résume par une fréquentation amicale détaillée dans l’analepse du roman (cf. la femme sans cœur), la seconde aboutira à une passion mortifère). Le lieu (ici le Théâtre Favart) est symbolique de cette rencontre nécessaire et dramatique pour que Raphaël accélère son agonie.

 C’est un lieu collectif, mondain, où se croisent quasiment tous les personnages du roman (sont cités dans l’extrait Emile, Rastignac, Madame Nucingen, Taillefer, Aquilina et Euphrasie, mais aussi juste avant l’extrait, Foedora et le vieillard du magasin d’antiquités qui semble avoir rajeuni). Cette scène chorale a deux objectifs : renforcer la solitude forcée de Raphaël qui doit lutter contre le désir, or le désir c’est l’autre ! – inverser le point de vue sur cet univers : le spectacle se trouve dans la salle et non sur scène.

 C’est un lieu du regard où chacun s’observe : on note le champ lexical du regard fortement employé : yeux / regardèrent / jumelles / lorgnettes / contempler / regarde / regarder / lorgnon / regardant. Le croisement des regards permet à Balzac de construire le thème de la tentation. Raphaël qui refuse de regarder finira-t-il par succomber ?

 C’est enfin un lieu artistique où les spectateurs sont censés connaître une émotion esthétique. Or l’émotion esthétique ne se signale pas par le goût de la musique qu’on joue (« les musiciens de l’orchestre sont gênés par la salle : ils « se tournèrent d’abord pour réclamer le silence ») mais par la présence de la belle inconnue : Pauline. Notons, à ce propos, que Balzac utilise une hyperbole pour renforcer le choc esthétique que celle-ci provoque parmi le public : « ils s’unirent aux applaudissements », comme si Pauline était applaudie à la place du spectacle.

Comme dans une salle de spectacle que l’on détaille du regard, Balzac va jouer sur le contraste entre le collectif et les individualités. Une métaphore permet de fixer l’effet de foule : le parterre est associé à la mer (« cette mer de faces humaines agita ses lames intelligentes ») pour donner l’idée du mouvement, d’une agitation par vagues. Les pluriels accentuent la notion de foule (« tous les yeux » (la synecdoque est évidemment utilisée), « jeunes et vieux », les femmes », « les vieillards », « les riches », « quelques hommes ». Opposés à ces pluriels, les singuliers permettent de donner la dimension unique et extraordinaire de la beauté de Pauline. Pour ménager le suspense, son prénom ne sera révélée, par focalisation interne, qu’à la fin de l’extrait, par Raphaël lui-même. Elle est donc nommée « l’inconnue », « la voisine de Raphaël », « la belle créature », « la divine inconnue », « la voisine ». Ce contraste fait de Pauline le point de mire de toute la salle.

Raphaël, lui, ne veut pas regarder. Il est du côté de la laideur, de l’absence volontaire d’esthétique puisqu’il porte un lorgnon « dont le verre microscopique artistiquement disposé détruisait l’harmonie des plus beaux traits en leur donnant un hideux aspect ». Ce détail très fantaisiste répond à l’ « admiration » unanime de la salle et symbolise sa lutte contre le désir. Transformer la beauté en laideur est un gage de survie.

En revanche, Balzac théâtralise un peu plus l’effet que produit Pauline sur la foule en donnant une interprétation symbolique de tous ces regards. La phrase centrale du texte est une pensée supposée d’Emile qu’interprète Raphaël : « - Mais regarde donc la belle créature qui est près de toi ! », phrase qui se résume à une invitation impossible à réaliser.

Bien évidemment Balzac joue sur le contraste entre la proximité et la distance. Pauline très proche (matériellement mais aussi amoureusement) de Raphaël, va provoquer le mouvement de tête du jeune homme vers la jeune femme que tout le monde attend. Pourquoi Raphaël se retourne-t-il ? Parce que la fin du texte développe la sensualité de la jeune femme, tout d’abord par des verbes comme « effleuraient », « sentit », « communiqua », « transmirent », « respirèrent », « enivrer ». Les sens semblent exacerbés : l’odorat (aloès), le toucher (épaule chatouillée) mais aussi tous les attributs féminins du costume (de la robe, mais on pourrait l’appeler un costume tant elle est actrice ici) qui, par une phrase très ample, par une succession de points-virgules,

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