Le théâtre sartrien
Documents Gratuits : Le théâtre sartrien. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 28 Avril 2013 • 1 290 Mots (6 Pages) • 1 490 Vues
Le théâtre sartrien
Sartre sinscrit dans une continuité dramaturgique et inaugure un nouveau mode de représentations avec un théâtre didées.
Les idées mises en scène se réalisent en actes. Son théâtre se fonde sur une réflexion quant à laction, ses mobiles, son accomplissement, et sa représentation. La dramaturgie sartrienne aspire au dépouillement, à la simplicité. Laction requise se concentre sur un acte choisi qui doit se manifester dans une épure. Il tourne le dos à la psychologie du théâtre de caractères.
Le théâtre de situation détournant son théâtre de la psychologie classique qui fixe des caractères a priori, qui dans les pièces se traduit par des heurts de personnalités, Sartre loriente vers une phénoménologie qui met en évidence la totale liberté des êtres à saccomplir dans une situation donnée.
Le théâtre des consciences : les personnages ne réagissent pas selon des sentiments, ils ne sont pas prédéterminés par des traits personnels. Ce sont des consciences qui jugent « je ne suis rien que le regard qui te voit, que cette pensée incolore qui te pense » déclare Inès à Garcin. Ils se présentent à nu, sans ego caché que le spectateur pourrait découvrir. Le personnage se fait sous les yeux du public.
La règle des trois unités est reprise au plus serré, avec un espace réduit, un temps aussi bien infini que concentré sur un instant, et une seule action.
Les combinaisons entre les personnages ne viennent pas dune disposition scénique mais de lévolution des relations interindividuelles. Sartre na recours à aucune péripétie, livrant au spectateur une scène dépouillée.
De même, les objets ont perdu à la fois leur valeur décorative et leur valeur dusage. Ainsi le coupe-papier ne sert à rien puisquil ny a plus rien à couper ; il na même aucune efficacité lorsque Estelle sen empare pour tuer Inès. Et si les objets peuvent encore détenir quelque importance, cest par défaut : ainsi des miroirs dont labsence oblige les personnages à sinventer des reflets. Le dépouillement des objets saccorde avec le déshabillage des consciences.
Une philosophie mise en situation :
- Pendant que lautre me juge, il fait certes de moi son objet, mais en même temps je le juge, cest à dire que je fais de lui mon objet. Simultanément nous sommes donc sujet pensant et objet pensé.
- en me pensant, lautre établit un jugement sur moi, un jugement dont je vais tenir compte pour me connaître désormais. Lautre moblige à me voir à travers sa pensée, comme je loblige réciproquement à se voir à travers la mienne.
Cest ce que démontre Huis clos tout au long de sa trame.
Pour résumer, je dépends de lautre qui dépend de moi : cycle infernal que commente la célèbre formule à la fin de Huis clos : « Lenfer, cest les Autres ».
Estelle et Garcin sont des lâches par excellence et toute la mécanique de la pièce tend à percer les excuses quils ont construites pour se protéger :
- dabord le respect des conventions sociales de politesse et de bienséance doit interdire aux autres de questionner et interroger brutalement. Dès le début de la pièce, Garcin propose aux deux femmes de garder entre eux la plus extrême politesse. Estelle joue à la femme du monde effarouchée par les mauvaises manières de Garcin et par la situation sociale dInès (employée des postes).
- Rapidement ce fragile obstacle sera renversé sous leur curiosité mutuelle, et le tu signifiera la mise à nu des êtres.
- Garcin et Estelle évoque chacun à sa façon la nécessité pour expliquer leur vie, ils tentent de se décharger ainsi de leur responsabilité. Mais Garcin peut-il espérer quon oublie sa fuite, que les événements linnocentent ? La pauvreté dEstelle peut-elle excuser son mariage de raison avec un homme dâge , le respect de son mari, son infanticide ?
Ils réussissent à renverser à ce point les choses quEstelle pourrait passer pour « une petite sainte » et Garcin pour « un héros sans reproche », nétait Inès qui les juge
Ils cherchent à aveugler les autres pour mieux saveugler.
Huis clos ou comment les hommes se mentent entre eux et comment ils se mentent à eux-mêmes
La construction : un seul acte, une absence dintrigue, attente inutile dune fin existante, et la pièce se situe hors dun cadre réaliste, dans un univers fantastique : le lieu énigmatique de lenfer.
La progression
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