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Le théâtre, littérature ou mise en scène ?

Dissertation : Le théâtre, littérature ou mise en scène ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Novembre 2016  •  Dissertation  •  2 742 Mots (11 Pages)  •  731 Vues

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El achkar Ali

Dissertation

Sujet : d’après votre expérience de lecteur et de spectateur, pensez-vous que le théâtre puisse se suffire à lui-même (en tant que forme littéraire) ou qu’au contraire il soit lié à la représentation, à la mise en scène ?

Le théâtre est un art assez exceptionnel. En effet, il se distingue des autres genres littéraires car il peut être à la fois une représentation et une œuvre littéraire. Il était au début dans la Grèce Antique exclusivement une représentation, mais il a toujours gardé une dimension rituelle qui incite à considérer cet art avec un respect parfois disproportionné ou, au contraire, à le remettre en question par provocation ou par désir d'en faire ressortir l'intemporalité. Au XIXe siècle, les romantiques s'en sont emparés pour y exprimer leur quête d'absolu ; mais les contraintes techniques et morales de cette époque ont poussé les dramaturges à imaginer des intrigues détachées des règles de forme et de bienséance. Mais le théâtre peut-il se suffire à lui-même, ou au contraire, est-il lié à la représentation, à la mise en scène ?

Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier lieu que le théâtre est un art du spectacle et une représentation qui demande des comédiens et un public. Cependant, le théâtre peut aussi être appréhendé comme un texte. Enfin, nous verrons que le théâtre et le texte tissent un lien étroit entre eux et peuvent être considéré comme une entité.

En Grèce au Vème siècle avant J.-C., lors des fêtes du dieu de l’ivresse de la création, Dionysos, des représentations théâtrales étaient données. Ces cérémonies de théâtre avaient alors un enjeu religieux, social et éducatif. A cette époque-là, le théâtre était exclusivement une représentation, il n’y avait pas de texte. D’ailleurs, le mot théâtre vient du mot grec « Theatron » qui désigne un lieu de représentation. Le mot « Theatron » lui-même est issu du verbe « Theastoi » qui signifie « voir »,  « regarder ».

Le but du théâtre à cette époque, et c’est toujours le cas, est de distraire, d'amuser ou d'émouvoir. Le théâtre inspire au spectateur des passions, des sentiments nouveaux pour lui. Il lui offre des exemples héroïques qui lui plaisent parce qu'il se substitue facilement et volontiers au héros, car le théâtre reflète un peu la vie populaire et les civilisations, c’est pour cela qu’en plus de ses buts premiers dictés par la doctrine de « l’art pour l’art », il prît une portée morale. Il était inévitable que les créateurs des fictions dramatiques eussent l'idée de leur donner un sens moral d'une éthique particulière à eux ou à des groupes. Le théâtre, tout en étant un déroulement d'action et d'images plus ou moins merveilleux, propres à amuser ou à terrifier, a pris un caractère pédagogique, philosophique et social.

Contrairement à la lecture, le théâtre n’est pas un plaisir solitaire : des centaines de spectateurs vibrent ensemble, rient, applaudissent, partagent les mêmes sentiments. Un courant passe entre la scène et la salle, comme le décrit bien Paul Claudel dans sa pièce L'Echange, où l'héroïne, Lechy, qui est actrice, dit : « Quand je crie, j'entends toute la salle gémir ». On rit beaucoup plus en voyant une représentation de Rhinocéros d’Ionesco que lorsqu’on lit la pièce. D'ailleurs certains textes ou certaines mises en scènes font appel aux spectateurs, les interpellent. Parfois même ils leur donnent un rôle 

Grâce aux acteurs, le spectateur associe un visage à chacun des personnages. Le caractère de ceux-ci est alors mieux compris, celui-ci est perceptible par les mimiques ou les intonations que produisent chaque acteurs. Le costume est un élément des plus important de la représentation, il met en évidence leur milieu social, leur relation entre eux et leur statut. Dans Don Juan de Molière, la mort du héros en fin de pièce n’est pas expliquée clairement. Ce n’est que lors de la représentation que le spectateur la perçoit. La scène finale où le héros est foudroyé par le ciel lorsqu’il touche la main de la statue du Commandeur, continue, depuis le XVIIe siècle, à frapper les spectateurs et ne prend toute sa force que sur scène. On comprend mieux la situation terrible dans laquelle se trouve Bérenger à la fin de Rhinocéros lorsqu’on entend les musiques militaires allemandes ou qu’on le voit seul, les mains vides, entouré de bêtes féroces. On peut également remarquer que lors de la représentation, les effets comiques sont amplifiés alors qu’à l’écrit ils sont presque imperceptibles. Dans On ne badine pas avec l’amour, le comique de geste, de répétition et de langage n’est mis en relief que sur scène. Par exemple, dans la scène 4 de l’acte II, on a un comique de langage. Maître Blazius se répète sans cesse et lors de la représentation sur scène, le comique est mis en évidence tandis que lors de la lecture, ce langage parait lourd et incompréhensible.

Certains points implicites à l’écrit sont clairement mis en évidence lors de la mise en scène. Le rôle que les acteurs jouent prend alors vie et la présence de ceux-ci rend l’œuvre plus compréhensible.

Comme Molière l’a si bien dit dans la préface de L’amour Médecin « On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. ».

Lors d’une représentation, le metteur en scène met en valeur sa propre vision de la pièce, que ce soit de manière importante ou non. C’est pour cela que la mise en scène d’une pièce est très complexe, mais c’est aussi pour cela qu’elle fait toute la différence entre le texte et la représentation.

Se contenter de lire le théâtre, c’est se priver d’un aspect très important de cette forme artistique, qui a la particularité d’être un art  « vivant » : la présence sur scène d’acteurs en chair et en os qui incarnent les personnages permet le phénomène de « l’illusion ». Le spectateur confond vite la fiction et la réalité, et se sent davantage concerné.

Mais malgré tout cela, on peut se contenter de lire une pièce de théâtre. En effet, la lecture seule suffit à la compréhension de celle-ci. C’est d’ailleurs d’abord un texte littéraire, qu’il n’est pas interdit de découvrir et étudier sur le papier, avec tous les avantages de la lecture : une pratique solitaire, silencieuse, qui permet d’entrer dans l’univers d’un écrivain, de savourer son style, de remarquer ses techniques, d’analyser ses pensées…La lecture permet de s'approprier le texte. Livre en main, on peut en prendre possession par des relectures, des retours en arrière, des notes personnelles...

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