Le théâtre et Molière

Le théâtre est un art de la représentation, certains metteurs en scène appelés naturalistes cherchent à reproduire sur scène la nature humaine au plus près de sa vérité scientifique. Le but est que le public oublie qu'il est au théâtre et qu'il croit voir la réalité se jouer devant lui.

Pour commencé, le théâtre retranscrit la réalité à travers la représentation. Dans cette dernière, la scène et la salle partagent le même espace et la même temporalité.

Le décor au théâtre désigne le lieu et l'environnement dans lesquels se passe l'action. Nous découvrons le décor dès le lever de rideau. Comme dans Ruy Blas, la longue didascalie initiale, description minutieuse du salon de Danaé dans le palais royal de Madrid, devient une réalité concrète, quel que soit le choix du scénographe.

De plus, l'incarnation des personnages est un choix délicat car il engage l'interprétation de la pièce. Si la représentation est marquante, le personnage joué sera désormais assimilé au visage de son acteur. Comme Gérard Philipe , devint le Cid pour toute une génération après son interprétation au TNP dans la mise en scène de Jean Vilar.

L'action représentée rend la scène réel, à la lecture: on imagine; à la représentation: on voit. Dans la scène d'exposition de Le Tartuffe: l'énergie de Mme Pernelle, son abattage apparaît sur scène avec une évidence qui peut échapper à la lecture. « On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. ».

La double énonciation correspond à une énonciation s'adressant à deux destinataires distincts. De manière générale, le théâtre est une double énonciation en ce sens qu'un personnage, sur scène, lorsqu'il s'adresse à un autre personnage, s'adresse également aux spectateurs. La double énonciation sert également à l'auteur pour faire passer un message au public par l'intermédiaire des acteurs. Le personnage sur scène parle en double énonciation quand il interrompt le dialogue pour parler au public ou dire sa pensée à part, pour lui, sans que l'autre personnage présent sur scène ne l'entende. L'Illusion comique de Corneille, Acte V, scène 5: l'apologie du théâtre que fait Alcandre s'adresse autant à Pridamant qu'aux spectateurs.

Une pièce ne semble pas seulement naturelle parce qu'elle copie des sentiments universels comme le tristesse, la haine, la joie, elle peut aussi se pencher sur des conflits sociaux de l'époque observables par le spectateur dans sa vie de tout les jours. Dom Juan ou le Festin de pierre s’inscrit dans un projet de Molière de dénoncer les vices du siècle, en particulier l’hypocrisie.

Enfin, outre les sentiments et les situations inspirés de la réalité pour être mis en scène, le jeu même des acteurs suscite du réel, de son propre vécu pour exprimer des émotions. Stanislavski, metteur en scène russe, suggérait à ses élèves, pour jouer le désespoir, de visualiser une situation dans laquelle ils avaient éprouvé ce sentiments, comme un deuil. Le bon acteur serait celui qui est sur scène comme dans la vie, qui exprime des émotions qu'il a vécu, de la façon

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