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Le théâtre

Analyse sectorielle : Le théâtre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 551 Mots (7 Pages)  •  692 Vues

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Tout art, qu'il s'agisse des arts picturaux ou de la littérature, pose la question importante de son rapport au monde et de sa fidélité par rapport au réel qui l'inspire. Parmi les genres littéraires, le théâtre plus encore que les autres a la particularité de représenter, de rendre présents, sous le regard du spectateur et par l'intermédiaire d'un spectacle vivant, des scènes inspirées de nos existences d'hommes. Il nous renvoie donc une image vivante de nous-mêmes. Mais dans quelle mesure peut-on affirmer comme le dramaturge Eugène Ionesco que le théâtre « rejoignant une vérité universelle », « me renvoie mon image » et qu'il est miroir ? À travers cette réflexion se pose bien sûr la question de la fidélité de cette image théâtrale par rapport à la réalité vécue par le spectateur mais aussi celle de l'universalité de cette image qui dépasse les particularités d'existences singulières. Autrement dit, le spectateur peut-il se reconnaître dans l'Antigone de Sophocle créée cinq siècles avant Jésus-Christ, ou dans le Dom Juan de Molière créé au xviie siècle aussi bien que dans Les Bonnes de Jean Genet, pièce écrite en 1947 et inspirée par un fait divers contemporain, celui des sœurs Papin, deux employées de maison qui ont sauvagement assassiné leurs patrons ?

Nous verrons dans un premier temps que le théâtre peut être effectivement un miroir dans lequel peuvent se reconnaître aisément les spectateurs, quelle que soit l'époque, voire la partie du monde dans laquelle ils vivent. Puis nous montrerons dans un deuxième temps que ce miroir est déformant parce que le dramaturge opère une nécessaire transformation du réel. Enfin, nous nous interrogerons sur ce qui fait l'originalité et la valeur d'une œuvre théâtrale ; sa capacité à s'écarter de l'imitation du réel pour accéder à une vision du monde plus universelle qui permet aux spectateurs de donner plus de sens à leur existence à travers les destins emblématiques auxquels ils sont confrontés.

I. Le théâtre est un miroir fidèle qui renvoie aux spectateurs leur propre image

1. Le théâtre met en scène des situations, des sentiments qui ont une dimension universelle

L'amour, par exemple, qui est bien sûr le plus souvent contrarié puisque l'action dramatique repose essentiellement sur le conflit. C'est la cause de tragédies, comme celle de Racine qui peint en Phèdre une amoureuse incandescente qui se consume d'un amour impossible pour son beau-fils Hippolyte et connaît les affres de la jalousie quand elle apprend qu'elle a une rivale en la jeune Aricie ; ou comme celle de Shakespeare dont les jeunes héros, Roméo et Juliette, incarnent parfaitement les amours contrariées par des querelles familiales : Roméo Montaigu a eu le bonheur mais aussi le malheur de connaître le coup de foudre en découvrant un soir de bal la belle Juliette, fille des Capulet, une famille ennemie de la sienne. Combien de spectateurs peuvent vibrer avec lui quand il s'exclame : « Mon cœur a-t-il aimé avant ce jour ? Mes yeux, jurez que non. Jamais avant ce soir je n'avais vu la vraie beauté ! » Combien aussi ont ressenti la même souffrance d'être séparé de l'être aimé, dont témoigne la nourrice de Juliette qui répond à la question de Roméo : « Que dit ma secrète épouse de nos amours proscrites ? – Oh, elle ne dit rien Monsieur, elle pleure et pleure encore, elle s'effondre sur son lit, puis d'un coup se redresse,[…] elle crie Roméo et elle retombe ensuite à nouveau. » Les drames ou les comédies romantiques bien sûr font de l'amour malheureux leur thème privilégié, comme celles de Musset. Nombre de spectateurs peuvent se reconnaître dans le badinage amoureux auquel se livrent Camille et Perdican, qui finissent par s'y perdre et perdre l'innocente Rosette qu'ils entraînent dans ce jeu dangereux où l'orgueil se dispute à l'amour, qui finit par triompher mais à quel prix ! Ils apprendront à leurs dépens qu'« on ne badine pas avec l'amour ». Le titre en forme de proverbe, de vérité générale, ne peut que nous interpeller ! Mais le théâtre nous renvoie aussi fréquemment notre image quand il confronte ses héros à la mort, autre situation conflictuelle universelle puisque cette issue inéluctable se heurte à notre désir de vivre. Dans sa pièce Le roi se meurt, Ionesco nous montre un personnage qui ne peut se résoudre à mourir, qui crie son désarroi à son peuple, l'appelle « au secours », espérant être sauvé, et exprime sa peur : « Ce n'est pas possible, j'ai peur. Ce n'est pas possible. » La reine Marguerite ironise : « Il s'imagine qu'il est le premier à mourir. » Or, le commentaire de la compatissante reine Marie souligne bien l'universalité

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