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Le serpent qui danse, Charles Baudelaire

Dissertation : Le serpent qui danse, Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Juin 2017  •  Dissertation  •  1 749 Mots (7 Pages)  •  4 141 Vues

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Le Serpent qui danse, Charles Baudelaire.

Que j'aime voir, chère indolente,
            De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
            Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
            Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
            Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
            Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
            Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
            De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
            L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
            Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
            Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
            Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
            D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
            Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
            Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
            Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
            Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,
            Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
            D’étoiles mon cœur !

Charles Baudelaire, poète français né le 9 Avril 1821 à Paris, publie son premier recueil de poèmes, Les Fleurs du mal, en 1847. Lors de sa parution, le recueil est condamné pour "offense à la morale publique" ; en effet, l’auteur évoque à plusieurs reprises des figures féminines, notamment Jeanne Duval, une métisse avec qui il entretient une relation houleuse et qu'il surnomme sa Vénus Noir. Le Serpent qui danse est le vingt-huitième poème du recueil, qui apparaît dans la section "Spleen et Idéal". Celui-ci est un éloge au corps de la femme qui invite à un voyage érotique. Premièrement, nous analyserons la déclaration d’amour du poète à la femme aimée et de quelle manière celle-ci se construit à travers la description élogieuse du corps féminin. Deuxièmement, nous observerons les comparaisons et les métaphores qui apparaissent au long du poème, se référant au corps des personnages transformés en bateaux. Ceci permettant d’utiliser le corps comme moyen de transport vers un imaginaire exotique. Finalement, nous affirmerons que ce voyage invite le poète à un voyage érotique.

Tout d’abord, nous pouvons dire que ce poème, dès le premier vers, est une apostrophe à la femme aimée. Dans le premier paragraphe, l’auteur s’identifie à un « je » lyrique et réduit la femme à son corps physique. En effet, ce « poète maudit », ayant été expulsé du paradis, ne cherche pas l’amour de l’idéal romantique mais un amour passionnel en acceptant les tentations charnelles. Comme nous l’avons dit, la description du corps de sa muse construit la déclaration amoureuse. Dans les deux premières strophes, le poète met en valeur la beauté avec une description progressive de la femme. Nous pouvons constater que l’auteur se pose en tant que spectateur passif de ce spectacle avec le verbe de perception « voir » (v.1). L’éloge à sa beauté, uniquement corporel, est en mouvement au long du poème, allant d’une vision globale à une vision plus précise du corps. Baudelaire fait d’abord référence à la globalité du corps, « de ton corps si beau » (v.2) et à l’exaltation de sa peau nue, « Miroiter la peau ! » (v.4). À la deuxième strophe, il s’attarde sur sa chevelure, une « chevelure profonde aux âcres parfums » (v.5). Ceci nous renvoyant à son poème "La Chevelure", symbole de la sensualité et de désir. Dans cette même strophe, le poète utilise la métaphore « Mer odorante et vagabonde » (v.7) « Aux flots bleus et bruns » (v.8) faisant référence aux reflets de ses cheveux et au mouvement de ses boucles. Ensuite, à la quatrième strophe, il s’intéresse au regard de la femme, à ses « yeux, où rien ne se révèle/ De doux ni d'amer » (v.13, 14). Les yeux étant le reflet de l’âme, nous pouvons dire que l’auteur décrit ici une femme très mystérieuse de façon négative. Au vingt-cinquième vers, le poète se tourne à nouveau vers la globalité de ce corps qui « se penche et s’allonge », donnant ainsi une sensation de mouvement. Finalement, à la huitième strophe, il évoque sa bouche et ses dents en construisant une image sensuelle où « l’eau de ta bouche remonte/ au bord de tes dents ».

Après avoir analysé la description physique de la femme aimée, nous pouvons affirmer que ce poème est construit avec un constant « va-et-vient » qui fait un éloge aux corps en mouvement. Cette sensation d’ondulation renforce l’image du serpent qui se réincarne métaphoriquement en sa  muse.  C’est d’ailleurs, cette vision du corps de la femme qui invite l’auteur à un voyage des sens dans lequel les différents objets inanimés énoncés par l’auteur sont des métaphores de sa muse.

Les comparaisons et les métaphores sont omniprésentes dans le poème et permettent de faire une analogie filée du voyage en mer. La femme est donc une « invitation au voyage », elle se transforme elle-même en moyen de transport vers une destination inconnue mais remplie de sensations. La métaphore commence à la troisième strophe par « un navire qui s’éveille/ au vent du matin » donnant la sensation de ralentissement, elle continue avec « Mon âme rêveuse appareille/ pour un ciel lointain ». Nous constatons ici que l’identité de l’âme et de l’embarcation se substituent l’une à l’autre, Baudelaire XX avec une objectification de l’âme et une personnification du navire. À la septième strophe, c’est le corps féminin qui devient « vaisseau », en effet, il compare le mouvement du corps qui « se penche et s’allonge » et celui du « fin vaisseau ». Outre des comparassions que l’on a déjà citées, nous observons que le champ lexical de la mer est omniprésent. La femme devient bateau de même qu’elle devient la mer, comme l’auteur le suggère à la deuxième strophe « Mer odorante et vagabonde » « aux flots bleus et bruns » (v.7 et 8). Les corps des deux amants deviennent bateaux, eux-mêmes se transportent dans ce périple marin vers des lieux exotiques. En effet, le corps de la femme crée un rêve exotique qui fait référence aux poèmes La Chevelure et Parfum exotique. Cet imaginaire exotique est accentué par des comparaisons de la femme aux animaux de terres lointaines. Ainsi, la femme devient serpent, un animal exotique et mystérieux qui se déplace avec un mouvement qui nous rappelle à l’orientale danse du ventre. Nous pouvons affirmer que le poète évoque une femme aux traits physiques s’opposant aux femmes parisiennes.

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