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Le repas ridicule - Boileau

Commentaire de texte : Le repas ridicule - Boileau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Septembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 634 Mots (11 Pages)  •  4 611 Vues

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Satire III, vers 168 - 199

Introduction :

  • La satire III est datée par Le Verrier de 1664 : « commencée en 1664 » dit-il plus exactement.
  • Indices manquent de précision. Une indication précise : l’Alexandre de Racine a été joué le 4 décembre 1664. La satire III est donc postérieure à cette date. -> C’est pourquoi elle ne figure ni dans le manuscrit de l’Arsenal ni dans l’édition de Rouen.
  • Point de départ -> rencontre entre et l’abbé du Broussin (vers le mois de janvier 1664) ; Le Broussin était déjà cité dans la pièce de Chapelle et il y faisait figure de raffiné : « Après lui, l’abbé du Broussin / En chemise montrant son sein, / Remplissoit dignement sa place, / Et prenoit soin d’un sceau de glace / Qui rafraichissoit notre vin. »
  • Le commentateur du Verrier : C’est les manies gastronomiques de Ce Broussin qui avait donné l’idée de la satire III. : « Dans cette pièce, il y a deux interlocuteurs, le poète sous la lettre A et une (espèce de) Broussin sous la lettre P. souvent l’auteur (Boileau) m’a dit : « Le Broussin faisait l’homme de (grand) gout, et il n’en avait point, Le Rancher son frère ne disait mot et c’était lui qui en avait. ».
  • À travers cette satire, Boileau prend plaisir à nous faire entrer dans le monde des gourmets parisiens.
  • Notre extrait est situé vers la fin de la Satire III. P. est invitée à déjeuner chez un Parisien, il accepte, et ce déjeuner s’avère être un pur échec. Après que P. nous ait décrit le repas servit, il explique que l’alcool a délié les langues et qu’une conversation sur les vers commence à se mettre en place.

  • Le thème du repas ridicule, est un thème qui avait déjà été travaillé par Régnier dans sa satire V et par Juvénal dans sa satire VIII.
  • Notre texte est empreint d’un registre comique, plus particulièrement satirique et ironique. Nous pouvons retrouver certains aspects burlesques/grotesques.
  • Découpage : V. 168 à 170 : Mise en contexte ; v. 171 à 193 : Propos absurdes sur les auteurs ; v. 194 à 199 : Acmé du ridicule.
  • Problématique : Il s’agira ici de se demander : Comment à travers un jeu d’ironie par antiphrase et par polyphonie, Boileau expose une critique des auteurs contemporains à son temps ?

Commentaire linéaire :

De propos en propos on a parlé de vers.

  • Montre que la discussion s’étale dans le temps -> Aspect duratif
  • Mise en abime -> parler de vers en écrivant des vers.

Là, tous mes sots, enflés d’une nouvelle audace,

Ont jugé des auteurs en maîtres du Parnasse

  • Complément circonstanciel de temps -> crée une rupture -> commencement de l’action.
  • « Mes » -> On passe du « on » impersonnel à un déterminant possessif qui permet au narrateur de se détacher de l’action, et du reste des convives. Il est passif face à l’action. -> Il est le moraliste.
  • L’audace : « Le vin au plus muet fournissant des paroles », v. 161 -> c’est à travers l’alcool que les convives se gonflent d’une certaine pédanterie.
  • Hémistiche après enflés, rappelle le repas et le fait de manger très gras -> Ils sont aussi enflés à cause de la nourriture.
  • Cf. Satire I de Perse, traduite par Jules Lacroix, vers 30 à 38 : « Et puis, lourds de boissons, / Les fils de Romulus, au milieu des bouteilles / Veulent des grands auteurs connaître les merveilles. / Alors certain convive, au manteau violet, / Bégayant, nasillant, débite un chant complet / De Phyllis, d’Hypsipyle, histoires lamentables ; / Et, pour rendre des mots les sons plus délectables, / Sa voix molle et flûtée en supprime la fin. /On applaudit. » 
  • Allitération en R -> Dureté des termes. Appuie sur le fait qu’ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.
  • Sorte de chiasme en A (mes sots) B (enflés) B (Jugé) A (Maîtres du Parnasse)
  • On appelait Boileau le législateur/régent du Parnasse


Mais notre hôte surtout, pour la justesse et l’art,

Elevait jusqu’au ciel Théophile et Ronsard ;

  • Hyperbole.
  • Théophile, dans sa tragédie de Pyrame et Thisbé, acte V. Scène dernière : « Le voici, ce poignard, qui a du sang de son maître / s’est souillé lâchement : il en rougit le trait le traitre. ». T. ne faisait pas toujours preuve de justesse. En effet, pour Malherbe ainsi que pour Boileau, les rejets comme les enjambements étaient proscrits. Boileau le dira dans son Art Poétique : « Les stances avec grâce apprirent à tomber ; / Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber » Quant à Ronsard, son français était très (trop) chargé, la langue était « gazée » et lourde ce qui la rendait parfois incompréhensible.
  • Cette critique donne une indication importante. Boileau choisit entre deux traditions de la poésie française, et il opte pour Malherbe. Déjà il serait tout disposé à écrire : « Enfin, Malherbe vint… »
  • Nous serions tentés d’admirer un jugement personnel de la part de Boileau pourtant il n’invente rien. Cette idée s’exprime déjà toute faite dans la correspondance d’Urbain Chevreau 10 ans plus tôt, en 1653. Dans une lettre à Mr. De la F., il se moque de l’admiration de son correspondant pour Ronsard, Baït, Jamyn, Belleau, du Bartas et Théophile. À cette tradition, Chevreau en oppose une autre, celle de malherbe, de Balzac, de Mainard. À la lettre, du 28 décembre 1654, il critique un « extravagant » et lui reproche d’avoir choisi ce qu’Horace, Catulle et Malherbe avaient rejeté. Cette lettre exprime donc les idées qui avaient cours en 1653-1654 dans un milieu que fréquentait Boileau.

Quand un des campagnards relevant sa moustache,

  • C’est un parent de Boileau. C’est M. de Baugue, gentilhomme champenois.
  • Emprunte des détails à la réalité -> Pour De Brossette et Le Verrier, ces propos sont empruntés à un certain magistrat de Château-Thierry. Le Verrier désignera exactement le lieutenant général : « L’auteur avait composé cette satire lorsqu’il fut prié par La Fontaine d’aller passer quelque temps à Château-Thierry avec Racine. La partie se fit et s’exécuta. Le lieutenant général du lieu prit l’auteur en amitié et lui ayant donné à manger à lui seul sans prier La Fontaine ni Racine, ce fut à ce repas-là que ce Lieutenant dit toutes les naïvetés provinciales que l’auteur met ici à profit et il changea pour cela tout son Dialogue qu’il avait fait d’une autre manière. » Louis Racine confirme ces propos et en ajoute (voir plus tard dans le commentaire)
  • Dénigrement par le fait qu’il ne dise pas son nom, mais qui le qualifie de « campagnard ».

Et son feutre à grands poils ombragé d’un panache,

  • Le détail le feutre -> pas une matière très noble. De feltrum, et ou filtrum -> Désigne une espèce d’étoffe de laine ou de poil, qui n’est ni croisée, ni tissue, mais travaillée et foulée avec de la lie et de la colle, et façonnée ensuite dans un moule, à l’aide du feu et de l’eau.


Impose à tous silence, et d’un ton de docteur :

  • Apparition du présent -> On passe au premier plan
  • Le ton nous donne une sorte d’opposition entre l’être et le paraître. Lorsque le campagnard prend la parole il est dans le paraître et non dans l’être.

Morbleu ! dit-il, La Serre est un charmant auteur !

  • La serre -> Impitoyable auteur mais il en était conscient. Anecdote : Ayant un jour assisté au cours d’éloquence du professeur Richesource, il lui dit à la fin de la séance : « Ah ! Monsieur, je vous avoue que j’ai bien débité du galimatias depuis vingt ans ; mais vous venez d’en dire plus en une heure que je n’en ai écrit en toute ma vie. », Boileau dira aussi « Écrivain qui a poussé le galimatias fort loin » dans les notes de l’abbé Guéton,
  • Trivial -> burlesque -> n’a pas le langage adapté. (Ce qui donne une sorte d’oxymore entre docteur et morbleu). Opposition entre le ton de docteur qui devrait être « grand » et le côté trivial de l’insulte. Insulte sans aucune raison (alcool qui échauffe les esprits ?)
  • L’hémistiche est situé après « la Serre ». Le nom de l’auteur est du côté de l’insulte -> Crée une rupture entre le nom et le compliment.

Ses vers sont d’un beau style, et sa prose est coulante.

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