Le discours de Paneloux
Analyse sectorielle : Le discours de Paneloux. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar klaawdy • 12 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 622 Mots (3 Pages) • 924 Vues
Extrait 1 : le discours de Paneloux
Paneloux tendit ici ses deux bras courts dans la direction du parvis, comme s'il
montrait quelque chose derrière le rideau mouvant de la pluie : « Mes frères, dit-il avec force,
c'est la même chasse mortelle qui court aujourd'hui dans nos rues. Voyez-le, cet ange de la
peste, beau comme Lucifer et brillant comme le mal lui-même, dressé au-dessus de vos toits,
la main droite portant l'épieu rouge à hauteur de sa tête, la main gauche désignant l'une de vos
maisons. À l'instant, peut-être, son doigt se tend vers votre porte, l'épieu résonne sur le bois ; à
l'instant encore, la peste entre chez vous, s'assied dans votre chambre et attend votre retour.
Elle est là, patiente et attentive, assurée comme l'ordre même du monde. Cette main qu'elle
vous tendra, nulle puissance terrestre et pas même, sachez-le bien, la vaine science humaine,
ne peut faire que vous l'évitiez. Et battus sur l'aire sanglante de la douleur, vous serez rejetés
avec la paille. » Ici, le Père reprit avec plus d'ampleur encore l'image pathétique du fléau. Il
évoqua l'immense pièce de bois tournoyant au-dessus de la ville, frappant au hasard et se
relevant ensanglantée, éparpillant enfin le sang et la douleur humaine « pour des semailles qui
prépareraient les moissons de la vérité ».
Au bout de sa longue période, le Père Paneloux s'arrêta, les cheveux sur le front, le
corps agité d'un tremblement que ses mains communiquaient à la chaire et reprit, plus
sourdement, mais sur un ton accusateur : « Oui, l'heure est venue de réfléchir. Vous avez cru
qu'il vous suffirait de visiter Dieu le dimanche pour être libres de vos journées. Vous avez
pensé que quelques génuflexions le paieraient bien assez de votre insouciance criminelle.
Mais Dieu n'est pas tiède. Ces rapports espacés ne suffisaient pas à sa dévorante tendresse. Il
voulait vous voir plus longtemps, c'est sa manière de vous aimer et, à vrai dire, c'est la seule
manière d'aimer. Voilà pourquoi, fatigué d'attendre votre venue, il a laissé le fléau vous visiter
comme il a visité toutes les villes du péché depuis que les hommes ont une histoire. Vous
savez maintenant ce qu'est le péché, comme l'ont su Caïn et ses fils, ceux d'avant le déluge,
ceux de Sodome et de Gomorrhe, Pharaon et Job et aussi tous les maudits. Et comme tous
ceux-là
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