LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le Tragique De Bérénice

Rapports de Stage : Le Tragique De Bérénice. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Mars 2014  •  1 227 Mots (5 Pages)  •  5 935 Vues

Page 1 sur 5

Le tragique et son évolution du XVIIème siècle a nos jours.

Lecture analytique n12 : RACINE, Bérénice, Acte IV scène 5.

Jean Racine, né en 1639 et mort en 1699, est un dramaturge français considéré comme l'un des plus grands auteurs de tragédies de la période classique en France sous Louis XIV. Sa pièce Bérénice connaît un succès énorme dés sa publication en 1670. Alors que l’on s’intéresse plutôt au respect des règles de la tragédie au XVIIème siècle, les critiques et amateurs de théâtre du XIXème siècle se font plusieurs réflexions sur le tragique, comme Roland Barthes qui écrivit que Bérénice était « une tragédie avortée ».

C’est pourquoi on se pose la question, Bérénice est elle une vraie tragédie ?

Nous verrons dans un premier temps en quoi cette œuvre est un tragédie classique, puis nous expliquerons pourquoi Bérénice est plutôt une pièce pathétique. Enfin nous nous intéresserons a la confrontation de l’homme avec ce qui le dépasse, situation dans laquelle se retrouve Bérénice dans la scène que l’on s’apprête a étudier.

I) Une tragédie classique

a) Le principe et les règles de la tragédie

Au XVIIème siècle, un sujet exige une forme et un genre précis. La tragédie classique venant d’une réflexion sur les tragédies antiques, Racine qui a lu les pièces de l’Antiquité et d’Aristote en grec applique les conceptions de l’Ancien: selon Aristote, la tragédie classique ne met en scène que d’actions empruntées à l’Histoire ou aux mythes de l’Antiquité. Dans la préface de Bérénice Racine cite en latin une phrase qui confirme que sa pièce est conforme aux règles ; « Titus reginam Berenicen, cui etam nuptias pollictus ferebatur, statim ab urbe dimisit invitus invitam ».

Ces règles proprement dites sont :

-la règle des trois unités : unité d’action (une seule action), de lieu (l’action se déroule dans un lieu unique) et de temps (l’action ne peut durer que 24 heures).

-les règles de la vraisemblance: conception de l’illusion théâtrale; on accepte ce que l’on voit.

-les règles de la bienséance: les spectateurs ne doivent pas être choqués par le spectacle, on ne se tue pas ou ne s’embrasse pas sur scène.

La tragédie tient surtout selon Racine à « la tristesse majestueuse » que les règles vont tendre à établir.

b) Les caractéristiques de la tragédie

Aristote: “la tragédie est l’imitation d’une action grave et complète”.

Racine nous présente les particularités générales d’une tragédie dans sa préface:

-l’action doit être grande: elle a une importance politique.

-les personnages sont héroïques: ils sont souvent d’origine divine ou appartiennent a la haute aristocratie. (Titus est empereur et Bérénice reine)

-les grandes passions sont à l’oeuvre (l’amour la haine, l’espoir, le désir de vengeance); ces émotions violentes peuvent même provoquer la mort des personnages.

II) Une pièce plus pathétique que tragique

a) Le dialogue pathétique de Bérénice et de Titus

Le pathétique est l’une des quatre « catégories esthétiques » définies par Aristote, où le personnage est écrasé par le malheur, le destin et l’exprime par la plainte.

Bérénice éprouve un amour qui la dépasse, ce sont ses émotions qui la dépassent vu qu’elle change constamment d’attitude lors de cette scène.

Bérénice subi son malheur, elle subi l’obligation de Titus a la quitter. Elle est notamment « pathétique » lorsqu’elle propose a l’empereur de ne devenir que son amante, sans se marier, ce qui est plutôt rabaissant pour une reine.

Titus lui mélange les héros cornélien et racinien car bien qu’il utilise beaucoup le vocabulaire du devoir ou de la gloire, il confronte toujours un dilemme et ressent de la faiblesse. Cette marque de souffrance témoigne du dédoublement du personnage.

Lorsque l’on étudie de plus près le dialogue des deux personnages, on se rend compte qu’ils n’ont pas l’air de parler la même langue.

Bérénice Titus

Utilisation de la 1ere et 2eme personne Utilisation de la 1ere 2eme et 3eme personne

Plainte et blâme Récit délibératif et narratif

Tonalité lyrique (« cruel, barbare », effets poétiques) Tonalité épique (exemples du passé et conditionnelles mentionnés)

Elle essaye de persuader Titus par l’émotion. İl essaye de convaincre Bérénice par la raison.

b) Le lyrisme dans le théâtre

La langue de la tragédie est caractérisée par un registre soutenu mais aussi par des alexandrins qui permettent des effets de rythme et de poésie. On remarque dans ce texte une sorte de musicalité créée par la présence de rythme binaire ou ternaire, mais aussi d’assonances (ex: vers 1121 : Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts ou vers 1181 : J’ai voulu vous pousser jusqu'à ce refus)

C’est surtout à Bérénice que l’on peut attribuer le registre lyrique.

On peut diviser le texte en 5 parties, chacune d’elles témoignant des maintes émotions que ressent Bérénice :

• La colère : vers 1103 a vers 1110 et vers 1119 a vers 1121

• La souffrance : vers 1111 a vers 1118

• L’espoir : vers 1126 a vers 1130

• La déception : vers 1147

• Mélange d’humiliation et de colère : vers 1175 a vers 1194

Bérénice est un personnage élégiaque (l’élégie est une forme de poésie lyrique où l’on exprime sa souffrance); la violence de ses émotions la fait passer par tous les états.

III) La confrontation de l’homme avec ce qui le dépasse

a) Bérénice lutte contre son amour

La reine de Palestine éprouve un amour qui la dépasse. C’est pourquoi durant sa dispute avec Titus elle change constamment d’humeur, passe de l’espoir a la déception ou a de la colère. Elle veut a tout prix être avec l’homme qu’elle aime. Elle propose même a l’empereur une relation qui n ‘est pas digne d’une reine, elle s’apprête a s’humilier, a se sacrifier pour son amour. Cependant elle lutte également contre celui-ci. Elle prononce « et pour jamais Adieu » dés la première réplique de l’extrait que nous étudions. Et pourtant elle ne quitte pas la scène car elle n’en a aucune envie. Bérénice parle, fait semblant de ne pas comprendre le motif de Titus afin de retarder cette séparation. Bien qu’elle essaye de lutter contre son amour, elle lutte aussi contre cette rupture.

Bérénice n’est pas responsable de son malheur: comme le surligne Jacques Morel, elle combat quelque chose qui est plus fort qu’elle : l’amour et la raison d’Etat.

b) Pas de lutte contre le destin mais une confrontation a la raison d’Etat

Titus ne fléchit pas dans sa résolution. Il soutient que son amour pour Bérénice est infini, mais aussi que la raison d'État exige d'eux une rupture; « «Rome me fit jurer de maintenir ses droits ; Il faut les maintenir ». La raison d’Etat est ce qui empêche aux deux de se marier; le peuple romain refuse d’avoir une reine étrangère. Bérénice ne recule pas devant le destin qui l’attend, que ce soit la mort ou non. Cependant elle s’oppose a la décision de Titus, tente de lui faire changer d’avis en l’accusant de ne compter « pour rien les pleurs de Bérénice » ou encore de lui « arracher la vie ».

Elle commence a se rendre compte au vers 1181 qu’il ne changera pas sa décision et admet l’avoir « pousser jusqu'à ce refus ». La raison d’Etat contraint cependant quand même les deux personnages a se quitter a la fin du roman.

Conclusion:

Dû au respect des règles établies, on peut en conclure que la pièce de Racine est une tragédie classique mais qui contient quelques éléments d’originalité, telle que le registre et la situation pathétique que l’on observe dans cette scène. Cependant l’intrigue et tous les éléments entourant celle-ci étant conformes, on peut dire que Bérénice est une vraie tragédie.

...

Télécharger au format  txt (7.9 Kb)   pdf (96.6 Kb)   docx (11.6 Kb)  
Voir 4 pages de plus »