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Rhinocéros, La solitude radicale et tragique de Bérenger

Commentaire de texte : Rhinocéros, La solitude radicale et tragique de Bérenger. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2013  •  Commentaire de texte  •  1 208 Mots (5 Pages)  •  1 405 Vues

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1. La solitude radicale et tragique de Bérenger

a) Un discours particulier : le monologue

 Le recours au monologue est ici justifié par l'évolution du « drame » qui a conduit à la métamorphose progressive de tous les personnages. Bérenger est le dernier homme, il n'a plus d'interlocuteur. Un accessoire sur scène souligne cette situation : la glace ; Bérenger se parle de fait à lui-même (« il va vers la glace »l.3, « il contemple sa poitrine dans la glace »l.12).

 Aucune marque du discours dialogué, fréquemment utilisé au sein même d'un monologue : il n'y a donc plus aucun destinataire même potentiel, même imaginaire, à la parole de Bérenger ; plus personne ne parle sa langue. Toute communication est donc impossible et le passage radicalise cette faillite de la parole présente dans toute la pièce.

 Disposition spécifique du discours théâtral qui confère au public une place particulière et problématique : est-il l'ultime destinataire de la parole de Bérenger (et de Ionesco), selon le jeu de la double énonciation, ou est-il inclus, par une sorte de manœuvre provocante et déstabilisante du dramaturge, dans cet espace rhinocérique qui encercle Bérenger ? En effet, celui-ci n'est pas exactement seul sur scène : il est cerné par les rhinocéros, figurés par les têtes accrochées au mur et dont la présence est accentuée par les barrissements. D'ailleurs, à la fin du monologue, Bérenger semble s'adresser à ces rhinocéros, dans une forme de défi final :

« Il se retourne face au mur du fond [...] tout en criant ».

b) Bérenger et les autres

 Solitude de Bérenger contre tous : on relèvera l'opposition du singulier et du pluriel, et celles entre je et « eux »( l.3, 5, 19 ), entre « je » et « tout le monde »( l.35, 37).

 Déplacement de la norme. Comme Bérenger est le dernier de son espèce, il est devenu « l'anormal », alors que les rhinocéros constituent la norme de référence : il se qualifie de « monstre »l.27 et se compare, à son désavantage, aux rhinocéros

 Les rhinocéros sont connotés positivement. Le contraste de la beauté et de la laideur (« je ne suis pas beau »l.1, « ce sont eux qui sont beaux »l.3) est développé à travers les oppositions de formes (« corne »l.5, « Front plat »l.6 et « traits tombants »l.7), de texture (« moites »l.11, « rugueuses »l.11 / « flasque »l.13, « dure »l.14 / « sans poils »l.16, « poilu »l.14) ou de couleur (« trop blanc »l.13, « magnifique couleur vert sombre »l.15).

 Enfin, les barrissements apparaissent comme des « chants »l.17 opposés à la faiblesse de sa propre voix, humaine. On aboutit dès lors à un éloge des rhinocéros qui révèle que la solitude et la différence, c'est-à-dire le simple fait d'être soi, sont difficiles à porter, à assumer.

 Le sentiment dominant de Bérenger est ici la honte (« j'ai trop honte »l.31, « comme j'ai mauvaise conscience »l.25, « J'ai eu tort »l.4). Le monologue exprime la douleur de Bérenger, qui est d'abord douleur d'être lui-même. Ponctuation expressive : phrases exclamatives, interjections (« hélas ! »l.5 « ah ! »l.14), répétitions désespérées (« jamais, jamais »l.28).

2. La tentation de la métamorphose

a) Devenir rhinocéros !

 Le souhait de la métamorphose s'exprime fortement dans ce final : répétition du verbe vouloir au conditionnel « je voudrais » l.4, l.14, 29 + propositions introduites par « comme » ou par « si ». De même, les formules comparatives révèlent le désir de devenir rhinocéros : « être comme eux »l.5, « faire comme eux » l.19. Enfin, Bérenger tente d'adopter le barrissement

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