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Le Roman Naturaliste

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Par   •  18 Avril 2013  •  2 083 Mots (9 Pages)  •  1 220 Vues

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le roman naturaliste décrit un milieu. La démarche naturaliste a pour modèle les sciences naturelles. Furetière affirme d’ailleurs que les naturalistes expliquent des phénomènes « par les lois du mécanisme et sans recourir à des causes surnaturelles. » Il s’agit donc pour un romancier naturaliste de décrire des faits et non de créer un décor pour mieux relater une histoire. Zola se définit, avec les autres romanciers naturalistes, comme étant « des naturalistes » qui ramassent « des insectes », qui collectionnent « des faits ». Le romancier naturaliste devient alors plus savant que créateur d’un récit. Il refuse d’ailleurs le surnaturel, le spiritualisme au profit de la réalité. Le naturalisme entend substituer la réalité humaine dans toute sa complexité. Il rétablit l’unité de l’homme, fouillé jusque dans les ressorts les plus secrets de son corps, avec son époque et son milieu. Zola ne fait pas appel à son imagination lorsqu’il écrit Germinal. En effet, il est descendu au fond de la mine d’Anzin, il a visité les corons pour écrire ce roman. Il est monté aux cotés du mécanicien sur la ligne Paris-Mantes pour préparer La Bête humaine, il a aussi passé toute une nuit aux Halles pour écrire le Ventre de Paris. Le naturalisme veut d’abord être un savant à l’instar d’un zoologiste qui se trouverait forcé d’étudier la plante sur laquelle vivent les insectes qu’il étudie. Il étudie longuement les milieux dans lequel vivent les personnages. Depuis Balzac, on ne peut plus ignorer que « l’homme ne peut être séparé de son milieu, qu’il est complété par son vêtement, par sa maison, par sa ville, par sa province. »

La description naturaliste ne tend pas à rendre magnifique un lieu. Elle rend plutôt compte des faits. Avec le roman expérimental, le romancier prétend analyser « le mécanisme des faits » en opérant « sur les caractères, sur les passions, sur les faits sociaux comme le chimiste et le physicien opèrent sur les corps bruts, comme le physiologiste opère sur les corps vivants. » Le romancier naturaliste vise donc l’objectivité et s’interdit l’à priori moral. Il renonce à jouer les narrateurs omniscients et présente les choses qui environnent les personnages comme un monde de signes qui nous renseignent sur leur personnalité. Dans La Curée, on reconnaît le parvenu à son hôtel particulier, qui mêle « tous les styles », où l’or ruisselle sur les murs, affichant une réussite insolente ; on reconnaît l’insouciance de Mme de Marelle, dans Bel-Ami, aux quatre tableaux qu’elle laisse pendre du mur « au bout de cordons inégaux ». Leurs sujets naïfs, « une barque sur un fleuve », un moulin dans une plaine », signent « l’étudiante », la grisette entrée dans la bourgeoisie par un mariage inattendu.

Les choses ne sont pas le simple reflet des hommes, elles agissent aussi sur eux. Alors que Stendhal, dans Le Rouge et le Noir, néglige le rôle de la nuit et de ses « voluptés molles » au moment où Julien Sorel prend la main de Mme de Rénal, Zola, ds La Curée, confère un rôle actif au Bois de Boulogne, à l’atmosphère enivrante et vénéneuse de la serre ou au vacarme du boulevard. Ils détraquent les sens de Renée comme l’odeur du linge sale ou le « choléra » de la grande maison ouvrière détraquent la cervelle de Gervaise dans L’Assommoir. De même, l’élan de reproduction qui s’empare des bêtes au printemps explique le désir soudain de Jeanne pour Julien dans Une Vie, comme le luxe tapageur des Folies Bergères, dans Bel-ami, fouette les ambitions de Georges Duroy.

Ainsi, la description apparaît ici comme une nécessité de savant. Le romancier naturaliste décrit pour dévoiler un milieu qui existe. Cette description permet de connaître les hommes par les choses qui agissent aussi sur eux.

La description naturaliste semble être une nécessité très évidente. Les titres dévoilent des motifs, des symboles divers. Le romancier renonce aux implications artificielles de l’intrigue pour dénoncer le vrai. Le naturalisme se doit d’explorer les lieux et les êtres. Le Paris de L’Assommoir, c’est celui des barrières, des murs d’octroi qui entourent la ville d’une bande de désert propice à tous les trafics du plaisir et du crime. L’Assommoir est ce titre qui décrit à lui seul un roman. Comme des bêtes qu’on assomme dans les abattoirs, Gervaise va être assommée par le milieu putride du faubourg. L’Assommoir du père Colombe résume à lui seul les influences maléfiques qui vont s’acharner contre elle. L’alambic est l’emblème démoniaque des causalités souterraines du milieu. L’assommoir c’est aussi le lavoir où Gervaise et Virginie s’assomment à coups de battoir, c’est encore la grande maison insalubre de la Goutte-d’or, c’est enfin la boutique surchauffée où s’entasse le linge sale avec ses puanteurs et ses malpropretés morales. Il en va de même de Germinal. De nombreuses métaphores ravalent le peuple de mineurs au niveau de l’animalité ds Germinal : la mine est d’abord une fourmilière d’ « insectes humains, fouissant la roche », elle avale les ouvriers dans un « enfournement de bétails ». Animaux du sacrifice, les mineurs ont la « figure moutonnière » de la soumission et l’apparence placide du bovin : « le sein énorme » de la maheude pend « comme la mamelle de vache puissante ». La bête humaine est un oxymore riche de sens. La personnification obsédante de la Lison, que Jacques aime à défaut de pouvoir aimer les femmes, doit être lue ds les deux sens, à double voix en qque sorte. La machine est une métaphore du corps, le substitut matériel de la bête tapie en chacun de ns. Elle est l’emblème du mécanisme zolien. « Nécessité de savant », la description décrit toute une recherche documentaire, un travail délicat du naturaliste.

Ces titres expliquent donc pourquoi certains objets demeurent les points focaux de certains romans. La Curée est l’emblème de cette « époque de folie et de honte ». L’espace n’est pas pour Zola un simple décor, c’est un milieu agissant, un actant. Au début du roman, c’est le bois de Boulogne qui souffle l’inceste à Renée. Dans Le Ventre de Paris, la description lexicographique qui égrène les noms des espèces de poissons, « les cabillauds, les aigrefins, les carrelets, les plies, les limandes », est l’outil privilégié de cet inventaire naturaliste du monde qui, inversant la polarité traditionnelle

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