Le Horla

n être transparent (« une brume », « cette eau » , «  une éclipse » ). Sa nature contradictoire s’exprime donc d’abord par ses caractéristiques à la fois humaines et non humaines. Des oxymores (« corps imperceptible » « transparence opaque ») traduisent d’ailleurs cet être contradictoire, insistant sur sa matérialité et son immatérialité, sa visibilité et son invisibilité.

Cette dimension ambivalente du Horla se révèle encore si on considère son rapport avec le personnage. De fait, se regardant dans le miroir, celui-ci perçoit cet être invisible semblable à «  une nappe d’eau » qui cache puis se confond avec sa propre image ; cette confusion des images suggère que le Horla est en réalité purement intérieur. Maupassant parvient par le recours au chiasme à exprimer cette confusion entre l’être du narrateur et celui du Horla, comme si ce dernier n’était qu’une production de son esprit ou ne faisait qu’un avec lui : «Puis voilà que tout à coup je commençai à m'apercevoir dans une brume, au fond du miroir, dans une brume comme à travers une nappe d'eau ; et il me semblait que cette eau glissait de gauche à droite, lentement, rendant plus précise mon image, de seconde en seconde » .

On remarquera enfin que ces deux extraits insistent sur l’hésitation du narrateur qui oscille entre doute et certitude face aux apparitions du Horla. En effet, tantôt il souligne son incertitude par le recours à des modalisateurs («  il me sembla », «  il me semblait »), tantôt il affirme de manière assurée être certain de sa vision (en ayant recours par exemple à une anaphore «  je vis, je vis, oui je

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