Le Cid de Corneille

Pierre Corneille, né en 1606 à Rouen d’une famille bourgeoise, est un grand dramaturge français du XVIIe siècle. Il a écrit de nombreuses pièces dont la plus connue reste Le Cid, une tragicomédie inspirée des textes littéraires espagnols et représentée pour la première fois en 1637. Malgré la polémique que suscite cet œuvre en son temps, notamment avec « La querelle du Cid », où on reproche à Corneille de ne pas avoir suivi certaines règles de la tragédie classique, on ne peut nier son immense succès. À la lecture du texte théâtral, on peut noter de nombreuses polémiques mais en fonction de son analyse, on peut noter plusieurs enjeux, mais quel serait l’enjeu principal de cette pièce? À travers les caractéristiques des personnages, les actions posées et les paroles prononcées, repérons la place que prend l’honneur dans le déroulement de cette intrigue sentimentale mais aussi, voyons comment l’amour et la vengeance sont omniprésents.

L’honneur dans Le Cid prend une place magistrale dans les actions et les choix des plusieurs personnages principaux tels que Rodrigue, Chimène et l’Infante, et il triomphe même de l’amour. Premièrement, Rodrigue, un jeune homme amoureux de Chimène, mais obligé de choisir entre son amour et la défense de l’honneur de son père, choisit l’honneur et tue le père de son amante. Dans ses célèbres stances avant de passer à l’acte, Rodrigue exprime sa souffrance d’être déchiré entre l’amour et l’honneur : « Des deux côtés mon mal est infini » (Acte I, scène VIII, v.309) car, s’il refuse de venger son père, il salira son honneur et sera considéré comme un lâche et indigne de son rang. Patrice Pavis (1980), dans l’article « Dire et faire au théâtre. L’action parlée dans les stances du Cid » de la revue Études littéraires, fait une analyse des monologues de Rodrigue et conclut que le discours théâtral comme acte de langage joue surtout un rôle politique pour montrer passivement les raisons qui poussent Rodrigue à agir alors qu’en réalité, ses valeurs reliées à la gloire et l’honneur ne lui auraient jamais permis de ne pas venger son père (p.515-538). Ainsi donc, le dilemme entre « amour et devoir » n’est qu’en apparence parce que l’« honneur» est primordial. La déclaration du père de Rodrigue le confirme : « L’amour n’est qu’un plaisir, et l’honneur un devoir » (Acte III, scène VI, v.1069). Deuxièmement, Chimène, malgré son amour réciproque pour Rodrigue, l’assassin de son père, elle n’en considère pas moins qu’il doit payer pour le déshonneur infligé à sa famille. Elle veut honorer la mort de son père quitte à sacrifier l’objet de ses désirs et peu importe le prix. Elle ira jusqu’à demander au roi de lui faire justice : « Son sang sur la poussière écrivait mon devoir […] Enfin mon père est mort, j’en demande vengeance…» (Acte II, scène VIII, v.686&699). Et troisièmement, l’Infante, amoureuse de Rodrigue, a dû faire taire ses sentiments qui la détournent de son devoir d’infante qui lui impose de se lier à un homme de son rang. Elle traduit bien sa pensée quand elle confie à sa gouvernante : « j’épandrai mon sang plutôt que de rien faire indigne de mon rang » (Acte I, scène III. v.85).

Le fort sentiment amoureux est très présent tout le long de la pièce et certains personnages vont même jusqu’à mettre leur propre vie en danger pour être avec l’être aimé. D’une part, l’amour de

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