Le Charroi de Nîmes

Commentaire linéaire : Le Charroi de Nîmes, vers 1 à 12

Oez, segnor, Dex vos croisse bonté, Ecoutez, Seigneurs, que Dieu accroisse votre valeur,

Li glorïeus, li rois de maiesté ! Le Roi de gloire qui trône en majesté !

Bone chançon plest vous a escouter Voulez-vous écouter une bonne chanson

Del meillor home qui ainz creüst en Dé ? Sur le meilleur chrétien qui ait jamais été ?

C’est de Guillelme, le marchis au cort nes, Elle dit comment Guillaume, le marquis au Court Nez,

Conme il prist Nymes par le charroi monté ; A pris Nîmes en conduisant un charroi

Aprés conquist Orenge la cité Ensuite il conquit la cité d’Orange

Et fist Guibor baptizier et lever Et fit baptiser sur les font Guibourc,

Que il toli le roi Tiebaut l’Escler ; Qu’il ravit au roi Thibaut le Slave

Puis l’espousa a moillier et a per, Avant de la prendre pour épouse et comme égale ;

Et desoz Rome ocist Corsolt es prez. Et il tua Corsolt dans un pré devant Rome.

Molt essauça sainte crestientez. Il glorifia beaucoup la sainte chrétienté.

La chanson de geste vient donner le divertissement aux événements de cour au Moyen-Âge, et permet à tout seigneur ou roi d’exhiber son pouvoir. S’il est un moyen de montrer de l’influence, il est aussi par la même occasion le moyen pour le jongleur de s’élever parmi les autres et d’accéder à la renommée. Bien qu’étant anonyme, l’auteur du Charroi de Nîmes a fait accéder son oeuvre à la postérité. Sa publication est estimée au début du XIIe siècle, où elle devient une des plus célèbres chansons de geste. Ce passage à l’étude en est l’introduction, exposant l’invitation au récit par le jongleur.

En quoi cette introduction de chanson de geste vient, par la glorification militaire et religieuse, inviter au récit de Guillaume au Nez Court ?

Nous débutons notre chanson du Charroi de Nîmes par une apostrophe du jongleur : “Oez, segnor”, et ce afin d’appeler à l’attention de son auditoire. Celle-ci est suivie d’une formule de salutation et de politesse : “Dex vos croisse bonté” (l.1). Cette manière d’introduire un récit est tout à fait traditionnelle dans la chanson de geste, et celle figurant parmi les plus renommées de son temps n’y fait pas exception. “Li glorïeus, li rois de maiesté” (l.2) vient poser les hommages envers le pouvoir royal, qui vient “couronner”

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