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La violence dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes : Exaltation ou Critique ?

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Par   •  13 Avril 2015  •  2 478 Mots (10 Pages)  •  990 Vues

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La violence dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes : Exaltation ou Critique ?

Partons d’abord de la définition d’exaltation : 1. Action d’élever très haut. « L’exaltation de la sainte Croix. » + 3. (Religion) Élévation au-dessus du commun des mortels, observable dans le vocabulaire pontifical puisque cela correspond à l’élévation d’un cardinal au pontificat.

2. (Figuré) État d’âme élevé au-dessus de son degré ordinaire, enthousiasme excessif, sorte de transport auquel on s’abandonne, sensation intense de bonheur.

Ainsi, 2 sens priment dans la définition de ce mot : celui religieux et celui de bonheur. 2 termes qui coïncident bien avec le chemin que veut faire prendre Chrétien de Troyes à son œuvre, et ceci dès le début de celle-ci, du moins pour l’aspect religieux : (v.23-25) « Maintenant, je peux commencer l’histoire/qui a tout jamais restera en mémoire, /autant que durera la chrétienté ». L’aspect du bonheur découlera, plus ou moins, tout au long de l’œuvre et en sera une des clefs de voute de l’intrigue. La violence physique fait partie de cette œuvre au même titre qu’elle fait partie intégrante du Moyen-Age : on se bat pour sa terre, sa religion, son seigneur, sa dame, et surtout son honneur. D’où le fait que cette violence peut aussi arborer un aspect psychologique, puisque le héros doit se montrer digne et combattre toute atteinte à son statut et son intégrité, jusqu’au péril de sa vie. On peut alors déjà montrer 2 aspects distincts de cette violence : celle physique et celle moral. Or, le tout est de savoir si cette violence présente dans l’œuvre se voit exalté par l’auteur, mis en avant comme argument et réponse que tout chevaliers, et par extension tout homme, se doit de prôner ; ou bien est-ce quelque chose que Chrétien de Troyes dénonce en prouvant que tout homme peut la refreiner ? Nous traiterons d’abords de la violence physique dans son plus pur aspect en prenant quelques exemples de batailles, pour ensuite nous pencher sur l’aspect plus psychologique de cette violence, de par la figure d’Enide notamment et de l’amour entre nos 2 protagonistes ; ce qui nous mènera sur une tentative de réponse de notre problématique .

I/La violence physique : entre réflexion sur la « chevalerie » et effusions de sang gratuits

On peut observer différents types de véritables combats, d’homme à hommes, croisant le fer comme l’imaginaire chevaleresque que l’on se figure nous donne à fantasmer le Moyen-Age. Dès le début du roman, lorsqu’Erec accompagne la reine et sa suivante en promenade, une première rencontre sanglante se pose : celle avec le chevalier d’or et d’azur, accompagné d’un nain et d’une dame. La première réelle violence physique est alors le coup de fouet du nain sur la suivante, [v.180 : Quant a lui la vit aprochie/ Ferir la volt parmi le vis]. Geste perfide et lâche bien attribué à ce personnage de nain, puisque les nains sont communément des êtres lâches et sans pitié dans l’imaginaire arthurien. Erec se verra lui aussi mal mené par ce dernier puisqu’il ira à la rencontre du chevalier pour qu’il s’explique de la violence faite à une dame : un premier aspect de la violence physique apparait alors, celui de d’une violence codé. Certaines choses ne se font pas, tel que attaqué une femme sans défense, et est injustifiable, tel que le comportement perfide du nain. Ainsi, si Erec fuit face à ces premiers dissidents, Ch. De Troyes montre que c’est avant tout un signe de sagesse [v.231 : Folie n’est pas vasalages/ De tant fist mout Erec que sages] : la violence s’emploie alors dans la mesure de la raison. Il sait qu’en revenant armé, il pourrait laver son honneur et essuyé l’affront de ce nain, et du chevalier qui le commande évidemment. C’est lorsqu’Erec va combattre ses mécréants qu’on y voit cette violence justifiée de l’imaginaire chevalresque : faisant une promesse de revenir en vainqueur, il ne peut revenir sur sa parole ou bien mourir : la valeur d’un homme se résumant à son honneur plutôt que sa survie. Erec, affublé de tous les louanges imaginables depuis le début nous démontre alors par des actes sa valeur héroïque et surtout courtoise. Ainsi il épargne ses adversaires qui devront prêter serment : Erec ne tue pas, mais guide ses opposants vers un chemin de la repentance. On peut aussi montrer l’aspect honorable de cette violence avec celle des Tournois et des joutes qui, étant d’abord un divertissement, servait surtout à prouver sa valeur et sa force au reste de la cour, s’assurant d’une reconnaissance devant dames et seigneurs. Tout au long de l’œuvre on retrouve alors des combats, evidemment remporté par notre chevalier ; qu'il s'agisse des trois chevaliers pillards, des cinq chevaliers brigands, des géants attaquant la pucelle, les adversaires du héros se caractérisent par une extrême violence, que ne contrebalance aucune barrière morale ; nains ou géants (cf.p341), par leur taille ou leur difformité, portent en eux cette barbarie. Ils sont forcément vaincus par le Chevalier.

Cette violence fait alors souvent l’objet d’images précises et plutôt sanglantes, et parfois très explicites. Notamment le passage avec les géants ou Erec plante une lance de l’œil, jusqu’à la cervelle, la faisant jaillir par la nuque : [v.4440 Et fiert le premerain en l’oil/ Si parmi outre le cervel/ Que d’autre part le hasterel/ Li sans et la cervele en saut]. Erec répond de cette barbarie par la meme barbarie.

D’autres combats sont alors perceptibles, où la violence est la même mais les conditions diffères. Plus subtile, la violence d'un Galoain ou d'un Comte de Limors s'accompagne d'une ruse indigne d'un chevalier, d'un mépris pour les lois de l'hospitalité – tous deux profitent de la confiance de leur hôte pour tenter de s'emparer de sa Dame – et d'un orgueil démesuré. Et si la "folie" de Galoain peut sembler passagère et susceptible de guérison (et de fait, pris de remords, il finira par renoncer à son entreprise criminelle), celle de Limors semble intrinsèque à sa personne, et ne peut se dénouer que par la mort. Erec est tout de même plus sensible face aux humains, laissant le plus souvent la vie sauve à son adversaire, si l’affront n’est pas trop grand. Et c’est notamment par le combat face au comte Limors qui va permettre à Erec de redevenir le chevalier qu’il fut, comme si la violence, arrivée à son paroxysme jusqu’à le déshumanisé : [« Tous pensent qu’un diable s’est introduit »], permet au courtois de reprendre le pas sur cette violence médiéval.

Mais la plupart des personnages, bons

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