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La trêve, livre de français

Fiche de lecture : La trêve, livre de français. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Janvier 2015  •  Fiche de lecture  •  1 321 Mots (6 Pages)  •  614 Vues

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La trêve, livre de français

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un groupe d’Italiens, rescapés des camps nazis, entame une marche de plusieurs mois : « accompagnés » par l’Armée rouge, ils cherchent à rejoindre leur terre natale. Héros et traîtres, paysans et voleurs, savants et nomades se retrouvent pêle-mêle dans une réjouissante pagaille : autant d’hommes qui redécouvrent, émerveillés, la vie, le monde, la forêt, les filles, sans oublier l’art du trafic pour subsister…

La Trêve est le récit picaresque et authentique de leurs tribulations extravagantes sur les routes d’Europe centrale. À travers la confrontation de deux peuples, Primo Levi révèle les ressources merveilleuses d’hommes qui se montrèrent à la hauteur de leur destin.

"Hurbinek, qui avait trois ans, qui était peut-être né à Auschwitz et n'avait jamais vu un arbre ; Hurbinek, qui avait combattu comme un homme, jusqu'au dernier souffle, pour entrer dans le monde des hommes dont une puissance bestiale l'avait exclu ; Hurbinek, le sans-nom, dont le minuscule avant-bras portait le tatouage d'Auschwitz ; Hurbinek mourut les premiers jours de mars 1945 libre mais non racheté. Il ne reste rien de lui : il témoigne à travers mes paroles." Dans La Trêve, récit écrit en 1969, soit plus de vingt ans après le génocide, Primo Levi raconte son retour en Italie, à sa sortie des camps nazis, accompagné par d'autres déportés dans une Europe meurtrie par la guerre et le nazisme. L'écrivain reste dans la tradition de son premier ouvrage Si c'est un homme, où il décrivait le quotidien à Auschwitz : pas de jugements, seulement des faits, et toujours cette indéniable humanité et émotion qu'il provoque chez le lecteur. Levi dresse les portraits de tous ces personnages rencontrés durant son voyage, Hurbinek, qui "n'était rien, un enfant de la mort, un enfant d'Auschwitz", le colonel Rovi, qui avait "saisi l'importance, mieux la nécessité de posséder un uniforme, du moment qu'il avait à faire avec des gens en uniforme [qui] s'en était fabriqué un, assez théâtral mais non dépourvu de fantaisie, avec une paire de grosses bottes soviétiques, une casquette de cheminot polonais, une veste et des pantalons dénichés Dieu sait où qui avaient un air fasciste, et peut-être l'étaient, [qui] avait fait coudre des écussons au col, des filets dorés sur la casquette, des grecques et des galons sur les manches et s'était couvert la poitrine de médailles" ; il y aussi le Maure de Vérone, "grand vieillard parcheminé à l'ossature de dinosaure, bien cambré sur ses reins, encore doué d'une force de cheval" aux yeux "incroyablement jaunes et veinés de sang [qui] étincelaient au fond d'arcades sourcilières énormes où ils s'enfonçaient comme des chiens féroces au fond de leur tanière".

Primo Levi entre avec La Trêve dans un univers désormais totalement littéraire. Nous ne sommes plus (seulement) face à un travail autobiographique, historique, analysant le phénomène nazi et le système concentrationnaire, mais dans un ouvrage fondé sur des souvenirs (évidemment, et on ne peut que saluer l'effort considérable de mémoire fait durant tout le récit), détaillés, véridiques, et des personnages hauts en couleur, dignes de figurer dans les plus grands romans. Mais ce n'est pas de la fiction. Tout en restant dans la narration de cet épuisant voyage de Pologne à Turin, on perçoit tout de même les questions capitales (et si simples finalement) qui fondent l'oeuvre de Primo Levi (y compris dans Si c'est un homme) : comment le nazisme a-t-il pu être possible ? Quel niveau d'horreur l'homme devra atteindre pour réagir ? A quel degré d'inhumanité l'humanité peut-elle descendre ? Levi évoque D'Agata, qui "n'avait pas le temps de rêver parce qu'il était obsédé par les punaises" et conclut un chapitre par ces mots sonnant si vrais : "Au début, on s'était moqué de lui : il avait peut-être la peau plus fine que nous ? Puis la pitié l'avait emporté, mêlée à une ombre d'envie ; car, de nous tous, D'Agata était le seul dont l'ennemi fût concret, présent, tangible, susceptible d'être

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