"La raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire" Antoine de Rivarol

"La raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire" Antoine De Rivarol, positive.

Premier jour. Entamant votre vie avec bravoure, vous êtes engagé pour un aller sans retour.

Un an. L’ignorance incarnée, vos premiers mots vous balbutiez ; premier pas, vous trébuchez.

Trois ans, un peu plus grand. Sur les bancs de la maternelle vous comptez, les sauts sur une marelle.

Sept ans. Toutes vos dents, sur votre genou gauche un pansement et sous le regard fier de vos parents, vous avez atteint : l’âge de raison.

Votre esprit raisonné, à cet âge avancé j’oserai même dire bridé, comprend désormais ce qu’il encourt si il lui venait l’idée de tirer, au beau milieu du cours de maths, sur les nattes de Manon, assise à votre droite.

Vos actes deviennent réfléchis, concis, anticipés, maitrisés, calculés, sans même y penser vous les enchaînés ; ils s’additionnent, se fractionnent ; vous intégrez les règles sans jamais dériver ; ingérez les principes, digérez ces orthodoxies, mais contre toute sage décision, votre locution, elle, encore frivole, refuse qu’on lui coupe parole.

Quelques années de plus.

Vous grandissez et votre conscience, sans arrêt stimulée, vous pousse parfois à chercher, déranger, bousculer. Vous parvenez à saisir les lignes à ne pas franchir, et pourtant votre seul désir est de les repousser, les tester. Vous essayer de tordre ; implantez un désordre, mais le tout sans véritablement savoir ce que vous chercher à faire émerger. Toute parole prononcée n’est finalement qu’un moyen vous challenger plutôt qu’une tentative de connaître la vérité.

Encore un peu plus vieux.

Vous commencez à comprendre les normes sociales qui vous enjoignent à vous taire ; peut-être même puisque vous êtes ici en train de m’écouter, avez-vous pour habitude dans cet amphithéâtre de les étudier.

Cette prescription du silence a désormais pris tout son sens.

Raisonné, tel l’agneau prêt à se faire dévorer, le loup a sur vous l’ascendant qui vous fait prendre cet air condescendant lorsque vous entendez ces hommes politiques, ces journalistes engagés, ces gilets jaunes manifester ; mais de quel droit ? Cette dénonciation vous laisse sans voix, vous ne comprenez pas et face à leurs revendications le malaise vous prend et en bon français, vous vous mettez à râler.

Vous vous renfrognez.

Recherchant la quiétude dans le tumulte de la réalité, vous et vos amis vous rejoignez, discutez de sujets et d’autres ; sujets légers, peu controversés, mais vous voilà un peu plus rassuré.

Au beau milieu ce cadre sécuritaire, vous appliquez ce que vous savez le mieux faire. Vous répondez que tout va bien à ceux qui vous demandent des nouvelles ; à l’écart des condoléances, vous préférez taire votre divorce plutôt que d’une couleur fade teinter l’ambiance.

Reviennent à votre mémoire les bonnes paroles de Molière, et vous souvenez

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