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La poésie universelle

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Par   •  16 Novembre 2020  •  Dissertation  •  1 426 Mots (6 Pages)  •  2 051 Vues

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DISSERTATION DE FRANÇAIS SUR L’UNIVERSALITÉ DE LA POÉSIE

                Bien que la poésie existe depuis l’Antiquité, le genre poétique s’est vraiment développé avec les avancées de l’alphabétisation de la population. A partir du Moyen Age, ce genre évolue au gré des différents auteurs et mouvements mais son but premier reste toujours de s’adresser à tous et d’être compris de chacun.  On peut noter que l’apparition de recueils d’inspiration autobiographique se démocratise au XIXème siècle, avec les poètes romantiques comme Victor Hugo ou Lamartine. Cette nouvelle conception de la poésie marquera toute une période car un siècle plus tard, Guillaume Apollinaire laisse encore dans ses poèmes transparaître son expérience personnelle.                                                 Dès lors, un recueil d’inspiration autobiographique peut-il conduire à une poésie universelle ? Peut-il être une représentation de l’Homme en général ?        Après avoir étudié dans un premier temps les éléments permettant à cette poésie d’être comprise de tous, nous montrerons qu’il est cependant difficile de faire d’une expérience personnelle un sujet universel.

                Un recueil constitué de poèmes à caractère autobiographique peut sans conteste permettre de conduire à une poésie universelle, comprise de tous.        Tout d’abord, l’auteur, à travers ces poèmes, introduit son expérience personnelle en y évoquant les voyages qu’il a pu faire ou ses découvertes de civilisations et cultures étrangères. Ainsi, avec cette lecture, on peut constater que le poète ne se cantonne pas à évoquer seulement son pays d’origine, mais offre à son lectorat un voyage enrichissant à travers le monde. Chacun, quelle que soit sa nationalité, se sent donc représenté par l’écrivain qui se fait l’ambassadeur de toute une civilisation. Guillaume Apollinaire, dans la section « Rhénanes » de son recueil de poèmes Alcools évoque des souvenirs de son voyage en Rhénanie en 1901. Dans cette partie de l’ouvrage sont décrits paysages, us et légendes de cette région de l’Allemagne. Le poème « La Loreley » raconte par exemple avec émotion le mythe d’une enchanteresse à la beauté maudite. « La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » de Blaise Cendrars est également représentative de l’inspiration autobiographique du poète. Ici, l’homme de lettres replonge dans ses souvenirs d’adolescence et se remémore sa fugue qui l’avait amené jusqu’à Moscou, ville qu’il avait décrite de manière méliorative. Le regard émerveillé d’un enfant est universel ; le lecteur n’a aucun mal à comprendre les émotions ressenties par Blaise Cendrars à ce moment. Il est donc évident que ces voyages et épopées, bien que très personnels, revêtent néanmoins un caractère universel, le lecteur pouvant se reconnaître et voyager dans ces différentes civilisations du monde.                                                                                Par ailleurs, le poète s’adresse souvent au lecteur dans ses écrits, et sollicite ses sens. Cela lui permet de captiver son lectorat qui se sentira impliqué dans le raisonnement de l’auteur, et deviendra un réel spectateur de la scène décrite. Ainsi, nous ne sommes pas mis à l’écart par le poète, qui souhaite nous faire partager son expérience personnelle, et nous intégrer dans sa vie en se dévoilant ainsi. Ce qui n’était au début qu’un sujet autobiographique est désormais une expérience vécue et appropriée par de nombreuses personnes. Charles Baudelaire, dans son poème trivial « La Charogne », sollicite les sens de ses lecteurs, pour les faire vivre au mieux la scène qu’il dépeint. Ainsi écrit-il : « Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, / D’où sortaient de noirs bataillons / De larves, qui coulaient comme un épais liquide / Le long de ces vivants haillons. ». Avec cette strophe pour le moins répugnante, la vue, l’ouïe mais aussi l’odorat du lecteur sont sollicités, ce qui crée immédiatement une proximité avec le poète, qui retranscrit la scène. De même, Baudelaire s’adresse à nous, comme dans son poème en prose « Les fenêtres », où il médite sur ce que lui apporte la poésie. Bien qu’il ne tienne pas compte de l’avis du lecteur, son « Peut-être me direz-vous » traduit une volonté de s’intéresser à son lectorat, en le questionnant et en lui demandant son avis. Cependant, Baudelaire n’est pas le seul auteur à s’adresser à nous. Apollinaire, dans son poème clausule « Vendémiaire » clôturant le recueil Alcools s’adresse au monde entier en lui criant « Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris ». Ces multiples exemples montrent à quel point les poètes s’adressent à leurs lecteurs, de manière à les impliquer dans leur propre histoire, pour que cette expérience personnelle devienne un évènement universel et compris de tous.        En outre, les écrivains, malgré une volonté de modernité littéraire, utilisent fréquemment des topoï littéraires, intemporels et exerçant une portée universelle. Introduire dans une poésie autobiographique un topos littéraire permet au lecteur de se sentir proche du poète, car il comprend les maux de l’auteur, lui-même les ayant déjà ressentis auparavant. La fuite du temps est par exemple un des plus fameux topoï littéraires, et était très utilisé par les Romantiques. Lamartine, dans « Le lac » déplore cette fuite du temps inexorable qui sépare les deux amants. L’homme demeure, impuissant face à cette force qui « coule ». L’eau est en effet très utilisée pour décrire le temps qui passe. Guillaume Apollinaire reprend lui aussi ce topos dans « Le pont Mirabeau » où « L’amour s’en va comme cette eau courante ». Ici encore, il est impuissant, et ne peut que contempler ce spectacle, source de son malheur. Le lecteur est d’emblée touché par la peine du poète, et peut s’identifier à lui. Le thème de la mort et du deuil étant connu de tous, nous pouvons également nous sentir solidaires des auteurs évoquant ce topos. Ainsi, avec le poème « Demain dès l’aube » de Victor Hugo, ce n’est plus seulement l’expérience d’un homme qui est retranscrite à l’écrit, mais celle de tous les parents ayant connu la perte d’un enfant. Enfin, le thème de l’amour permet également aux recueils autobiographiques de conduire à une poésie universelle, l’amour étant un sentiment éprouvé par tous. Chacun peut se reconnaître dans les poèmes d’amours, selon qu’ils soient heureux comme dans « La sieste » de Victor Hugo, issue du recueil L’art d’être grand-père où le poète est béat d’admiration devant sa petite fille Jeanne, ou malheureux, comme « La chanson du Mal-Aimé » d’Apollinaire, où il désespère de trouver un jour l’amour. Avec ces topoï littéraires, les auteurs touchent leur lectorat, faisant naître des réminiscences du passé en eux. Dès lors, un véritable lien se crée entre lecteur et poète, qui, malgré leurs expériences différentes, partagent un vécu commun.

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