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La mort seule est certaine

Commentaire d'arrêt : La mort seule est certaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2013  •  Commentaire d'arrêt  •  391 Mots (2 Pages)  •  573 Vues

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2. « La mort seule est certaine »

Les thèmes traités dans Bel-Ami ne sont pas nouveaux. Le monde de la presse, par exemple, avait déjà été épinglé par Balzac (Illusions perdues, 1837-1843 ; Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847), Flaubert (L'Éducation sentimentale, 1869) ou encore Zola (La Curée, 1872 ; Nana, 1880). Et, dans Le Père Goriot (1835), Vautrin conseillait à Rastignac de réussir par les femmes : « Une jeune femme ne refuse pas sa bourse à celui qui lui prend le cœur. » Mais précisément, Georges Duroy n'est pas Rastignac. Le héros de Balzac, encore empreint de romantisme, conservait jusqu'au bout un reste de pureté, et son fameux défi final lancé à la société parisienne pouvait s'entendre comme l'annonce d'une vengeance sinon morale du moins légitime. Rien de cela chez Duroy, qui se voue corps et âme, et sans arrière-pensée, à une ambition personnelle illimitée. Quoique assez éloigné du Zola de Germinal, paru la même année, et par le style – froid et précis, sans souffle ni pathos –, et par le milieu évoqué (les « hautes sphères »), Maupassant s'inscrit bien ici dans le courant naturaliste : il s'agit de démonter les rouages de la mécanique sociale, de montrer l'envers du décor, sans craindre de se salir les mains.

L'ambition du roman ne se limite pas cependant à cette observation clinique. S'y ajoute une dimension à la fois métaphysique et morale. Car si la marche triomphale de Bel-Ami nous paraît tellement sinistre, c'est que, comme dans un tableau de vanité du XVIIe siècle, la mort ne cesse de rôder, au cœur même du plaisir et de la réussite. Le thème du double, récurrent dans l'œuvre de Maupassant (Le Horla, 1887), illustre entre autres cette obsession : à la disparition de son ami Forestier, Duroy prend littéralement sa place, auprès de sa femme, dans sa maison et jusque dans ses vêtements. Hallucinations morbides, reflets troublants dans les miroirs, visions spectrales..., le personnage ne cesse de repousser les signes annonciateurs de sa propre fin. Là est sans doute le sens profond du roman, tel qu'il est délivré par le vieux poète Norbert de Varenne : « Il arrive un jour, voyez-vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c'est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu'on regarde c'est la mort qu'on aperçoit. »

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