La modernité poétique alcools d’Apollinaire

Lola Gaffric 1E

        Apollinaire est un des premiers poètes du début du XX siècle que l'on peut qualifier de poète moderne. Cette citation de l'auteur : «  on ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père. Mais nos pieds ne se détachent qu'en vain du sol qui contient les morts » nous expose son point de vue. Il nous montre que même si chaque créateur doit être en mesure de se détacher des œuvres déjà existantes, il doit continuer de s'en inspirer sans jamais les reproduire. Nous pouvons donc nous demander si cet équilibre entre la tradition et l'innovation est suffisant pour parler de modernité poétique ? Dans un premier temps, nous verrons que nous devons nous émanciper du passé pour pouvoir innover,  puis que cette émancipation ne peut être absolue.

        Tout d'abord, nous pouvons remarquer qu'Apollinaire fait preuve d'innovations dans son recueil Alcools, sorti en 1913. En effet, la plupart des thèmes abordés par l'auteur n'ont encore jamais été évoqués en poésie puisque ce sont des thèmes en accord avec leur époque. Les nouveautés du quotidien sont mises en avant dans ses poèmes. C'est le cas de la Tour Eiffel et des zones urbaines qui sont mentionnées dans Zone, le tout premier texte de ce recueil. D'autres sujets tels que le voyage et la vitesse font leur apparition, faisant référence à certaines créations comme l'avion, la voiture et l'apparition de courses automobiles.

Des nouveautés dans la forme des poèmes sont également perçues. La disparition des points et de la ponctuation dans la majorité des poèmes est une véritable révolution poétique. Ce retrait donne naissance à des poèmes souvent longs dont le sens est multiple. Le vers libre et les strophes irrégulières remplacent alors les formes fixes des poèmes comme le sonnet ou la ballade. Des poèmes très courts sont aussi écrits comme L'Adieu et La dame, puisqu'ils ne font que 5 ou 6 vers.

La répartition des poèmes dans Alcools est également moderne. Au lieu de placer ses poèmes les uns à la suite des autres dans leur ordre d'écriture, Apollinaire place comme premier poème celui qu'il écrit juste avant la publication de son recueil. L'ordre des poèmes donne donc quelque chose de nouveau, où toutes les époques et les influences sont mélangées puisque nous pouvons y retrouver les poèmes d'inspiration symboliste à côté de ceux annonçant le surréalisme. Même si cette façon de faire peut paraître désorganisée, Apollinaire suit un plan circulaire pour son recueil, où le premier poème Zone répond au dernier poème Vendémiaire.

        Cependant, même s'il essaye de se détacher du passé, une partie de son travail repose sur celui-ci. La poésie est une sorte de « fabrication » mais l'on ne peut pas fabriquer à partir de rien, il faut un savoir-faire et des outils que les prédécesseurs d'Apollinaire ont maîtrisé. Il ne peut donc pas complètement se défaire d'eux et est obligé de travailler avec les mêmes bases. Nous pouvons le remarquer grâce à une versification parfois classique qui utilise par exemple des assonances et des allitérations. Nous retrouvons également beaucoup de musicalité dans ses poèmes comme avec La Chanson du Mal-Aimé. 

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