La liberté est impossible à l'ignorant

La liberté est impossible à l’ignorant

      Lorsque l’on dit d’une personne qu’elle est ignorante, on pense souvent à une personne dépourvue de connaissances dans certains domaines tels que la science, la littérature ou d’autres thèmes plus généraux. L’ignorance correspond au fait de ne pas savoir quelque chose ou de ne pas en connaître l’existence. Il est évident qu’il nous est impossible d’avoir une connaissance sur tous les domaines du savoir et que l’ignorance est le plus bas degré dans l’échelle du savoir humain. Néanmoins, il est impossible de ne rien savoir ou de ne rien connaître dans aucun domaine car l’expérience aide l’homme à se créer ses propres connaissances. La difficulté réside dans le fait justement de savoir si un ignorant est conscient de son ignorance, c’est à dire responsable de ses actes et ses choix car pour agir librement, encore faut-il agir en connaissance de cause et non être le jouet d’éléments qu’on ne comprend pas. Donc l’ignorance serait-elle vraiment un obstacle à la liberté  ou peut-on dire pour autant que la connaissance permet de se libérer ?

      Il paraît nécessaire de penser qu’être libre c’est choisir, un terrain où l’ignorant est à part égale avec l’individu cultivé car doué de libre arbitre l’ignorant peu agir sans connaissances, ou du moins participer à la vie quotidienne en se préoccupant seulement des ses besoins essentiels. D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’il connaît les vents que le marin expérimenté réussira à arriver à bon port. Cependant, ce qui différencie le savant de l’ignorant ce sont les connaissances de causes : en effet, le savant connaît le pourquoi d’une action et ses conséquences tandis que l’ignorant agit sans comprendre car il pense individuellement. L’ignorant ne connaît pas les choses universelles et qui lui sont extérieures et donc il a du mal à différencier ce qui est bon ou mauvais car il est indifférent à tous ça. D’un autre côté, s’il est totalement ignorant, c’est-à-dire qu’il ne sait pas qu’il ignore, il croira savoir ce que sont les choses et son ignorance sera alors radicale. Les choses qu’il fera n’auront donc aucun but, mais si donc être libre c’est agir en connaissance des causes afin de réaliser les fins qu’on se propose, dès lors l’ignorant ne peut être libre.

Toujours est-il que la conscience de la liberté, c’est celle de choisir sans être déterminé par quelques causes que ce soit, interne ou externe. Ce n’est pas une connaissance, ce n’est qu’une simple conscience. Mais en prenant conscience de notre liberté, n’accédons-nous pas à une connaissance qui nous empêche de nous considérer comme ignorant et n’est-ce pas en ce sens que l’ignorant ne peut jamais être libre ?

On a l’habitude de dire que le savoir se construit à travers des expériences vécues que l’on pourra analyser et comprendre afin de s’élever et de construire notre propre opinion pour atteindre une certaine liberté de pensée. Cependant, cette définition peut paraître paradoxale dans la mesure où l’on peut être prisonnier de son propre savoir. De plus, posséder le savoir rend certaines illusions inaccessibles dans lesquelles les ignorants peuvent vivre ; cela nous oblige à affronter une réalité parfois douloureuse, triste ou violente et si celle-ci devient trop dure à vivre, alors elle empiète sur notre liberté. Nous sommes alors prisonniers de notre savoir et de nous-mêmes car : « Heureux sont les simples d’esprit car le royaume de cieux leur appartient » qui nous pousse à penser que la liberté se retrouve dans la simplicité et permet d’atteindre les cieux, symbole même d’un monde libre et sans limite.

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